Erwan Barillot/ Arnaud Frilley
Destins Russes à Paris, Un Siècle au Conservatoire Rachmaninoff (1924-2024)
Éditions des Syrtes, 48 pages de photos, 149 pages
Le Conservatoire Rachmaninoff vient de fêter ses cents ans ! C’est un exploit lorsqu’on lit son histoire mouvementée, racontée dans le livre d’Erwan Barillot accompagné par l’actuel directeur du Conservatoire Arnaud Frilley.
Il se trouve dans un bel hôtel particulier au 26 avenue de New York, 75016 Paris. Il se situe au bord de la Seine, au niveau de la passerelle Debilly, face à la Tour Eiffel. La vue imprenable de l’ensemble du Conservatoire ne manque pas de surprendre les visiteurs et les élèves quelque soit le niveau où ils se trouvent. C’est le 7 mai 1933 que Serge Rachmaninoff, président d’honneur, inaugure ce nouvel espace à l’occasion de son soixantième anniversaire. Quelque mois plus tard Nathan Milstein, Gregor Piatigorsky, Vladimr Horowitz viennent faire un concert privé dans l’établissement ! Le 28 mars 1943 Rachmaninoff décédera et en 1953 le conservatoire prendra le nom de Serge Rachmaninoff pour le dixième anniversaire de la disparition de ce premier président d’honneur.
La France et la Russie ont longtemps gardé des relations amicales et culturelles. L’influence musicale de la France a fait éclore la création du Conservatoire de Saint-Pétersbourg (1862) et en 1866, le Conservatoire de Moscou. Pendant la révolution de 17 de nombreux russes sont venus se réfugier en France et c’est en 1924 qu’est créé le Conservatoire de l’Université populaire russe, à Paris, au 22 de la rue de Rochechouart, par Serge Volkinski, ancien directeur des Théâtres impériaux de Russie et par d’anciens professeurs des conservatoires impériaux émigrés à Paris à la suite de la révolution! Serge Prokofieff figure parmi les professeurs et Olga Ginsburg, la mère de Serge Gainsbourg, parmi les élèves ! Le lieu de ce conservatoire va se déplacer avant qu’il se fixe sur les bords de la Seine.
Le Conservatoire dispense depuis 100 ans un enseignement dans la tradition d’apprentissage de l’école russe, conjuguant l’exigence, le plaisir et le partage dans les domaines de la musique, de la danse et du chant. Le nombre de grand artistes russes qui l’ont fréquenté est incroyable.
Le grand pianiste Nikolaï Lugansky dit dans l’avant-propos du livre que le Conservatoire est devenu pour lui un lieu de vie, que Dans cet écrin unique, on surprend des mélodies de part et d’autre : aussi bien des musiciens professionnels que de jeunes enfants qui débutent. Cela provoque un sentiment d’émulation joyeuses.
Dans ce bâtiment il existe 12 studios adaptés aux différentes pratiques de la musique et de la danse. Pourtant il a failli disparaitre. En 1987, Charles Jourdan, le célèbre bottier, propriétaire de l’immeuble souhaite le vendre, le maire de Paris Jacques Chirac le sauve en se portant acquéreur.
Après une quinzaine d’années difficiles, fin 2020, Arnaud Frilley succède à Pierre Cheremetieff à la présidence de l’association et devient directeur du Conservatoire. Il s’entoure d’une nouvelle équipe franco-russe, composée majoritairement de musiciens diplômés de conservatoires. Le compositeur Stephan Gaubert, ami d’enfance d’Arnaud, est chargé de la direction des études musicales et Yulia Mosman, épouse d’Arnaud, est chargée de la communication et des relations institutionnelles. Cette nouvelle équipe fait renaître le Conservatoire, en cessation de paiement ! Des musiciens de renom – Michel Dalberto, Yuri Bashmet Boris Berezocsky, Henri Demarquette, Karine Deshayes, David Fray, Evgeny Kissin, Mikhaïl Rudy … – deviennent des émissaires de l’institution, viennent faire des masterclasses, des concerts, participent aux opérations de levées de fonds, contribuent à restaurer l’image du Conservatoire Serge Rachmaninoff. Les rendez-vous musicaux reprennent ainsi que les salons littéraires. L’histoire de ce centenaire est impressionnante et il faut lire ces 400 pages avec des documents inexplorés, pour découvrir le vrai roman de cette institution qui chaque fois a réussi au cours de l’histoire mondiale (aujourd’hui la guerre en Ukraine) à relever les défis, résister.
Aujourd’hui avec la cinquantaine de professeurs, et plus de quatre cents élèves des quatre coins du monde, l’âme de cet établissement est toujours vivante, elle rayonne de par le monde et le Conservatoire Rachmaninoff est une des plus belles institutions culturelles de Paris.
