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«  FESTIVAL DE FILMS EUROPÉENS À PARIS » ; 20ÈME ÉDITION FIN

 

Du 21 au 29 avril 2025

Le festival L’Europe autour de l’Europe vient de se terminer avec Farytale d’Alexandre Sokurov, une production belge d’où sa présence dans le festival. Les grands dictateurs (Staline, Mussolini, Napoléon) Churchill et Jésus, attendent au purgatoire pour, ils espèrent, entrer au Paradis. Leurs discours sont hallucinants et le travail en animation sur des images réelles de leur propre physionomie, dans des décors fantastiques font de ce film un authentique chef d’œuvre. On a apprécié de nombreux documentaires plus par leur sujet que par leur réalisation ( First Milk de Papafragkos, Graziano de Van der Aelst), Tardes de Soledad d’Albert Serra a été projeté le 22 au Christine, hélas n’a pas trouvé le public en salle mais il est encore visible dans une ou deux salles, c’est un grand et terrible film. La fiction nous a interpellée et a été très convaincante. Bien sûr ce sont les problèmes actuels qui sont le fond des scénarii ( immigration, frontière, le rapport à l’autre, les rapports homme/femme). L’été de Jahia d’Olivier Meys (sortira en salle, on en parlera plus précisément au moment venu) et L’Intrus de Reza Serkanian (qui n’a pas trouvé de distributeur, dommage) parlent de cette immigration ou émigration du continent subsaharien sous un angle original et valent que l’on si intéresse. Mais l’immigration européenne existe et on en parle très peu sur les écrans.

La portugaise Laura Carreira avec son film On Falling la filme avec justesse et talent (le premier plan où l’on voit un troupeau de gens dans une sorte de tunnel qui va pointer est très angoissant). C’est une sorte de documentaire par la manière dont est filmé le décor (une société style Amazon) et le travail effectué par l’actrice. La fiction montre le quotidien désespérant d’une jeune portugaise qui travaille dans ce lieu esclavagiste en Écosse et qui tente de s’en sortir tant bien que mal, de résister à la solitude, à l’aliénation. L’actrice Joana Santos dans son non-jeu, tout en retrait, éclate sur l’écran par la justesse de son interprétation et bouleverse. Un grand film, violent dans son propos, sur cette immigration européenne, cette paupérisation, Laura Carreira est une excellente réalisatrice dans la veine de Ken Loach (il a coproduit le film, ce qui n’est pas étonnant). Il sortira à la rentrée prochaine. Le problème des frontières est d’une actualité brûlante et Tereza Kotyk avec son film The End of Silence filme une histoire violente, angoissante que les frontaliers refusent de parler, une histoire pendant la guerre entre l’Autriche et la République tchèque. La réalisatrice avec un sens aigu de la réalisation et de la direction d’acteurs parle ainsi de traumatisme, de tabou, qui sont encore très présents chez les frontaliers. Elle s’est inspirée des petits-enfants de ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale connus sous le nom d’enfants du brouillard. Le film lève le voile sur cette tragédie. La comédienne principale Klára Melíšková est impressionnante dans cette mère et son secret. On espère que le film aura un distributeur. Dans la problématique homme/femme, deux films pas si loin l’un de l’autre. L’ un est un drame du couple Loveable de Lilja Ingolsdottir l’autre My Late Summer une tragi-comédie de Nakon Ljeta. Ce dernier est une bluette classique, une jeune femme – Anja Matkovic superbe actrice – vit une romance avec un homme marié. Bien sûr comme tous les amours d’été ce ne sera pas pour l’éternité. On se demande pourquoi Tanović qui a tourné des films inoubliables comme No Man’s Land, Cirkus Columbia, La femme du Ferrailleur, a tourné ce film ? Faire du cinéma plus léger, passer quelques temps dans un endroit très carte postale ? Voilà le vrai film du dimanche soir pour la télé. Loveable est plus complexe, sur une femme au bord de la crise de nerf. D’où lui vient cette violence intérieure qui lui fait tout gâcher ? ses rapports avec ses maris, ses enfants ? Le film est construit sur l’actrice Helga Guren qui est totalement absorbée par son rôle, elle énerve, émeut, elle est stupéfiante. il y a dans ce film un parfum de Gena Rowlands et d’Une femme sous influence de Cassavetes. Le film est bien construit, proprement réalise, il plait, il a reçu de nombreux prix et c’est mérité, il sort au mois de juin. En revoyant ce festival on se rend compte du travail exemplaire que réalise Irena Bilic depuis vingt ans pour chercher des films qui sortent des sentiers battus, qui montre la richesse du cinéma européen mais qui hélas, va à se rétrécir de plus en plus. Comme elle l’exprime, elle est comme une missionnaire, elle pense que cet art peut changer le monde. Laissons-lui cette utopie et remercions-là de nous faire découvrir tant de belles histoires sur des toiles qui de plus en plus disparaissent au profit d’écrans d’ordinateurs, de portables. Que vive longtemps les Fauvettes, le studio des Ursulines, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, les Sept Parnassiens pour nos plaisirs égoïstes. À l’année prochaine chère Irena ! велико хвала Irena Bilic et ses collaborateurs !

Les résultats des prix du festival :

Prix SAUVAGE
Meilleur film de fiction
Loveable / Elskling (Norvège)
de Lilja Ingolfsdottir
Mention spéciale
On Falling (Portugal / Royaume-Uni)
de Laura Carreira

Prix LUNA
meilleur film de fiction
Sun Never Again / Sunce nikad više (Serbie)
de David Jovanović
Mention spéciale
On Falling 
(Portugal / Royaume-Uni)
de Laura Carreira

Prix PRESENT
meilleur film documentaire
Nonkonform (Allemagne)
de Arne Körner
Mention spéciale
Graziano – A Hermit’s Story (Belgique / Allemagne)
de Jozefien Van der Aelst

Prix E-MOTION
meilleur film documentaire
Nonkonform (Allemagne)
de Arne Körner
Mention spéciale
Object of Study / Objeto de Estudio (Espagne)
de Raùl Alaejos

Prix SAUVAGE CORTO
meilleur court-métrage
Barlebas (Pays-Bas / Belgique)
de Malu Janssen
Mention spéciale
Inflatable Bear, Hourly (Allemagne)
de Elisabeth Werchosin
Mention spéciale

 

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