UA-159350346-1

«  LE VERBE OU LA VIE » : UNE LECTURE LUMINEUSE D’UN CHEF-D’ŒUVRE MÉCONNU

Un livre de Guillaume Chabat
Université Lumière Lyon 2 – PUL
Collection  Autofictions, etc.
436 pages
L’ AUTEUR
Guillaume Chabat est docteur en langue et littérature françaises. Auteur de plusieurs articles universitaires sur Serge Doubrovsky, Jean Ricardou ou Philippe Forest, il s’attache à repenser le sens et la place de l’autofiction dans la littérature, en (ré)inscrivant sa pratique au cœur de la modernité littéraire. Il enseigne à l’Université de Corse Pasquale-Paoli.
LE LIVRE


Le Monstre, œuvre majeure de Serge Doubrovsky (1928-2017), paraît pour la première fois en 1977 sous le titre Fils dans une version amputée des deux tiers ; il faut attendre 2014 pour que les éditions Grasset le publient sous sa forme initiale comptant 1 695 pages.

Dans Le Verbe ou la Vie, Guillaume Chabat plaide pour une plus grande reconnaissance de cet immense Monstre, porté par une subjectivité radicale et une langue si neuve, si belle, si fracassante. Convaincu qu’en bonne littérature, chaque partie est en rapport avec le tout, c’est à partir d’une lecture serrée et suivie de ce texte unique qu’il interroge, dans un style enlevé, accessible et non dénué d’humour, la totalité de l’œuvre doubrovskienne. Une œuvre au sens profondément tragique en ce qu’elle montre la Vie prise dans une dialectique interminable avec le Verbe, et donc la mort. Une œuvre à la portée révolutionnaire aussi qui ne redéfinit rien de moins que les conditions de possibilité ou d’impossibilité de l’autobiographie à l’ère postfreudienne. L’autofiction est son nom.
L’AVIS
Publié pour la première fois en version intégrale en 2014, Le Monstre de Serge Doubrovsky, initialement paru sous le titre Fils en 1977, s’impose aujourd’hui comme une œuvre monumentale, à la fois vertigineuse et bouleversante. Dans Le Verbe ou la Vie , Guillaume Chabat redonne toute sa puissance à ce texte hors norme, en offrant une lecture fine et passionnée de ce roman-fleuve de 1 695 pages. Porté par un style vif, accessible et teinté d’humour, Chabat accomplit un véritable travail de fond. Il ne se contente pas de résumer ou d’analyser, il entre en dialogue vivant avec l’œuvre, en déploie la richesse, en souligne la beauté, la douleur, l’audace. Il montre avec clarté comment Le Monstre pousse jusqu’au bout les tensions et défis de l’autofiction – ce terme que Doubrovsky invente lui-même – en redéfinissant les contours de l’autobiographie à l’ère postfreudienne. Loin d’être un simple exercice d’introspection, ce texte devient chez Chabat le théâtre d’un drame universel, celui du Verbe face à la Vie, de l’écriture confrontée à la mémoire, du sujet face à sa propre dislocation et à l’idée de la mort. Ce qui rend Le Verbe ou la Vie si précieux, c’est que ce livre ne se présente jamais comme une lecture universitaire. Chabat y exprime une véritable passion pour la littérature, et rend justice à la modernité de Doubrovsky. Sa démonstration convaincante place Le Monstre au cœur des grands textes du XXème siècle, là où se joue rien de moins que le destin de la littérature elle-même. En somme, Le Verbe ou la Vie est une lecture essentielle pour qui veut comprendre l’enjeu existentiel et poétique de l’autofiction. Un essai à la fois exigeant et enthousiasmant, qui redonne toute sa lumière à une œuvre trop longtemps restée dans l’ombre.

 

Articles similaires

Laisser un commentaire