Un film de Kirill Serebrennikov avec Roman Bilyk (alias Roman Szer), Irina Starshenbaum, Teo Yoo. Sortie le 5 décembre 2018.
L’HISTOIRE
Leningrad. Un été du début des années 80. En amont de la Perestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangent en contrebande, et une scène rock émerge. Mike et sa femme la belle Natacha rencontrent le jeune Viktor Tsoï. Entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en Union Soviétique.
L’AVIS
Le sujet du film est constitué par des éléments peu connus de la biographie de Viktor Tsoï écrite par Natalia Naoumenko, l’épouse de Mike Naumenko du groupe Zoopark. La trame de l’intrigue est la rencontre et la relation du jeune Tsoi , âgé de dix-neuf ans et de Mike qui a vingt-six ans. C’est une sorte de « Jules et Jim » sur fond de rock underground. Il raconte aussi la création de la salle de concert Leningrad Rock Club et l’enregistrement du premier album du Kino intitulé 45. C’est la naissance de la culture rock à Leningrad sous le régime de Brejnev ! C’était le coup de cœur de Cannes 2018, le film qui aurait dû avoir la Palme d’Or ! La mise en scène de Kirill Serebrennikov est brillante, délirante, originale – le réalisateur est toujours en « résidence sous contrôle judiciaire » dans la Russie de Poutine – « Leto » parle d’une génération qui vit dans une bulle qui lui permet d’oublier les contraintes du régime soviétique. Il n’y a que la musique qui lui permet de rêver d’un autre monde. Dans le film il y a des envolés oniriques, sorte de clips stupéfiants avec ces jeunes gens qui ne vivent que par et pour la musique rock. Leur musique sonne comme du Velvet, une musique au son sale. Bowie, Lou Reed, Iggy Pop sont leurs idoles et leurs disques arrivent, malgré la censure, à passer le rideau de fer ! Le film raconte bien plus qu’un film politique ! Et il y a ce tube magnifique « Leto » qui donne le titre du film ?
La bande son de « Leto » est absolument formidable. On découvre l’énergie de cette musique qui nous est, pour la plupart d’entre nous, totalement inconnue. Et puis il y a ces clips, comme sortis de comédies musicales, où ces rockers réinterprètent « Perfect Day », « Psycho Killer » ou « The Passenger » Ce sont des rêves où tout deviendrait possible ! Mais un des membres de la bande, qui a pour surnom Sceptic, rappelle face caméra, à la fin de ces folies musicales que « ceci n’a pas existé » ! Le réalisateur lui les fait exister d’une manière totalement jubilatoire ! C’est la magie du cinéma ! Merci Monsieur Serebrennikov. !
Viktor Tsoi l’idole des jeunes soviétiques, est mort en août 1990 à 28 ans dans un accident de voiture…ceci a existé !
Milan Music a édité la BO du film (Milan 398 125-2) .Les chansons originales de Viktor Tsoï et Zoopark, sont réenregistrées par le Zveri group (dont fait partie l’acteur Roman Zver). La BO comprend des reprises de Kino(groupe de Viktor Tsoï) et des classiques de Talking Head, Lou Reed, d’Iggy Pop par le Zveri Group. Figurent également un morceau du Velvet Underground et de David Bowie. C’est un pur plaisir d’écouter ce cd en boucle !