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«MUSIC BOX RECORDS» : DIX ANS DE MUSIQUE DE FILMS

 

Bon !, Music Box Records a dix ans!

MUSIC BOX RECORDS est un label phonographique indépendant consacré à l’édition ou la réédition de bandes originales de films et de séries inédites en CD. Le label créé en 2011 par Laurent Lafarge et Cyril Durand-Roger propose, sur CD, sur Vinyle, en digital, et en édition limitée, des versions complètes de ces musiques en y intégrant autant que possible des morceaux inédits. Un beau parcours et de bien belles BO. Ils existent très peu de sites de ce style pour les amateurs de musiques de films. On peut citer le site espagnol Quartet Records qui produit aussi des disques en phase avec les nouveaux films qui sortent sur les écrans ; on trouve également  Écoutez le Cinéma chez Universal dont s’occupe Stéphane Lerouge et qui sort des classiques de BO.

Aujourd’hui le CD laisse la place, hélas, à la dématérialisation, souvent en mp3 ou 4 ou quelques fois en vinyle, la nouvelle mode, c’est à dire la mauvaise qualité d’écoute, le dénominateur commun est donc la médiocrité ambiante… C’est un problème insoluble, on ne va pas regretter la K7, le walkman…mais avec Spotify, Deezer on n’en est pas loin…les oreilles d’aujourd’hui seraient-elles sourdes aux beaux sons ?

Il y a dix ans nous avions interviewé un des deux créateurs de ce site, alors on reproduit texto ce qu’il nous avait dit en juin 2014…Entretien avec Cyril Durand-Roger

Début juin vous allez sortir votre cinquantième album, les lecteurs le découvriront en allant sur votre site, on leur laisse la surprise. Vous entamez votre troisième année ?

Le site existe depuis le début 2011. Notre premier disque  était consacré à la BO de « L’Incorrigible »  un film de Broca et une musique de Georges Delerue. Pour nous c’était important dès le départ d’avoir un site internet parce que pour les fanas de musique de film qui cherchent leur Graal, c’est par ce biais-là qu’ils peuvent le trouver. En province les boutiques de disques disparaissent de plus en plus, les Fnac réduisent leurs rayons DVD et CD, donc les musiques de films en pâtissent, c’était primordial pour nous d’avoir un site pour les amateurs de musiques de films.

Et comment marche-t-il ?

On a fait une première année laborieuse, parce qu’on se lançait dans ce milieu avec une expérience assez réduite. Concevoir un album et le vendre c’était tout nouveau pour nous. C’est tellement long et procédurier pour concevoir un album qu’on a compris qu’il fallait travailler sur plusieurs albums simultanément. Donc la première année on a sorti je crois cinq à six CD ce qui n’est pas beaucoup, on a enchaîné avec le double la deuxième année et aujourd’hui on va sortir notre cinquantième album.

Comment vous vient l’idée de sortir un CD de musique de film et quel est le processus pour qu’il existe ?

Avec Laurent Lafarge, mon associé, on se met d’accord sur un projet, souvent c’est une frustration, car au départ on est cinéphile. On se dit tient c’est jamais sorti ou ça n’existe plus ; il faut qu’on se renseigne pour savoir s’il existe du matériel, des bandes ou si cela a été numérisé et puis surtout la partie la plus complexe, celle des droits. On avance et c’est très laborieux parce qu’on peut avoir une bonne nouvelle au sujet du matériel mais avoir des éditeurs qui peuvent très bien ne pas être motivés ou que les droits sont perdus et donc impossibilité d’exploiter la musique, il y a plein d’embûches avant que le CD arrive dans les bacs. Nous sommes assez pointus sur le choix. Si le compositeur est bon il n’y a pas de musique mineure, même si le film n’est pas exceptionnel. Delerue a toujours fait des musiques intéressantes même si ses scores ne sont pas parfaits, enfin moi je n’en connais pas. Il y a toujours des petites perles à découvrir qui contrebalancent le côté réédition de musiques qui sont déjà sorties qu’on commence à connaître par cœur, on est dans ce choix éditorial.

Avec  Laurent Lafarge vous vous connaissiez bien ?

Avec Laurent on a été étudiant ensemble à Toulouse et il y avait une UV commune de cinéma à l’époque. Avec une bande de copains il s’est trouvé que nous étions des fans de musique de film. C’était avant que la cinémathèque de Toulouse soit ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une des plus importantes de France. On est dans les années 90, on avait créé un fanzine de cinéma et de musique de film qui s’appelait déjà Music Box. On faisait des dossiers, des critiques ; Je me souviens d’avoir fait un papier sur la musique de Desplat sur le film d’Audiard « Regarde les Hommes Tomber », musique passionnante peut être plus intéressante que ce qu’il fait aujourd’hui…On avait fait un bon papier sur Patrick Doyle et « Carlito’s Way » de Brian de Palma. C’était une période qui était très riche qualitativement et c’était très existant de trouver des disques à Toulouse à cette époque sans internet. On pouvait trouver des magasins de disques d’occasion, c’était un vrai plaisir de faire les magasins de disques, de chiner. Internet a tout révolutionné, on peut tout avoir pratiquement sur internet si on y met le prix. Pendant dix ans j’ai travaillé à Paris dans une agence de com’ sur des projets Web, j’étais toujours collectionneur de BO. A un moment j’en ai eu assez de cette vie parisienne, j’ai démissionné, je suis descendu dans le sud, au soleil, et innocemment j’ai décidé de monter un label de musique de film, inconsciemment plutôt. J’en ai parlé à Laurent qui lui aussi en avait mare de ce qu’il faisait et du coup on s’est renseigné pour savoir comment on pouvait monter une société sur internet. On voulait commencer par un gros titre, un nom porteur et on a pensé à Georges Delerue qui fait partie de nos compositeurs favoris et qui a une renommée internationale. « L’Incorrigible » était un film qui me fascinait quand j’étais gamin, que je revois avec toujours autant de plaisir, je suis un fan de Belmondo, et cette musique n’était jamais sortie en CD. On a eu beaucoup de chance. On a pu avoir les coordonnées de Colette Delerue, la veuve du compositeur, qui a été enthousiaste sur le projet, malgré notre inexpérience. Les droits étaient à l’ancienne CAM, elle nous a fait confiance tout de suite, on avait une idée très précise du label, une charte très forte, on voulait faire un bel objet. Mettre simplement une musique sur une galette ce n’était pas notre intention. Le graphiste a fait un travail superbe, on voulait aussi des textes à la hauteur, on a demandé à Frédéric Gimello-Mesplomb qui avait fait un livre sur Delerue de faire le texte. Notre premier essai a été un succès parce qu’on a sorti le disque qui a été épuisé au bout d’un an. On avait fait mille exemplaires et c’est ainsi qu’on est entré dans ce milieu.

On dit que le CD est mort et que c’est le téléchargement l’avenir. Quelle est votre vision ?

Je pense qu’il y a du lavage de cerveau, on dit tout le temps que le CD est mort, comme on avait annoncé la mort du vinyle. S’il est mort c’est au niveau des grands pressages, je pense qu’il y aura toujours une niche de gens qui voudront toujours du CD, même si on leur dit qu’il est mort. On pourra toujours l’écouter, moi je suis la génération CD, au niveau confort d’écoute je préfère le CD au vinyle. Avec le téléchargement ce qui est terrible c’est que la partie éditoriale disparaît, on balance de la musique et je trouve que c’est excessivement cher comparé à un CD avec un livret, un bel objet dans les mains comme était avant le vinyle. Pour de la pop c’est peut-être moins important ; pour une musique de film c’est comme pour les bibliophiles, c’est un bel exemplaire. Ce qui m’agace le plus c’est de mettre toujours en opposition deux mondes. Parce qu’il y a du digital il faut que le CD meurt, je trouve cela débile ; Je ne sais pas comment cela va se passer en musique de film pour que les éditeurs et les producteurs puissent gagner leur vie avec cette histoire de téléchargement. Les pourcentages sont tellement faibles, je ne sais pas comment on pourra continuer à éditer de la musique de film. Je ne parle pas du téléchargement illégal qui est un vrai fléau. Pour l’instant au niveau éditorial on ne s’est pas trop trompé ; la plupart de nos CD sont encore au catalogue, on a dû faire des retirages que sur deux titres qui ont cartonné ; un de John Williams qui s’appelle « Fitzwilly » de Delbert Mann un film de 1967, et un sur des courts métrages de De Roubaix.  Le marché du film reste très restreint quoiqu’il en soit.

Vous avez un peu la même culture que Quartet Records ?

Oui c’est un site espagnol qui sort des CD passionnants et qui produit aussi des musiques de films contemporains. Il nous a soutenu dans notre démarche, on a un peu la même vision des choses. Il aime la musique de film dans toute sa diversité, en cela on est très proche.

Y’a-t-il des musiques originales de films récents que vous allez produire ?

Chaque CD qu’on a sorti est une volonté de combler un vide, c’est des frustrations qu’on veut supprimer. Récemment on a réussi à sortir assez rapidement les musiques de Michel Korb pour les films de Christian Philibert. On a été synchrone avec la sortie des films. On a fait aussi « La Nouvelle Guerre des Boutons » musique de Philippe Rombi mais décalé par rapport à la sortie. Ce n’est pas facile de sortir en synchrone, c’est souvent à l’arrache. Il y a constamment un blocage avec les éditeurs et les compositeurs. Ils aiment que leurs musiques soient présentes dans tous les bacs…alors que l’on se rend compte qu’on est plus comme dans les années 80 et que les gens qui achètent la BO sont des amateurs de musique de film et vont sur internet. A Paris par exemple il y a Gibert boulevard Saint Michel et la Fnac des Champs qui ont encore un rayon bien fourni de BO. Les habitudes des fans ont changé, il n’y a plus de choix chez les disquaires. Pour vendre 500 ou 1000 exemplaires on n’a plus besoin d’être partout. Les acheteurs de musique de film il y a quelques années représentaient à peine deux pour cent et encore c’était  l’année des « Choristes ». Les éditeurs pensent que si le disque est partout, il va se vendre énormément.

Et dans vos projets vous avez des BO récentes ?

On aimerait bien faire quelques titres plus récents, d’ailleurs on va bientôt produire un CD de la musique de  « United Passions » réalisé par Frédéric Auburtin sur la création de la Fifa avec Depardieu et Tim Roth. Il est présenté à Cannes en section parallèle. La musique est de Jean-Pascal Beintus qui est un des orchestrateurs de Desplat. C’est sa première musique en tant que compositeur de musique de fiction, il avait fait un documentaire de Di Caprio « The 11th Hour ». Il avait travaillé sur « La Guerre des Boutons » de Rombi. C’est une superbe musique orchestrale ; Il a beaucoup de talent ; Le film sortira pour la rentrée.

Alors bon courage et on attend vos nouveaux CD ainsi que le cinquantième avec impatience sur votre site :

http://www.musicbox-records.com/fr/

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