Angoisse, volume 4, Philippe Gontier, Laurent Mantese, Éditions Artus, 286 pages, nombreuses illustrations, juillet 2025
Après Gore, dissection d’une collection en 2014, et La Brigandine, les dessous d’une collection en 2017, Artus Films continue d’explorer les collections de la littérature populaire. Le principe est le même : raconter l’histoire de la collection, présenter le ou les directeurs de collection, résumer et analyser chaque volume publié, dresser le portrait des auteurs et illustrateurs, puis offrir des annexes savoureuses, telles que lettres manuscrites, photographies, esquisses de couvertures etc… Cette fois, l’ Édition Artus s’est penchée sur la mythique collection du Fleuve Noir : Angoisse. Voici donc le volume 4 – Jean-Claude Carrière, avait fait l’honneur de préfacer ce projet. Retour aux origines ….En 1954, les éditions Fleuve Noir lançaient Angoisse une collection privilégiant, l’action, l’atmosphère, le suspense et le mystère , avec l’ambition de procurer au lecteur quatre heures d’émotion comme seul le cinéma avait réussi à en créer . Durant ses vingt ans d’existence, elle publia 261 romans relevant du fantastique, de la science-fiction ou du thriller, parfois mêlés. À l’exception de quatre titres traduits de l’américain et de l’allemand, la collection Angoisse ne publia que des auteurs de langue française, constituant ainsi une véritable école de fantastique francophone. Une trentaine d’écrivains d’horizons très divers participèrent à cette aventure éditoriale unique. Certains, venus de la littérature générale, tels José-André Lacour ou René Bonnefoy, s’y illustrèrent sous le masque de pseudonymes. Jean-Claude Carrière, jeune normalien, y ressuscita la créature de Frankenstein avant d’embrasser la carrière cinématographique que l’on connaît, et Christiane Rochefort y donna deux titres avant d’accéder à la célébrité. De vieux routiers de la littérature populaire comme Maurice Limat ou Paul Berato y poursuivirent une prolifique carrière. Mais la collection révéla aussi de nouveaux talents qui y imprimèrent leur marque, comme André Ruellan, alias Kurt Steiner, ou l’inclassable Marc Agapit. Plus tard, elle accueillit Peter Randa, André Caroff, Georges J. Arnaud, Jean-Pierre Andrevon ou Pierre Pelot. Visuellement, les volumes de la collection, frappés du fameux logo à la tête de mort, se distinguaient par les couvertures accrocheuses et intrigantes de Michel Gourdon, qui marquèrent les esprits. Pour toutes ces raisons, Angoisse a acquis une dimension mythique auprès des amateurs de littérature fantastique et d’épouvante.
Après deux volumes consacrés à l’historique de la collection ainsi qu’au résumé et à l’analyse des 261 titres qui la composent, et un troisième tome, abondamment illustré de documents parfois inédits, se penchant sur les auteurs qui participèrent à cet incroyable laboratoire littéraire de la terreur, voici le quatrième et dernier volume de la collection, s’intéressant aux coulisses de ces éditions : manuscrits, secrets d’auteurs, promotion des livres, adaptations au cinéma et en bande dessinée etc…Philippe Gontier et Laurent Mantese ont consacré 5 ans de leur vie à ce projet, 5 ans pendant lesquels ils ont tout fait pour partager leur passion pour la littérature populaire en général, et pour la collection Angoisse en particulier.
Philippe Gontier est né le 21 juin 1957 à Paris. Parallèlement à une carrière au ministère de la justice, sa passion pour la littérature, la bande dessinée, le cinéma et l’illustration l’a conduit très tôt à devenir fanéditeur, puis à s’essayer à l’écriture. On lui doit des nouvelles fantastiques, dont certaines ont été réunies dans le recueil Le Doloromètre universel et autres contes blêmes et maladifs, plusieurs anthologies, et de nombreux articles, notices préfaces et postfaces consacrés à ses auteurs favoris, disséminés dans de nombreux ouvrages ou revues. Depuis 2017, il co-dirige avec Jean-Pierre Favard les éditions La Clef d’Argent, spécialisées dans les littératures de l’imaginaire.
Né le 5 avril 1976 à Villeneuve-sur-Lot, Laurent Mantese est titulaire d’une maîtrise de Philosophie et enseigne cette discipline à Toulouse. C’est aussi un romancier et un nouvelliste reconnu dans le domaine du fantastique. À ce jour, il a publié trois recueils de nouvelles (Contes des nuits de sang, Le Comptoir des épouvantes, Les nouveaux contes du whisky), quatre romans (L’Or des princes, Pont-Saint-Esprit : les cercles de l’enfer, Le Rapport Oberlander, La Mort de Paul Asseman) et un recueil de poésie (Le peu qu’il nous reste). Bien qu’influencée par Guy de Maupassant, Octave Mirbeau, Ambrose Bierce ou Jean Ray, son œuvre, qui puise aussi bien dans le cinéma d’épouvante que dans la tradition du roman fantastique du XIXe siècle, est résolument ancrée dans la modernité. Voilà une édition passionnante qui donne cette furieuse envie de se replonger dans ces délicieux frissons et effrois que procure la lecture de cette littérature étonnante. Une collection pour lecteurs intransigeants, une collection qui entre dans la conception bien borderline de vieillecarne.com ! Un grand merci à Artus Films d’oser ressusciter ces livres !
PS : Artus films vient de rééditer deux films avec Babara Steel ! : Un Ange Pour Satan de Camillo Mastrocinque et La Sorcière Sanglante d’ Antonio Margheriti restaurés en 2K, deux films qui partagent bien la collection Angoisse