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« FONDATION JERÔME SEYDOUX-PATHÉ» : CONRAD VEIDT, UN ACTEUR HANTÉ

73 avenue des Gobelins 75013 Paris

Jusqu’au 25 février 2025

Avec Le Cabinet du Dr Caligari (1920), le rôle de Cesare, l’hypnotisé meurtrier, Conrad Veidt est devenu l’emblème de l’imaginaire cauchemardesque qui déferle sur le cinéma allemand.

Avec ce rôle et quelques autres tous aussi novateurs Veidt devenait à 27 ans, l’une des stars du cinéma européen si pauvre en visages, en corps expressifs, en jeunesse. En quatre ans (1918-1921), il est distribué dans dix-sept de ses films. Avec F.W. Murnau, il en interprète cinq, dont un seul hélas est conservé (L’Entrée dans la nuit, (1921). À la différence de ses amis Emil Jannings ou Werner Krauss, Veidt maintient une frontière stricte entre son image à l’écran et sa vie privée. Ses amis se souviennent d’un camarade sociable, à l’humour typiquement berlinois, dont la distraction préférée était le golf. Pourtant, ce fils de fonctionnaire impérial, incarnation du chic de l’entre-deux-guerres, est aussi un homme honnête et un antiraciste, un antinazi résolu. Quand il annonce que son prochain rôle sera celui du Juif Süss dans le roman historique de Lion Feuchtwanger (1925), rôle qu’il convoite depuis 1928, la presse aux ordres du Troisième Reich se déchaîne. Josef Goebbels se vengera du Jew Süss britannique (1934), voulu par Veidt et réalisé par Lothar Mendes, en produisant quelques années après sa propre version du Juif Süss (1940), un des pires films antisémites. Conrad Veidt ne retournera plus en Allemagne. Naturalisé citoyen britannique, il met ses moyens financiers au service de la lutte contre l’hitlérisme. Les rôles que lui offrent Londres et Hollywood sont pour la plupart, selon les exigences de l’actualité, ceux de nazis, culminant avec son major Strasser dans le légendaire Casablanca de Michael Curtiz (1942). Encore un film après celui-ci et, à cinquante ans, il est frappé par une crise cardiaque pendant une partie de golf. Pendant un mois la Fondation permet de voir et revoir cet acteur jeune premier à la beauté magnétique et ambiguë, à l’image des incertitudes et des aveuglements de la société allemande à l’âge de sa première république, avec l’inflation, la libération sexuelle, la violence politique…

Le proramme des projections :

 

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