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« L’EFFACEMENT » : LA DESCENTE AUX ENFERS

Un film de Karum Moussaoui avec Sammy Lechea, Zar Amir Ebrahimi, Hamid Amirouch, Idir Chender

sortie le 7 mai 2025

L’HISTOIRE

Réda vit chez ses parents dans un quartier bourgeois d’Alger. Il occupe un poste dans la plus grande entreprise d’hydrocarbures du pays dirigée par son père, un homme froid et autoritaire. Sous tous ces vernis apparents, Réda dissimule un mal-être profond. Un jour, le père meurt et un événement inattendu se produit : le reflet de Réda disparaît du miroir…

L’AVIS

L’Effacement est inspiré du roman du même nom de Samir Toumi (2016), mais Karim Moussaoui a pris des libertés significatives dans l’adaptation, notamment en ajoutant des scènes militaires absentes du livre et en changeant certains lieux (Oran devient le Sud algérien dans le film). Le cinéaste se rappelle : Je l’ai lu fin 2017. Il m’a été recommandé par une amie. J’ai tout de suite été touché par une question qui me taraude, celle du rapport intergénérationnel en Algérie, que j’avais commencé à aborder dans En attendant les hirondelles. J’y avais également traité de sujets tels que l’errance, les trajets multiples et les croisements. Avec L’Effacement, j’ai voulu me pencher sur une histoire plus concrète, un récit plus classique où l’on suivrait un même personnage du début jusqu’à la fin. Et je savais qu’une telle narration produirait de nouveaux enjeux de mise en scène. Pour l’épisode militaire, Moussaoui reconnaît une influence de Kubrick (notamment Full Metal Jacket). Il y a d’abord dans ce drame, cette descente en enfer, un trio d’acteurs qui est excellent. Il y a un inconnu, Sammy Lechea, qu’on découvre dans le rôle de Reda, Il exprime par son non jeu, ses regards, plutôt que par la parole, toutes les émotions du personnage, il est troublant. Malika c’est l’iranienne Zar Amir, magnifique dans ce rôle d’une grande intensité. Elle est forte, face à l’errance psychologique de Reda. Elle est insaisissable pour lui. Hamir Amirouche joue le rôle du père, le bourgeois de la génération FLN. Il est le pouvoir incarné, devant qui tout le monde se couche, Reda et sa mère en sont les premières victimes. Difficile d’être un homme face à cette image de la masculinité. Cette histoire est très sombre, comment un fils à papa peut-il se définir, s’affirmer face à cette stature du père produit du régime omniprésent, anti-démocratique algérien. L’Effacement est l’itinéraire, d’un enfant gâté et perdu, d’une génération qui a du mal à se faire une place, qui n’a pas de visage au propre comme au figuré. Reda peut-il exister dans ce système féodal ériger après l’indépendance ? Son frère lui a fui.  Faut-il faire table rase du passé pour reconstruire ? Telle est la question. L’Effacement est une belle métaphore !

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