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Une pièce de Patrick Süskind, mis en scène de Gil Galliot avec Jean-Jacques Vanier
Bon nous avouons n’avoir pas vu la prestation, paraît-il exceptionnelle, de Jacques Villeret et celle de Clovis Cornillac. La pièce écrite par Süskind est un soliloque d’un homme, un contrebassiste dans un orchestre subventionné style l’ONF ou le Philhar qui vit seul, qui boit beaucoup de bière (le réfrigérateur en déborde) et qui n’aime pas son métier, sa position transparente dans un orchestre. La musique qu’il interprète, souvent il ne l’aime pas. Comme musicien, Mozart est très surestimé dit-il, Wagner le laisse plutôt froid, Mendelssohn ou Schubert par contre il les apprécie. Il n’a aucune pitié pour les chefs d’orchestre. Karajan, Bohn, Furtwängler sont des nazillons mais par-dessus tout il est amoureux d’une Sarah, juive et soprano. En relisant la pièce (le texte est d’une grande banalité) on s’aperçoit que certaines répliques ont été modifiées, c’est une pièce qui peut être réinterprétée, réincarnée, envisagée différemment. C’est ce qui en fait son charme mais aussi sa difficulté. Jean-Jacques Vanier a une carrière intéressante. Après des spectacles seul en scène (plusieurs fois nommé au Molière), il a été chroniqueur sur France Inter, acteur au cinéma. Alors comment aborder un tel personnage. Gil Galliot le fait jouer d’une seule traite. Dès le départ et pendant une heure et demie (c’est un peu long) il n’y aura aucun changement dans le jeu; c’est à notre avis un problème d’aborder ainsi ce personnage. Il en veut à la terre entière d’être un banal contrebassiste, ok dès les premières minutes on le comprend. Mais on aurait aimé malgré tout le talent de cet acteur plus de variations dans le jeu. On est dès l’introduction dans le tragique et non dans la tragi-comédie et la contrebasse de Gil Galliot / Jean-Jacques Vanier joue toujours le même accord. C’est un parti pris honorable, mais rester toujours sur la même corde, lasse un peu. On aurait aimé, comme dans une sonate pour contrebasse, passer d’un scherzo à un adagio pour terminer par un allegro. Cette partition de Gil Galliot manque, malgré tout talent énorme de Vannier, de variations harmoniques. Mais chacun à l’écoute de ce thème et variations peut y voir et entendre une autre musique. C’est ce qui se passe dans les diverses interprétations d’œuvres classiques. Donc allez écouter Vannier dans son solo magistral, cela sera peut-être votre version référence ! Beinh alors tu lui mets combien d’étoiles ou de clés de sol, ou de f, de T ?