116 avenue du Président Kennedy 175016 Paris
Dimanche 27 mars 2022 de 11h30 à 18h30
Non le soleil n’a pas eu raison des quatre concerts qui ont eu lieu dans la maison ronde. Chacun a fait le plein et le dernier plus que les autres. La plupart des joueurs(ses) de viole de gambe qui ont interprété des compositeurs du XVI, XVIIème siècles ont été formés(es) par Christophe Coin. C’était normal que celui-ci débuta cette série de concerts, accompagné par Pierre Hantaï , au clavecin, Le Sieur Demachy, Antoine Forqueray, François Couperin, Marin Marais ont été magifiquement mis à l’honneur sous les doigts de cet interprète hors pair. On se demandait comment il arrivait à faire sonner sa viole de gambe à 7 cordes ! C’était magique à voir. Oui il y avait une ambiance très janséniste sur le plateau, ces deux musiciens ont un gros problème de communication avec le public, mais peut-être ces œuvres demandent une concentration telle qu’il est difficile de faire sentir le plaisir qu’ils ont de les jouer.
Le deuxième concert était totalement différent en terme d’ambiance et d’œuvres interprétées. C’était celui, avouons-le celui que nous avons le plus apprécié. La jeune Lucie Boulanger à la viole de gambe, le jeune Justin Taylor au clavecin, ont joué une Sonate de Bach (BWV 1028) avec le sourire aux lèvres. Leur entente faisait plaisir à voir. Ensuite Lucie nous a fait découvrir un compositeur – Karl Friedrich Abel – un pur bonheur.
La découverte a continué avec une composition contemporaine d’une douceur incommensurable (incandescente dit la compositrice dans son entretien). Claire-Mélanie Sinnhuber a reçu une commande de Radio France. La Dame d’onze heures pour viole de gambe dure dix minutes, Claire-Marie a travaillé en étroite relation avec Lucie Boulanger pour comprendre comment fonctionnait une viole de gambe. Le résultat est d’une simplicité bouleversante.
On a retrouvé cette même magie avec ce qu’a composé Gérard Pesson en écrivant des sortes de ponts entre les pièces de Couperin – 3ème Concert royal en la majeur – François Lazarevitch à la flûte avait rejoint Lucie et Justin. Les 7 pièces étaient comme une sorte d’un seul morceau avec ces Six contre-jours comme les a nommés Gérard Pesson. Oui la viole de gambe peut inspirer les compositeurs contemporains (Jordi Saval en est un exemple mais plus classique).
Le troisième concert était plus âpre à écouter et de nombreux spectateurs (même la presse ahahah) s’endormaient tranquillement au son des musiques anglaises (Gibbons, Tallis, Purcell, Dowland, Byrd, Holborne..) jouées par l’ensemble Achéron créé en 2009 par François-Joubert-Caillet – avec un tel nom difficile d’apporter un peu de fantaisie.
C’est La Chapelle Harmonique qui a terminé cette journée très originale en faisant référence au film d’Alain Corneau, Tous les Matins du Monde qui a enthousiasmé une certaine jeunesse à l’époque qui s’est mise à la viole de gambe. Parti d’un texte dit par Hervé Pierre sur la relation conflictuelle entre Sainte-Colombe et Marin Marais on a pu entendre et apprécier des compositions de Sainte-Colombe et Marin Marais qu’on avait entendues dans le film ainsi que des extraits de la musique de Lully pour le Bourgeois Gentilhomme. L’auditorium était bondé, les parents avaient emmené leurs enfants, les violes de gambe, violon, voix, ont fait un triomphe à ce spectacle.
Seuls les critiques, ne supportaient pas cette purge comme ils disaient et allaient se laver les oreilles en rentrant chez eux en écoutant Mahler et Wagner. Alors que sont-ils venus faire dans cette galère ? Des journées comme celle-ci sont formidables, on en redemande, merci encore Monsieur Charvet !