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«MONTPELLIER» : LES ARTISTES DE LA RUE EUGÈNE LISBONNE

La cité de Montpellier a cela de particulier est que l’on s’y perd facilement et cela est bien. C’est un moyen de la connaître et de faire des rencontres étonnantes. C’est ainsi que nous avons découvert outre les musées officiels, les deux MO.CO, la Galerie d’Art Saint Guilhem, le Carré Saint-Anne hélas fermé depuis trop longtemps et d’autres petites galeries d’art contemporains. Nous avons souvent parlé des artistes exposés dans ces lieux sur le site. En prenant une autre rue que celle que je connaissais, je pris la rue Eugène Lisbonne. Là mon regard a été attiré par deux hommes assis sur les marches d’un espace assez curieux. Ils buvaient tranquillement une bière. Des peintures en noir et blanc étaient accrochées sur les murs d’une pièce assez étroite.  Les toiles étaient d’une violence inouïe, il s’en dégageait, une atmosphère en totale contradiction avec les deux hommes assis sur les marches. Ces peintures me rappelaient par certains aspects celles de Vladimir Velicovich dont j’avais eu la chance de rencontrer dans son atelier parisien.

Ici aussi le peintre, l’un des deux hommes, Benjamin Carbonne, faisait l’éloge du corps avec une violence assez étonnante. Carbonne abandonna sa bière et avec beaucoup de gentillesse, m’accompagna au travers de ses tableaux, en parla avec une sincérité passionnante. Oui il y avait du Velicovich, d’ailleurs on lui avait demandé de faire un hommage à cet artiste (il me fit voir un catalogue d’œuvres de Velicovich), mais on y retrouvait aussi du Ernest Pignon Ernest et d’autres influences. Sa peinture était totalement originale, sans compromis, brute, avec ce geste artistique de l’instant, du mouvement, qui me fascina dès mon premier regard.

Dans la pièce d’à côté c’était l’espace de l’autre homme au verre de bière, Antonio Rodriguez Yuste. Sa pièce était couverte par ses peintures, et le sol était envahi par une centaine de petits personnages, en chiffon, qui tenaient debout avec l’aide de la poupée voisine !

Le tissu était originaire des hôpitaux, des draps récupérés, inutilisables.

Le stock était dans une autre pièce, un espace occupé par une autre artiste, absente ce jour-là, Isa Rabarot.

©DR/Midi Libre

C’est à partir de textiles qu’elle construit son univers.

En voyant ces trois espaces, ces trois artistes, il y avait quelque chose en commun : l’empreinte, la mémoire ! La trace des corps de Carbonne, les draps usés par les corps malades chez Yuste, chez Rabarot. C’est toute une mémoire, peut-être douloureuse, qui s’inscrit sur ces toiles, sur ces murs, avec ces personnages qui ne peuvent exister qu’en s’entraidant.

On peut alors comprendre pourquoi ces trois artistes se sont trouvés et que leur création leur donne cette tranquillité, ce plaisir de la gorgée de bière sur les marches de cet espace vivant.

Allez donc faire un tour au 11 rue Eugène Lisbonne, vous serez bien accueilli, sinon vous pouvez en savoir plus, sur leur prochaine exposition en allant sur leur site respectif, Facebook etc etc..

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