Place Giscard d’Estaing
Jusqu’au au 06 juillet 2025
Les rues sont des étuves, celles que propose le Musée sont bien plus fraiches et surtout placardées par de belles affiches. L’exposition montre 230 œuvres et interroge l’essor spectaculaire de l’affiche illustrée à Paris, dans la seconde moitié du XIXe siècle.
C’est une première. Peintures, dessins, estampes et photographies rendent compte de la prolifération des images, qui investissent le moindre espace vacant : les murs et les palissades, mais aussi les kiosques, les colonnes Morris, les urinoirs, le métropolitain et jusqu’aux êtres humains eux-mêmes, transformés en hommes-sandwichs. Ces supports constituent les cimaises d’un nouvel univers visuel, qui cherche à capter le regard des passants.
Transformée par les grands travaux haussmanniens, assainie et équipée, la rue moderne est aussi l’un des espaces fondamentaux de l’expression politique et des revendications sociales.
Dans le sillage de Jules Chéret, surnommé le roi de l’affiche dans la presse, Henri de Toulouse-Lautrec, Eugène Grasset, Alphonse Mucha, Théophile Alexandre Steinlen, les Nabis – Pierre Bonnard, Henri-Gabriel Ibels, Edouard Vuillard, ou encore Félix Vallotton – sont salués comme les maîtres du genre. …
L’affiche est le lieu d’affirmation de pratiques nouvellement libéralisées : fréquentation des cabarets, apparition du sport, féminité exacerbée. Offerte à tous par son exposition en pleine rue, elle peut porter une ambition sociale et devenir le médium privilégié de l’art pour tous .
Les milieux anarchistes et libertaires jouent un rôle moteur dans l’apparition des premières images politiques sur les murs, dans l’espace public. Dans un premier temps, celles-ci se concentrent dans la publicité liée à la presse militante.
Au début du XXe siècle, des artistes comme Jules Grandjouan inventent un langage mural, conçu pour frapper l’opinion publique dans l’espace urbain. Rompant avec la vision intime du dessin de presse, cette nouvelle rhétorique devait marquer durablement l’affichage politique.
À la fin du XIXe siècle, le mythe en construction d’une belle époque tend à escamoter la rue des émeutiers et des indigents pour lui substituer une idyllique rue de plaisir, de divertissements et de consommation accessible. Il reste un week-end au frais pour apprécier cette magnifique exposition