Un roman de Martine Moriconi, Éditions Marie Romaine, 152 pages
Bon Paulette est un petit livre sans fracas. Une couverture sage, un titre prénom, une histoire qu’on devine avant même d’ouvrir la première page : une mère, une maladie, une fille qui accompagne. On croit avoir tout lu. Et pourtant…Martine Moriconi n’est pas là pour pleurnicher. Elle écrit droit, propre, avec un style qu’on appelle souvent pudique parce qu’il ne déborde pas. Elle raconte Paulette, sa mère, une femme coquette, libre, qui glisse doucement dans les méandres inexplicables de l’oubli. C’est sobre, souvent juste. On sent la tendresse, l’agacement, la fatigue. On reconnaît cette terrible expérience que vivent de nombreuses familles. Mais à force de retenue, le texte finit par manquer de chair. C’est beau de ne pas vouloir en faire trop, mais parfois, on aimerait que Martine lâche un peu les chevaux. Que ça déborde, que ça dérange. Là, tout est maîtrisé, presque trop. On lit, on comprend, on compatit, mais on ne tremble pas. Et puis il y a les EHPAD. Ah, les EHPAD, celle de Les Mimosas !… Martine sait en parler ! Les manques de moyens, le personnel débordé, la solitude institutionnalisée. Pas trop de charge, de colère, Paulette est une chronique douce-amère, mais sans le poing sur la table. On voudrait un peu plus de fureur. C’est sa mère bordel ! C’est un livre digne, un peu trop. Il manque ce grain de sable, ce nerf, ce cri qu’on aurait voulu entendre sortir de ces pages trop bien tenues. « Le soir même, vers 21h, la dépouille de ma mère quitte définitivement Les Mimosas ». Paulette, ce n’est qu’un murmure? Tu aurais préféré un bon vieux coup de gueule ? Beinh oui !