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« THÉÂTRE DU PETIT MONTPARNASSE : Madame Zola Vue par Annick Le Goff

Théâtre du Petit Montparnasse : Madame Zola

Écrit par Annick Le Goff

Mise en scène Anouche Setbon

avec Catherine Arditi et Pierre Forest

depuis le 26 septembre 2019

Madame Zola, la veuve d’Emile revient toute chamboulée du Panthéon où son célèbre écrivain de mari repose désormais. Rentrée chez elle, Madame Zola n’a pas peur de parler seule. Commence alors une longue conversation imaginaire avec le défunt, la vie remonte le temps, seulement ponctuée par les visites de l’apothicaire-pharmacien qui vient lui livrer des pilules contre son asthme.

Il est temps de régler ses comptes avec cet Emile, son“ grand homme“, un des plus grands écrivains du siècle. Et ses relations avec Cézanne aussi, cet être insupportable, dont elle n’aimait pas la peinture et pour lequel elle a posé, (elle s’est enfin débarrassée de ses dernières œuvres qui encombraient l’appartement).

Sa vie à la fois mouvementée et retirée lui rappelle que son Emile ne fut pas toujours fidèle, qu’il ne dédaignait pas les maîtresses, surtout cette Jeanne Rozerot avec laquelle il a eu deux enfants.

Femme généreuse, Alexandrine Zola les a même reconnus pour qu’ils aient une vie décente.

La belle idée de la pièce, c’est ce dialogue régulier avec l’apothicaire qui devient de plus en plus fréquent et où Alexandrine se livre de plus en plus intimement si bien que l’apothicaire se transforme doucement en confident jusqu’à écouter les petits et les grands secrets d’Alexandrine, assis derrière le divan où elle s’est réfugiée. Cette prémonition de la psychanalyse ne manque pas de sel, même si Alexandrine met fin à ses conversations sous prétexte qu’elles pourraient dépasser le cadre intime de l’appartement et se retrouver colportées dans des cercles plus ou moins bienveillants.

Grâce à la légèreté et l’habileté du texte d’Annick Le Goff, tous les grands moments de la vie du couple sont évoqués avec émotion et humour, de l’affaire Dreyfus à l’exil et à la réhabilitation.

Catherine Arditi est une grande comédienne, nous le savons, une fois de plus elle se montre juste, drôle et émouvante, quant à Pierre Forest, l’apothicaire psychanalyste, sa bonhommie et son bon sens répondent parfaitement au jeu de sa partenaire et font de cette pièce un moment attachant dont la profondeur se cache derrière la brillance du dialogue.

La représentation, ni trop longue ni trop courte, sans être didactique, respire la vie, le quotidien et l’authentique, c’est un plaisir d’entendre, de voir jouer ce texte et d’apprendre tout de la vie de cette femme piquante et de son génie de mari.

 

 

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