L’été c’est la saison des festivals de Jazz, ce qui n’empêche pas d’écouter encore des cd (oui ils existent encore !) qui viennent d’être édités et faire des découvertes ?
©DR
Les vinyles sont très à la mode et les rééditions en galette des jazzmen sont impressionnantes. On passera sur cette mode, on en a déjà parlé.
En cd (certains sont doublés en vinyle) on peut avoir des belles surprises, en voilà quelques-unes:
Tal Arditi est un jeune guitariste israélien de 23 ans bourré de talent et le confirme avec son second album COLORS chez bertold-records. Il est accompagné par Lukas Traxel à la basse et Tobias Backhaus à la batterie. Avec dix titres il se hisse au niveau des McLaughlin ou de Pat Metheny. Un must.
Charles Lloyd, le fabuleux saxophoniste et flûtiste de 83 ans, est toujours aussi vivant et a toujours autant de projets plein le saxe. Ce troisième album avec The Marvels (Bill Frisell guitar, Greg Leisz, steel guitar, Reuben Rogers, basse, et Eric Harland, batterie) en est la preuve.
On ne compte plus les albums qu’il a enregistrés. TONE POEM est édité par Blue Note (00602435263410). On passe d’Ornette Coleman à Leonard Cohen (superbe version d’Anthem), de Monk à Bola de Nieve, et cela, dans la plus grande fluidité. Il est toujours aussi créatif, un pur bonheur.
Comme on est ravi de retrouver les deux frangins ! Lionel et Stéphane Belmondo reforment leur quintet légendaire né en 1993 à Saint-Germain-des-Prés. C’est le cinquième album, en trois décennies d’existence, de cette formation résolument acoustique qui revisite le jazz moderne d’artistes ayant inspiré leurs carrières respectives. L’album fait renaître le label B Flat Recordings que les deux frères créaient en 2003. (Jazz&people JP21BF001CD). Ils sont accompagnés par des amis et des meilleurs : Eric Legnini au piano, Sylvain Romano, à la basse, Tony Rabeson, à la batterie.
Lionel Belmondo a écrit des compositions en hommage à ses inspirateurs : Wayne Shorter, Yusef Lateef, Bill Evans, Woody Shaw. Quant à Stéphane Belmondo, il signe une ballade dédiée à leur père et premier mentor décédé en 2019. Avec BROTHERHOOD, les Belmondo témoignent de la passion et du grand respect qu’ils portent à la musique de leurs aînés.
Dialtone (DT 0031) vient d’éditer cette magnifique chanteuse, la quarantaine, d’origine louisianaise Crystal Thomas. Initialement paru au Japon en 2019 sur P-Vine sous le titre It’s The Blues Funk, cet album revoit le jour sur le label texan Dialtone, en vinyle, en cd, et aussi en streaming. Nouveau nom : NOW DIG THIS !, nouvelle pochette, nouveau séquençage. Crystal Thomas a beaucoup de caractère et une grande voix claire et chaude. Depuis son enfance dit-elle, elle écoutait les disques de sa mère (ce disque lui est dédié), de Muddy Waters ou de Jimmy Reed.
Elle est accompagné par Lucky Peterson à l’orgue, Chuck Rainey à la basse, Jason Moeller à la batterie et Johnny Moeller à la guitare. Elle chante du Blues, du Soul, retour aux fondamentaux ! Elle chante de manière old school mais est ce qu’on disait cela d’Amy Winehouse?. Si vous commencez à écouter son disque vous ne pourrez plus vous en passer. I’m a fool for you Chrystal !
Retour aux fondamentaux ! Grâce au succès de film sur Ma Rainey sur Netfilx et mérité Ma Rainey’s Black Bottom, Not Now Music vient de sortir un double album avec les morceaux chantés par Ma Rainey : MA RAINEY’S BLACK BOTTOM ( NOOT2CD788), le même titre que le film. C’est une belle initiative pour faire redécouvrir celle qui inventa peut-être ce genre de musique – on l’appelait The Mother of The Blues – c’est elle qui écrivait ses chansons et certaines sont d’actualités sur la violence des hommes faites aux femmes.
Des femmes, des chanteuses oubliées et qui avaient du talent, on peut féliciter Fresh Sound avec sa collection The Best Voices Time Forgot. Une vingtaine d’albums ont été édités (FSR V1O1 –FSR V126). Wanda Stafford, Patricia Scot, Marcy Lutes, Patty McGovern…Cristal Joy, Althea Gibson, Rose Hardway, Ada Lee, Cathi Hayes, Lu Ann Simms, Renéé Raff, Pat Dahl, Carole Simpson, Connie Haines, Shelley Moore, Ann Williams, Lynn Taylor, Marjorie, Lynn Taylor, Sheila Guyse, Joya Sherrill sont des chanteuses oubliées et cette collection les remet sous les projecteurs. Le dernier sorti (FSR V127) est magnifique. Deux chanteuses, deux albums, dans un seul cd. MY CRYING HOUR est chanté par Cora Lee Day. Elle a une voix rauque, dans le style de Billie Holiday et elle est accompagnée par des pointures de jazz (Harry Edison, Illinois Jacquet, Jimmy Jones, Barry Galbraith, Eddie Jones, Osie Johnson). Cet album date de 1960 ! Ecoutez une version surprenante de Try a Little Tenderness.
MY KIND OF BLUES est un album de Debby Moore. Elle aussi est bien accompagnée par des jazzmen de haut vol (Harry Edison, Jimmy Jones, Barry Galbraith, George Duvivier, Elvin Jones). L’album date de 1959. Parmi les airs on retiendra une version étonnante de Why Don’t You Right.
Swing, groove, blues, Cora Lee Day et Debby Moore méritent de sortir des oubliettes de l’histoire du jazz.
Pour finir avec un vrai feu d’artifice jazzy, l’intégrale du fameux concert de Charles Mingus, MINGUS AT CARNEGIE HALL en édition de luxe en trois vinyles ! (Rhino Records). Mingus, lors de ce concert du 19 janvier 1974, s’entoura de musiciens à la hauteur de ses exigences. Outre son quintet de Dannie Richmond à la batterie, Don Pullen au piano, George Adams et Hamiet Bluiett aux saxes, quelques invités viennent participer à la fête sonore, Rahsaan Roland Kirk, John Handy, Charles McPherson aux saxes et Jon Faddis à la trompette. Impossible de résister à la puissance de cette musique, envoûtante, ébouriffante. Mingus for ever !
Bonne vacances en musique, de jazz, bien sûr !