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« LA LOI DE TÉHÉRAN » : JUSTE UN POLAR ? PAS SI SÛR …

LA LOI DE TÉHÉRAN 

Un film de Saeed Roustaee, avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Farhad Aslani, Parinaz Izadyar.

sortie le 25 juillet 2021

L’HISTOIRE

En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d’une traque de plusieurs années, Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue Nasser K. Alors qu’il pensait l’affaire classée, la confrontation avec le cerveau du réseau va prendre une toute autre tournure…

L’AVIS

Le phénomène de l’addiction au crack en Iran, au centre de La Loi de Téhéran, est très peu connu du public occidental. Le réalisateur Saeed Roustaee explique : « Ces dernières années, la toxicomanie a changé de visage en Iran. Elle est sortie de la clandestinité pour se révéler au grand jour. De plus en plus de toxicomanes sont visibles dans la rue. Leur dépendance à une nouvelle substance, le crack, les a mis à la rue de façon beaucoup plus massive et plus rapide que ne le faisaient les autres drogues. Á force de voir ces personnes, j’ai eu l’idée de tourner un documentaire sur elles et j’ai entrepris des recherches. Finalement, ce documentaire-là ne s’est jamais tourné, mais cela a influencé mes films de fiction. » Saeed Roustaee a dû faire face à la censure iranienne et a été contraint d’apporter des modifications au scénario, ce qu’il a refusé. Il a alors entamé une longue négociation de sept mois, pour ne concéder finalement que de petits changements ne nuisant pas à la véracité du récit. Il se rappelle : « Ce film était considéré comme indésirable, nous avons subi des pressions. Une fois qu’il a été tourné, c’est la brigade des stupéfiants qui a cherché à empêcher sa sortie. Ses représentants estimaient en effet que leurs efforts n’étaient pas assez représentés dans le film. Notre position a été de dire que nous ne réalisions pas un film de commande à la gloire de la police, mais que nous nous intéressions à des êtres humains, toxicomanes, trafiquants ou policiers. »

La Loi de Téhéran est devenu un des plus gros succès populaires en Iran. Saeed Roustaee a un exceptionnel talent et plusieurs séquences le montrent surtout les scènes de foule. Le film est servi par des acteurs incroyables de véracité. Il y en a un que l’on a déjà apprécié : Payman Maadi. Il avait eu en 2011, au festival de Berlin, l’Ours d’Argent pour sa prestation dans Une Séparation d’Asghar Farhadi. Alors est-ce que La Loi de Téhéran n’est qu’un simple et formidable polar ? On ne le pense pas. Derrière ce film d’action, superbement mis en scène et interprété,  on voit un système de répression étatique assez inhumain, un pays face à une population d’une pauvreté inimaginable. Pour un regard occidental, c’est assez insupportable. Le discours de fin du parrain de la drogue Nasser K. (Navid Mohammadzadeh, talentueux acteur), même si cela ne l’excuse pas, avec un discours immoral, est significatif de la vision du réalisateur sur le sujet. On peut être étonné que ce film est pu être projeté en Iran. Les ayatollahs iraniens seraient-ils aveugles ? Auraient-ils seulement vu que drogue égal pendaison ? C’est un raccourci (sans jeu de mot) un peu léger, le film sous-tend bien plus.  La Loi de Téhéran est détonnant à tous les niveaux et on n’en sort pas indemne. Âmes sensibles s’abstenir, pour les autres ne le manquez surtout pas. Voilà un cinéaste qui avec son deuxième film – avec son premier Life and a Day on le pressentait déjà –  du haut de ses trente ans, fait partie des grands. Le film a reçu le Grand prix et le Prix de la Critique au Festival du film policier à Reims.

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