104 Le Studio De Radio France
116 avenue du Président Kennedy, 75016 Paris
samedi 25 septembre 2021
Miles Davis est mort il y a trente ans (28 septembre 1991) et quelques hommages sont organisés, comme au Sunset-Sunside le célèbre club de la rue des Lombards à Paris et ce samedi à la Maison de la Radio et de la Musique avec le batteur belge et son orchestre – Jean-Paul Estiévenart, trompette, Bram de Looze, piano, Renier Baas, guitare, FélixZurstrassen, basse électrique, Frédéric Malemprè, percussion –
Antoine Pierre est un fondu de Miles, c’est son obsession, il l’avoue sympathiquement, avec beaucoup d’humour, au cours du concert. Toute la soirée à l’écoute de sa musique on en a eu la preuve – Il a aujourd’hui les cheveux ras, mais il n’y a pas si longtemps il avait une tignasse à la Tony Williams, le fameux batteur, petit prodige des baguettes que Miles avait eu le talent de dénicher ( le jeu de batterie d’Antoine sonnait de temps en temps comme le Williams de In a Silent Way). Le groove de son orchestre était bien présent devant un public amorphe (en deuxième partie du concert il s’est un peu réveillé). Eh oui les concerts de jazz à la Maison de la Radio ressemblent de plus en plus à des concerts classiques qu’on écoute religieusement – Combien de compagnes s’ennuient fermement en accompagnant leur bonhomme qui hoche la tête au rythme du batteur (ahahaha) – Alors Antoine et Miles ce samedi soir ? Le jazz aujourd’hui est devenu pour beaucoup de sidemen comme la musique classique américaine. C’est la volonté de Marsalis qui reprend des morceaux entiers de musiciens, de la Nouvelle Orléans ou de Duke Ellington par exemple, et qu’il fait jouer à ses orchestres comme l’on joue Bach ou Mozart. C’est peut-être une voie (laissons les spécialistes jazzeux pour en discuter). Le problème d’Antoine est comme la pub d’une célèbre boisson (il a le goût de mais etc etc…). Ce qu’il nous proposait à entendre, ressemblait à du Davis mais ce n’était pas du Davis.
Alors pourquoi ne pas reprendre intégralement Bitches Brew notes pour notes ou In a Silent Way comme on le fait avec de la musique de chambre classique ? Il n’y a pas de honte à le faire ! Ces jeunes musiciens talentueux sont influencés par des disques (on sait comment est fabriquée la musique en conserve) mais ils n’ont pas eu la chance d’être confrontés à leurs idoles ou simplement de les avoir entendus en concert (YouTube est peut-être le remède). Ils sont tous excellents, sont même techniquement plus expérimentés que leurs prédécesseurs, mais ce samedi, l’aura tutélaire du maître était trop présente pour que nous, auditeurs, on puisse l’oublier. Reprendre des thèmes de Miles et les jouer à leur sauce aurait été plus intelligent (le pianiste absent pendant tout le concert, s’est vraiment exprimé qu’au bis, un morceau du célèbre Joseph Zawinul, lui aussi révélé par Miles). Reste que le concert était fort sympathique, le groove était bien présent et que l’orchestre est bien rodé (lumières détestables digne des plus mauvaises émissions de variétés).
Reconnaissons tout de même que le Hollandais Renier Baas proposait des solos à la guitare tout à fait personnels
et qu’Antoine Pierre a fait un super solo de batterie démontrant ses talents.
Suspended est le dernier album d’Antoine Pierre Urbex Electric avec une pochette clin d’œil à celle de Bitches Brew ; à découvrir. Il reste à écouter maintenant au 104 un concert plus personnel. On espère qu’Antoine Pierre Urbex Electric sera reprogrammé il le mérite. Le 2 octobre 2021 Steve Coleman Five Elements sera présent au 104 et le 6 novembre 2021 John Scoffield et Dave Holland, là ce sera du pur jus !