Comment sortir des sentiers battus dans la musique dite classique. Dans la variété c’est un principe, alors pourquoi ne pas découvrir des compositeurs méconnus, oubliés, dans ce style de musique. Heureusement des artistes, des labels, prennent ce risque et c’est un vrai bonheur d’entendre autre chose que les nièmes versions des quatuors ou des sonates de Schubert, des sonates ou des symphonies de Beethoven ou des Études de Debussy … Voici quelques disques qui sont formidables à tout point de vue pour nos oreilles sensibles et avides de découvertes.
Lena Belkina nous en avions déjà parlée précédemment. Cette magnifique mezzo soutenue au piano par Natalia Sidorenko nous avait envoûtés chez Solo Musica (SM381) avec des mélodies de Tchaïkovski et de Rachmaninov. Une grande carrière s’ouvre devant elle !
Cyprien Katsaris, n’est plus à présenter (voir son entretien sur le site). Il a enregistré pour l’année Saint-Saëns un double album dans son édition Piano 21 avec des transcriptions. Il en a faites une pour piano du célèbre Carnaval des Animaux, de la Danse Macabre et une autre de la Symphonie n°3. Saint-Saëns en a composé une pour la Bacchanale de Samson et Dalila. On y trouve dans cet album la première musique de film écrite par le maître pour L’Assassinat du duc de Guise (1908) le DVD du film est dans le coffret ! Voilà une belle conclusion pour terminer l’année Saint-Saëns !
Voilà six ans que Le Consort nous régale de sa fraîcheur et de sa virtuosité. Ce jeune ensemble de musique baroque (Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche, Hanna Salzenstein, Justin Taylor) propose des sonates d’Antonio Vivaldi mais aussi d’un compositeur pratiquement inconnu : Giovanni Batista Reali de la même époque que le Vénitien. Victor Julien-Laferrière participe au violoncelle.
Le disque Specchio Venezziano est produit par Alpha-Classics (Alpha 771). Cet ensemble met en miroir avec talent, ces deux compositeurs. La plupart des compositions n’ont jamais été enregistrées ! Une belle découverte.
Une autre découverte c’est la jeune pianiste Axia Marinescu. Avec son disque intitulé Les Femmes Danses, elle interprète huit compositrices la plupart du XIXème siècle (Jaëll, Viardot, Bonis,Tailleferre, Chaminade). Si ces artistes sont connues, Elisabeth Jacquet de la Guerre l’ait beaucoup moins. Leur prénom sont mis en avant pour bien signifier qu’elles sont des compositrices femmes !
Le disque a été enregistré à la salle Gaveau (Axia Marinescu va s’y produire à la fin du mois), distribué sous le label Klarthe (KLA 130). Yamaha qui a cette artiste sous ses ailes l’a produit. Ce disque est d’une finesse, d’une clarté et il s’y dégage beaucoup d’émotion.
C’est une toute autre émotion que l’on ressent avec l’album de Florian Noak et les 12 Études D’Éxécution Transcendante de Lyapunov. Sergueï Lyapunov (1859-1924) est un compositeur, pianiste virtuose russe de l’époque de Glazounov et moins bien connu que Rachmaninov plus jeune que lui. Il a écrit 80 œuvres mais ce sont ces 12 études, à la mémoire de Liszt, qui sont les plus connues.
Florian Noak avait déjà interprété sur disque ce compositeur il y a plusieurs années. Il poursuit avec cet album son intention d’enregistrer l’intégrale pour piano. Il a la fougue, l’intelligence, pour mener à bien cette aventure pianistique. Un grand et beau disque que propose La Dolce Volta (LDV 90).
Nino Rota (1911-1979) n’est pas que le musicien de Fellini. Il a composé pour bien d’autres réalisateurs (Coppola, King Vidor, Visconti, Zefirelli, Clément). C’est aussi un compositeur de musique à programme (concerti pour violon, piano, symphonies, opéras, sonates…).
Éric Le Sage, Emmanuel Pahud, Paul Meyer, Daishin Kashimoto, Aurélien Pascal, Joaquín Riquelme García, Claudio Bohórquez, Olivier Thiery, François Meyer, Gilbert Audin,Benoît de Barsony du festival de Salon de Provence rendent hommage à sa musique. Sa Petite Offrande musicale il l’a composée en 1943 à l’âge de 22 ans; la Nonette et le Trio pour flûte, violon et piano il les a écrits à la fin des années 50. Le Trio pour clarinette, violoncelle et piano date de 1973, il appartient à la dernière période créative de Rota. Il a toutes les caractéristiques des œuvres de la maturité. Son style est reconnaissable entre tous. Ces musiciens prennent un vrai plaisir à interpréter ses œuvres. Ce disque est solaire. Il est d’ailleurs sorti en juillet de l’année dernière, hélas en pleine pendémie ! À écouter encore et encore cette pépite musicale sortie chez Alpha-Classics (Alpha 746)
Avec ces six albums vous pouvez bien commencer l’année 2022 et découvrir que la musique classique est un univers immense qui mérite que l’on s’y promène, loin de ces autoroutes toutes tracées. Bon voyage !
