2022 est le 400ème anniversaire de la naissance de Molière (1622-1673). Ici, nous le fêtons en musique et pas avec n’importe qui, avec Jean-Baptiste Lully et Marc-Antoine Champetier.
Entre 1661 et 1671 la collaboration de Lully-Molière donna le jour à des ouvrages aux formes différentes : ballets de cour et comédie-ballets. Ainsi en 1661 Les Fâcheux, Le Mariage Forcé, en 1664 Les Plaisirs de l’Île Enchantée (La Princesse d’Élide), en1665, L’Amour Médecin, Le Médecin Malgré Lui, en 1667 La Pastorale Comique, Le Sicilien ou L’Amour Peintre, en 1968 George Dandin, en 1669, Monsieur de Pouceaugnac, Les Amants Magnifiques, en 1670 Le Bourgeois Gentilhomme. Jusqu’à cette date, Lully est l’intime du dramaturge et les pas de danse sont de Pierre Beauchamp.
On peut dire que Les Fâcheux est la première comédie-ballet au monde de l’histoire. La première représentation est donnée le 17 août 1661 dans le parc du château de Vaux-le-Vicomte par la troupe Molière à l’occasion de la célèbre et fastueuse fête donnée par le surintendant Fouquet en l’honneur du roi. En 1672, la pièce est reprise par La Comédie-Française avec la musique (perdue) composée par Marc-Antoine Charpentier. L’étroite collaboration avec Lully cesse en mars 1672, lorsque le compositeur rachète le privilège accordé en 1669 à Perrin de l’Académie d’Opéra. Il obtient des lettres patentes interdisant à toute personne : « de faire chanter aucune pièce entière en France, soit en vers françois ou autres langues, sans la permission par écrit dudit sieur Lully, à peine de dix mille livres d’amende, et de confiscation des théâtres, machines, décorations, habits… ». L’Académie d’Opéra prend dès lors, et jusqu’à la Révolution, le nom d’Académie Royale de Musique et s’installe dans la salle du jeu de paume rue de Vaugirard. À la demande de Lully, un décret d’avril 1672 restreint davantage les libertés de représentation en limitant le nombre de musiciens des formations musicales parisiennes.
Molière s’adresse alors au jeune Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) pour composer la musique des entractes de Circé et d’Andromède, ainsi que des scènes chantées pour les reprises du Mariage Forcé et enfin les pièces musicales du Malade Imaginaire (1673) qui occupent environ une heure du spectacle. Leur collaboration sera de courte durée, Molière décédera cette année 1673. Alors que trouve-t-on en disque pour se souvenir des musiques concoctées pour les pièces de Molière . La musique du Bourgeois Gentilhomme est sûrement une des plus connues et enregistrée.
Vincent Dumestre et le Poème Harmonique vient de sortir pour le 400ème anniversaire de sa naissance la musique enregistrée à Versailles.
Gustav Leonhardt l’avait enregistré avec La Petite Bande, chez Harmonia Mundi,
Hugo Reyne et La Symphonie du Marais avait enregistré une version concert à Versailles en 2002.
En deux CD on a la pièce et la musique, chez Accord/Universal. Jordi Savall et Le concert des Nations propose une suite dans son disque L’Orchestre du Roi Soleil
Hugo a enregistré Musiques pour les comédies de Molière un cd avec des compositions de Marc-Antoine Charpentier
Le Malade Imaginaire on le trouve sous la baguette de Minkowski et de Christie.
Ce dernier propose dans un cd Lully et Les divertissements de Versailles, des airs, et musiques de plusieurs collaborations du compositeur avec Molière (Georges Dandin, L’Amour Médecin, Les Plaisirs de l’Île Enchantée… (Erato 0927-44655-2).
George Dandin vient d’être enregistré par Gaêtan Jarry et Marguerite Louise dans la collection Versailles. C’est le 18 juillet 1668 que Molière donne avec succès George Dandin ou le mari confondu, comédie mêlée d’une pastorale chantée, pour « Le Grand Divertissement Royal de Versailles » offert par Louis XIV à sa Cour, destiné à célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle. Cette histoire drolatique d’un paysan riche qui achète une jeune fille noble, est enchâssée d’intermèdes sur une splendide musique de Lully.
Il existe deux films sur Molière avec des musiques curieuses.
Celui d’Ariane Mnouchkine (4heures !) est une totale fiction et René Clemencic a choisi des musiques et en a composées sans aucun rapport avec Molière. On se souvient de la mort de Molière sur un air de Purcell extrait de King Arthur (1691) What power art thou.
Laurent Tirard a fait un biopic assez farfelu avec Duris dans le rôle de Molière et avec une musique sympathique de Frédéric Talgorn. Le film et la musique n’ont rien à voir avec Molière mais on s’y amuse beaucoup.
Le célèbre compositeur Nino Rota en 1976, avait écrit pour la compagnie de Maurice Béjart (En hommage à Molère, il prend comme pseudonyme celui de l’épouse de ce dernier, Armande Béjart ), Le Molière Imaginaire, un Ballet-Comédie qui a été simultanément interprété à la Comédie Françaiqe et à Bruxelles. C’est une sorte de voyage onirique dans la vie de Molière. C’est du pur Nino Rota. On peut trouver cette oeuvre en cd, et le vinyl de chez DGG est trouvable aussi.
On voit que notre héros national (interdit de Panthéon…) est mis à toutes les sauces et c’est ce qui arrive à tous les génies! Ils passent quoique l’on fasse à la moulinette du temps et ils résistent ! Pour paraphraser René Char et par rapport à notre titre : «Comment pourrait-on jamais vous oublier puisque nous n’avons pas à nous souvenir de vous: vous êtes le présent qui s’accumule»
