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« HAENDEL au TCC » : ARIODANTE / FAGIOLI !

Théâtre des Champs-Élysées, 15 Avenue Montaigne 75008 Paris

Production Théâtre des Champs-Élysées

Lundi 7 novembre 2022, 19h30

ARIODANTE, Opéra en trois actes (1735) d’après Antonio Salvi Ginevra, principessa di Scozia. Inspiré de L’Arioste, Orlando furioso

Vingt-neuvième opéra italien de Haendel, Ariodante (1735) fut le premier ouvrage lyrique conçu par le compositeur pour le tout nouveau théâtre de Covent Garden. S’il ne devait rester qu’un opéra de Haendel, nul doute qu’Ariodante aurait les faveurs tant l’ouvrage tient littéralement du chef-d’œuvre. le livret est simple : Le Prince Ariodante doit épouser la fille du roi d’Écossse, Ginevra. Il est faussement convaincu de la trahison de sa fiancée par l’intriguant duc Polinesso qui agit avec la complicité de la suivante Dalinda. Ariodante désespéré, fuit la Cour. Ginevra injustement accusée perd la raison quand elle est reniée par son père. Alors qu’on le croit mort, le jeune Prince assiste à une tentative d’assassinat de Dalinda, témoin devenu gênante pour le fourbe Polinesso. Il commence à comprendre que les apparences l’ont certainement trompé. Son frère, Lurcanio provoque en duel Polinesso qui, avant de mourir, avoue son stratagème. Ginevra, définitivement lavée de tout soupçon, recouvre la raison et peut enfin épouser Ariodante.

Version de concert avec :

Il Pomo d’Oro : orchestre

George Petrou : direction

Plaisante infidèle, blottie contre ton galant.
Moi, trahi, dans les bras de la mort
Par ta faute, je m’en vais
Mais pour briser ce lien indigne,
Ombre lugubre, esprit nu,
Te tourmenter je reviendrai !

Et Ariodante est revenu….!!!!

Avez-vous déjà entendu une salle totalement silencieuse pendue aux lèvres de Fagioli/ Ariodante chantant sa détresse en ayant appris que sa Ginevra était une impudique ! Le fameux Scherza infidia interprété par Franco Fagioli a été le triomphe de la soirée. Bon c’est vrai avoue-le, on est venu pour lui ! Franco Fagioli, est un des plus grands contreténors du moment et dans le rôle d’Ariodante, on ne lui connait pas quelqu’un qui brille autant. Ariodante n’est pas l’opéra le plus joué sur scène mais c’est l’opéra de Haendel qui enquille des arias assez fabuleux. Le plateau en cette soirée était brillant et chaque chanteur a eu son moment de succès. Derrière eux, Il Pomo d’Oro sous la direction de George Petrou a apporté toute l’énergie pour supporter ces magnifiques chanteurs. Melissa Petit la soi-disant impudique était toute de jaune vêtu. Cette couleur est le symbole de la joie du rayonnement, mais à l’époque c’était la couleur de la trahison ? Judas dans les peintures était toujours habillé en jaune. Était-ce une volonté ou une mauvaise coïncidence ? Quel plaisir d’entendre cette magnifique voix car hélas elle ne brille pas souvent sur les scènes françaises ! Les murmures de souffrance dans son aria Spero per voi était un moment de pure beauté vocale. La vraie découverte de la soirée était la toute jeune soprano Sarah Gilford dans le rôle de Dalinda. Son dernier aria a été fortement applaudi. Sa robe rouge à la manière d’une Marilyn allait bien avec ce rôle tout de passion pour le traître Polinesso interprété par la super mezzo aux accents hispanisants, Luciana Mancini une habituée du répertoire baroque | Alex Rosen, une basse canadienne impressionnante au timbre qui faisait penser à celui de Samuel Ramey n’avait qu’un aria mais quelle interprétation. Le public lui a fait une belle ovation. Le ténor Nicholas Phan dans le rôle du frère avait deux arias élégamment aussi interprétés. Ce quintet de haute tenu vocal était bien soutenu par la vivacité exemplaire d’ Il Pomo d’Oro. Le succès était largement mérité, reste à faire un disque pour retrouver, ce souvenir, de l’homogénéité et la qualité de ce plateau. Dommage pour vous si vous n’étiez pas au TCC, car ce lundi c’était the place to be et il y avait encore des places et à des prix intéressants….

Allez pour vous faire regretter de n’être pas venu au TCC, on vous fait entendre le tube de cet opéra Scherza Infidia – chanté par de nombreuses mezzos et par de toute sorte de hautes-contres – ici bien sûr Franco Fagioli dans un autre lieu. Allez versez quelques larmes… : Ombra mesta, e spirto ignudo/ Per tua pena io torner?….