Jardin des Tuileries, Place de la Concorde (côté Seine), 75001 Paris
Jusqu’au 16 janvier 2023
Sam Szafran (1934-2019) a voué son œuvre à une approche figurative et poético-onirique loin du monde de l’art, de ses tendances, dans le retrait de son atelier. Après une enfance marquée par les catastrophes de la Seconde Guerre mondiale- il a connu l’enfermement de Drancy- un pénible voyage en Australie, une existence précaire, il va se focaliser, solitaire, sur sa propre existence, pour donner naissance à ses thèmes de prédilection : ateliers, escaliers, feuillages, son environnement immédiat.
En autodidacte, d’une curiosité inépuisable, il s’est initié au pastel puis à l’aquarelle. Szafran met à l’épreuve le regard, en déformant et déconstruisant la perspective, dans des lieux clos, fermés sur eux-mêmes. Les espaces se conjuguent et se confrontent.
À propos de l’escalier, un de ses thèmes favoris, il explique sa méthode : « Alors pour faire l’ensemble, je me suis mis à bouger. J’étais obligé de m’identifier à une araignée qui monte et qui descend au bout de son fil dans la cage de l’escalier, qui peut voir par-dessous et pardessus […]. Et donc, j’ai commencé à me mobiliser, comme si j’étais une caméra, à bouger, à tourner. ».
À propos de son obsession des philodendrons : Au printemps 1966, il fait la découverte d’un philodendron dans l’atelier parisien que lui prête le peintre chinois Zao Wou-Ki (1920- 2013) : «J’ai été absolument incapable d’y travailler: j’étais fasciné par un magnifique philodendron qui resplendissait sous la verrière, et qu’il m’était impossible de dessiner. Cette impuissance était devenue une obsession.» Pendant un demi-siècle, l’artiste a ensuite renouvelé continuellement la représentation de quelques plantes, elles sont prétextes à des compositions proliférantes, surtout à l’aquarelle qui permet l’exécution de grands formats. Szafran constate : « Quand je dessine mes plantes, je suis assommé par la créativité en elle-même, celle que je vois, et je suis en admiration devant la nature. Devant sa folie, sa violence, devant sa férocité aussi, et devant son calme, devant tout. Quand je pense être arrivé à ce que je m’étais fixé, je me rends compte qu’il y a autre chose. Oui, c’est sans fin.»
Cette exposition atypique permet de découvrir un artiste, obsessionnel, original, en dehors de tout courant artistique, qui vous mettra la tête à l’envers…