La recherche d’une manière d’interpréter au plus près de ce qu’a écrit le compositeur, ce qu’on appela authenticité, pose de nombreux problèmes aux musiciens aujourd’hui. Des artistes comme Jos van Immerseel, claveciniste au départ a interprété des symphonies de Mozart avec son orchestre d’instruments d’époque Anima Eterna et avec un diapason qui n’est pas celui qu’on a l’habitude t’entendre (il peut varier de 369 à 470 pour les baroqueux alors que celui moderne est de 440). C’est totalement une convention mais nos oreilles sont habituées à un certain son.
Avec l’excellent orchestre d’instruments d’époque le Freiburger Barockorchester (FBO) APARTE (AP299) offre un nouveau Mozart après les premières symphonies (de jeunesse ?), des concertos pour piano…
Ici ce sont les concertos 3 à 5 pour violon qui sont interprétés par Gottfried von Der Goltz et sous la direction de Kristian Bezuidenhout. On découvre à l’écoute de ces pièces des sonorités, des tempi totalement différents que ceux auxquels on est habitué avec les grands orchestres symphoniques et les célèbres violonistes. Une certaine complicité entre le chef et le soliste donne un superbe équilibre dans les sonorités, joyeuses, solaire. De plus Kristian Bezuidenhout improvise au piano forte ; car une partie de la partition originale est absente comme cela se faisait à l’époque .Ces concertos seront totalement nouveau pour l’auditeur. Ensuite on peut se poser la question de l’authenticité de cette manière de faire sonner ces concertos. Vaste programme, mais ce cd est totalement passionnant.
Toujours chez APARTE (AP 285) une autre découverte et non des moindres c’est le coffret de 4 cd du flûtiste et chef d’orchestre Alexis Kossenko.
Il est accompagné par quelques belles pointures (Gilone Gaubert, Daniel Sepec, violonistes, Léa Hennino, altiste, Christophe Coin, violoncelliste, Michaël Chanu, contrebasiste, Edoardo Torbianelli, pianiste, Nicolas Baldeyrou, clarinetiste, David Doucot, Bassoniste, Benoit de Barsony, corniste, Olivier Bénichou, Anne Parisot, Amélie Michel flutistes). Tous ces musiciens autour de Kossenko ont participé à faire redécouvrir un compositeur injustement oublié, Eugène Walckiers (1793-1886). Musicien d’Empire, il joue de la flûte dans les harmonies de la Grande armée Napoléon 1er, il s’installe ensuite à Paris et il se perfectionne auprès d’Antoine Reicha. On le reconnaît alors comme un musicien de talent qui compose de très nombreuses partitions pour flûte. Il a surtout composé de la musique de chambre assez étonnante. Le Fabergé Quintette avait il y a peu enregistré deux Quintettes à cordes (n°2 et n°4). Dans ce coffret surprenant pratiquement toutes les œuvres sont des premiers enregistrements. On passe de quatuors à des trios, duos, virtuoses où on entend des réminiscences de tous les compositeurs romantiques, de Beethoven, à Berlioz avec un zeste de Rossini. Virtuosité, lyrisme, sont les maîtres-mots. Alexis Kossenko s’exprime au sujet de ce compositeur: « …il se démarque de la plupart des compositeurs-flûtistes du XIXème siècle par une audace inhabituelle….une véritable inspiration doublée d’humour, d’esprit et d’une spiritualité gaie… ». Voilà un beau coffret de musique étonnante à découvrir, un vrai plaisir.