15 Avenue Montaigne, 75008 Paris
Jeudi 22 juin 2023, 19h30
Lorenzo Passerini, direction
Eric Ruf, mise en scène et scénographie
Glysleïn Lefever, chorégraphie
Christian Lacroix, costumes
Bertrand Couderc, lumière
Selene Zanetti, Mimi
Pene Pati, Rodolfo
Alexandre Duhamel, Marcello
Francesco Salvadori, Schaunard
Guilhem Worms, Colline
Amina Edris, Musetta
Marc Labonnette, Alcindoro / Benoît
Rodolphe Briand, Parpignol
Orchestre National de France
Chœur Unikanti, Maîtrise des Hauts-de-Seine, direction Gaël Darchen
Avec cet opéra, nous avons toujours le regard de midinette et comment ne pas pleurer à à cette histoire d’amour entre Rodolfo et Mimi et la mort de cette dernière qui termine sa vie en traviata – on est pas chez Verdi quand même – Alors est-ce que cet opéra qui, avouons-le, est assez mal construit est facile à mettre en scène ? Sa musique n’est pas si loin de ce que fait aujourd’hui Andrew Lloyd Webber et a seulement trois tubes et juste dans le premier acte? Pas évident.
Alors Eric Ruf ne prend pas de risque, il offre une réalisation assez classique en donnant de la distance par rapport à cette histoire. Oui nous sommes au TCE, oui nous sommes au théâtre (il va même à un moment faire éclairer la salle) oui on va vous raconter une banale petite histoire de tubarde dans un Paris de pacotille. Alors on a le rideau de scène en toile de fond, on a Rodolfo en éclairagiste, on a des échafaudages pour les décors – belle idée pour l’escalier et faire chanter les chanteurs en hauteur, on se souvient de cette manière dans West Side Story), ensuite, le rideau se lève sur café parisien qui sent bon la reconstitution.
La mort de Mimi sera de nouveau théâtrale avec le faux rideau de scène, mais elle va venir chanter face au public car elle est devenue une icône. En fin de compte seul le chant et la théâtralisation des chanteurs a de l’intérêt dans cet opéra. Ruf vient du théâtre et le jeu des acteurs seul l’intéresse. Mais pour arriver à nous émouvoir il faut un superbe plateau et là nous l’avions. Bien sûr Rodolfo est important mais son rôle n’est pas si évident surtout dans les derniers tableaux. Avec Pene Pati ce sympathique « nouveau Pavarotti », – on en découvre presqu’un par an – et une étonnante Mimi de Selene Zanetti, le couple très attendu était parfait. Musette alias Amina Edris a mené sa scène avec maestria mais il faut dire que le Marcello d’Alexandre Duhamel était à la hauteur de nos attentes. C’est, excusez-nous, peut-être le rôle le plus intéressant de l’opéra et il a besoin d’être extrêmement bien chanté. Mais le quatuor d’amis était aussi très bien choisi. Ce qui était aussi important pour que cette comédie musicale fonctionne était que l’orchestre et sa direction soient dans le même sens que la mise en scène. Et là, l’ONF et la direction énergique sans mièvrerie du jeune chef Lorenzo Passerini participaient au dépoussiérage de ce méli-mélo. Le public a fait une ovation à ce plateau, et c’est avec l’air de Musette que nous quittions les Champs content d’avoir entendu les tubes de cet opéra. On aurait pu partir à l’entracte avec le sourire aux lèvres et l’œil pas encore humide ahahaha. Alors, combien de versions existent-ils en variétés internationales de ce fameux Quando me’n vo? Celle que nous préférons est celle de 1959 Don’t You Know chantée par Della Reese (numéro un dans les charts aux USA). Elle est de Bobby Worth et non de Andrew Lloyd Webber ! Allez, on vous la met…
Il reste encore une représentation au TCE et vous pourrez écouter cette version le 2 septembre 2023 sur France Musique et la voir sur France Télévision.