Un récital de piano chez Prima Classic -Prima 029
Olga Jegunova est une pianiste lettonne à la carrière originale, atypique. Elle a étudié à travers l’Europe, gagné de nombreux prix internationaux (dont certains en France), donne des récitals, des concerts à travers l’Europe. Son répertoire s’étend de Bach à Schnittke, mais aussi avec de nombreuses œuvres de compositeurs contemporains, certains écrivent pour elle. Dernièrement elle a fait un récital salle Cortot et c’est pratiquement ce qu’on retrouve sur son disque intitulé SLOW. À l’image de sa personnalité elle offre un album atypique. Elle n’a pas fait comme font la plupart des pianistes enregistrer les compositions hyper connues de Chopin, Beethoven, Schumann, Schubert. Là c’est un disque concept. Entre Bach, Liszt, Schubert, Satie, Gluck elle a intégré des pièces de Koncheli, Pärt, Vasls, Tieppo, Field. Avec ce disque elle dit avoir voulu exprimer son moi intérieur et inviter l’auditeur à ralentir le pas dans ce monde qui s’agite sans cesse. La magie de la musique c’est d’adoucir, de tempérer. Avec les 12 compositions – signe symbolique – elle propose des grands classiques comme les Consolations de Liszt, la sérénade de Schubert et fait le grand écart avec des musiques nouvelles spécialement écrites pour l’album. Chaque morceau est admirablement expliqué dans le livret de l’album. Ainsi par rapport aux deux compositions écrites spécialement pour SLOW – Luca Tieppo s’exprime à propos de La méditation …c’est la descente vers la mort de l’homme Jésus, alors habité par la peur d’être englouti dans les ténèbres. Le seul espoir est de pouvoir trouver, même dans l’agonie profonde, la douceur du pardon. L’intersection de plusieurs lignes mélodiques, chacune avec ses propres exigences expressives, rend particulièrement difficile pour l’interprète l’exécution des différentes couches sonores.
Raphaël Lucas à propos de A Salty Breeze over the Reeds ( Une brise salée sur les roseaux) : Ryuishi Sakamoto dans un documentaire décrivait comment une profusion de sons brillants, battants et bruissants, des fragments de mélodies venant de partout, génère une perception du son qui est relative à la position, le mouvement de l’auditeur. Ce contrepoint évolue non seulement en raison des changements qui se produisent dans sa texture, mais principalement parce que quelqu’un passe, se déplace dans l’espace, change constamment son point d’audition, dans une évolution constante ; Une Brise salée sur les Roseaux va dans le sens de cette idée. La musique permet d’éprouver toutes ces sensations, pour un moment, laissant le temps couler à leur rythme, laissant de côté, momentanément, toute injonction d’avancer vers un but précis, de se développer ou de rechercher le confort d’une forme attendue. SLOW peut être un disque comme un superbe fond sonore pendant qu’on lit ou autre activités calmes, mais aussi comme une aide à la méditation si on en fait une écoute plus attentive. L’album peut être les deux à la fois. Une chose est sûre c’est qu’Olga Jegunova en interprétant magnifiquement ces musiques parle de consolation, d’espoir, d’harmonie et de paix. Voilà un album qu’on doit offrir aux personnes qu’on aime le plus profondément. Merci Olga pour ce beau cadeau.