Auditorium de Radio France, Studio 104, 116 avenue du Président Kennedy, 75016 Paris
jusqu’au 10 février 2024
Les œuvres de Steve Reich se suivent et font toujours l’immense succès de ce Festival. Les salles sont pleines et le public ravi ! On a entendu, découvert, certaines pour la première fois, ses compositions en direct, comme Music For Ensemble And Ochestra magnifiquement interprétée par l’ONF sous la direction de Cristian Măcelaru, City Life, pour ensemble amplifié, avec l’ensemble Etendus sous la direction de Fiona Monbet, Six Pianos (version pour piano et électronique) superbement joué par le pianiste Christophe Chassol, Come Out et It’s Gonna Rain des expériences sur bande magnétique qu’a composées dans les années soixante Reich. Le principe du Festival c’est aussi de faire entendre de jeunes compositeurs et des œuvres commandées pour l’occasion. C’est ainsi qu’on a énormément apprécié Field Guide de la toute jeune et talentueuse Gabriella Smith. Une composition courte mais terriblement énergique. Elle puisse ses sources dans son engagement écologique et cela se sent. Avec des collages de matériaux sonores, dans un paysage polyphonique elle crée une œuvre d’une grande tension. L’ONF et Măcelaruqu’a su l’entretenir . Les œuvres de Nico Muhly étaient intéressantes – nous apprécions beaucoup ses musiques de film pour The Reader de Stephen Daldry, Kill Your Darlings de John Krokidas – . Ce compositeur est assez atypique, un touche à tout de la pop à l’opéra en passant pas la musique de ballet. On le classe dans la catégorie « minimaliste », pour quoi pas.
Register est un concerto pour orgue et orchestre – Iveta Apkalna était à l’orgue – Stillness, pour voix égales et orchestre – avec la maîtrise de Radio France – sont deux compositions totalement opposées.
La seconde est une commande de Radio France, très religieuse, une sorte de louange à Dieu assez académique; Register, création française est assez bancale, l’orgue n’est pas employé avec sa puissance orchestrale mais se fait discret, comme une voix stridente, baroque par certains accents, une composition qui ne nous a pas totalement séduite.
Celle qui à l’applaudimètre a eu tous les suffrages c’est la création de Régis Campo Dancefloor with Pulsing, une sorte de concerto pour thérémine et orchestre. Carolina Eyck, la grande spécialiste de cet instrument, était donc au thérémine et c’était impressionnant de la voir jouer avec cet instrument où chaque geste doit être d’une grande précision. C’était comme une voix, abstraite de la réalité, qui accompagnée par un orchestre jouant un drôle de boléro partait pour quelques ailleurs. À la fin l’orchestre s’envole avec elle vers un inconnu, bon c’est ce qu’on peut se dire en écoutant cette magnifique participation.
Mais au studio 104 cela swinguait pas mal avec Christophe Chassol et sa création Paris Noir, pour piano, ensemble et vidéo, dirigeait par Fiona Monbet – bien connu dans le monde du jazz – et son ensemble Miroirs Etendus. À la manière de Reich, des phrases étaient répétées par Kévi Donat, guide-conférencier sur la présence de noirs célèbres dans des lieux mythiques parisiens. Il manquait à notre goût Sydney Bechet, Kenny Clarke, Bud Powell, qui ont beaucoup fait pour le jazz, la négritude à Paris, cette musique sur laquelle est basée la création de Chassol. Une belle initiative de l’équipe de Charvet de l’avoir invité.
Une création mondiale, une commande électroacoustique de radio France, nous a emballé dans ce sudio 104 ! Celle de la toute jeune créatrice Sarah Davachi (né en 1987) intitulé Basse Brévis pour électroacoustique. Au lieu de faire comme souvent les créateurs dans ce genre de composition, elle n’a pas joué sur l’augmentation de l’intensité sonore mais bien au contraire demandant à l’auditeur une attention plus soutenue. Nous étions dans un espace calme avec des subtilités sonores insoupçonnables, magique! À Paris It’s Gonna Rain…Ce 11 février 2024 dernier jour du Festival
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