Camerata du Léman, Philippe Boaron, piano
Cascavelle (VEL 1701)
Ludwig van Beethoven a écrit 5 concertos pour piano et 9 symphonies, enfin c’est ce que tous les musicologues ont écrit. Alors qu’est-ce ce concerto n°0 et cette symphonie n°10 ? Où est l’authentification en musique ? Aujourd’hui elle est en danger avec l’IA qui se permet de composer à la manière de et qui a le goût de, mais qui n’est pas de…voir la symphonie n°10 composée par l’IA ! On a le cas de compositeurs d’antan, Bach, Vivaldi, Albinoni, Haydn … où il y a des doutes sur leur paternité. Ils ne tenaient pas à jour leur catalogue et ne s’en préoccupaient guère. À Beethoven on lui attribua une symphonie de jeunesse dite Iéna mais on a démontré il y a peu que c’était une erreur ! Chez ce compositeur prolifique il y aurait plus de 300 WoO achevées ou incomplètes qui sont des esquisses suffisamment avancées pour qu’il soit possible de les finaliser sans trahir ses intentions. La transcription pour deux pianos de La grande Fugue a été confiée à un proche par Beethoven lui-même. Le concerto WoO 4 est précisément de ces œuvres qui peuvent poser des problèmes puisque le manuscrit complet n’a pas été retrouvé! On sait que cette pièce a été composée vers la fin 1784. On possède une réduction pour piano des tutti avec une mention Concert pour clavecin ou pianoforte composé par Louis Van Beethoven à l’âge de 12 ans (en fait 14). Le concerto est tributaire du style des concertos de l’un des fils de Bach, très à la mode à l’époque.
Un certain Willy Hess, compositeur et musicologue suisse (1906-1997) grand spécialiste de Beethoven, est devenu célèbre après avoir compilé et publié un catalogue d’œuvres de Beethoven qui ne figuraient pas dans l’édition complète. Ainsi en 1934-35 il fit la restauration du troisième mouvement du concerto puis de deux autres sur la base des indications du compositeur sur le manuscrit. C’est Edwin Fisher qui fit la recréation de l’œuvre en juin 1945 au festival de Potsdam.
Le mouvement existant de la Xème symphonie est indubitablement de Beethoven. Les esquisses remontent à 1822, donc à l’époque de la composition de la IXème. L’architecture de ce premier mouvement a permis en 1983 à Barry Cooper organiste, musicologue, compositeur, britannique né en 1949 à Southend-on-sea, spécialiste lui-aussi de Beethoven, et éditeur du Beethoven Compendium – Dictionnaire Beethoven dans sa traduction française – à partir d’esquisses et des carnets de Beethoven a faire un travail de reconstitution de ce mouvement de la symphonie n°10 (1824-1827). La réalisation a été enregistrée par le London Symphony Orchestra dirigé par Wyn Morris. La partition a ensuite été révisée pour sa création publique en 1988, par le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra dirigé par Walter Weller. C’est la version revue de 2012 qui est sur cet album.
©DR
La Camerata du Léman est un orchestre de chambre de 15 musiciens (orchestre à géométrie variable selon les compositeurs au programme), qui existe depuis 2012 et possède un large répertoire du baroque au XXIème siècle et apprécie les projets originaux. Pour le concerto c’est le jeune pianiste génevois Philippe Boaron qui est au clavier. Le concerto est magnifique de jeunesse et le premier mouvement de la symphonie est grandiose. Ce couple d’œuvres est une première – il existe très peu d’enregistrement du concerto n°0 – voilà donc un disque particulièrement passionnant, indispensable, pour tous ceux qui veulent connaître plus complétement ce très grand compositeur.
