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«  L’ÉTRANGE FESTIVAL  2025 » : 31ÈME ÉDITION (2)

Forum des images,  2 rue du cinéma 75001 Paris

Du 4 au 5 septembre 2015

L’Étrange Festival continue avec de bonnes mais aussi de moins bonnes surprises. Tout ne peut pas être parfait surtout dans l’étrange qui est un genre compliqué à réussir. Pendant ces deux jours on n’a eu quelques déceptions. Girl America du Tchèque Viktor Taus est inspiré d’une pièce de théâtre. La petite Ema Černá grandit sans père, avec un frère aîné et un frère cadet. Leur mère alcoolique néglige leur éducation, et Ema se retrouve donc placée dans un foyer pour enfants. Adolescente, elle est temporairement placée dans une famille d’accueil, mais son mauvais comportement la conduit finalement dans un centre éducatif. Elle s’accroche à l’espoir que son père l’attend en Amérique. Une fois adulte, Ema revient sur les expériences de son passé afin de les assimiler et de les surmonter. Le sujet est intéressant sur le papier, nous espérions être émus, mais par le traitement pubard, clip, théâtral, métaphorique, mauvais clin d’œil à Fellini, fait qu’aucune émotion se dégage de ce trop long film emm…. Bon il a pris soi-disant des orphelins pour jouer les rôles, la belle affaire, ils passent leur temps à hurler ! On avait qu’une envie qu’ils cessent ! Et dans la suite de clichés cinématographiques, pour la musique il balance des tubes italiens des années soixante et l’éternel Intermezzo de Cavalleria Rusticana, le pendant de l’adagio de Barber pour apporter de l’émotion…de l’émotion que nenni ! Il n’est pas prêt de trouver un distributeur, mais il aurait pu avoir la Palme d’or ! Ahahah ! La grande déception c’est surtout Vade Retro d’Antonin Peretjatko, une comédie horrifique sur le thème de Dracula. C’est un grand nanar ! Mais où est passé cet excellent réalisateur de La Fille du 14 juillet, de La Loi de la Jungle, La pièce rapportée, où est passé son humour décalé ? Et ce n’est pas question de moyen, c’est un scénario bâclé avec des acteurs qui ne sont pas là. Il faut qu’il trouve du sang neuf ! Bon dans La Spirale trentième Anniversaire Laurent Courau avait choisi le film de Richard Linklater A Scanner Darkly (2006) un film dit d’animation fait avec l’utilisation de la rotoscopie avec un casting hors pair ; Keanu Reeves, Robert Doney Jr. Winoma Ryder, Woody Harrelson, Rory Cochrane. Bon le film est toujours aussi bavard et toujours aussi long mais le scénario d’après K.Dick et l’idée de l’animation pour donner cette distorsion de la réalité est une bonne idée, le film est quand même toujours roboratif, ou peut-être il ne faut pas le revoir, Faites-en quand même l’expérience si vous ne l’avez pas vu, on le trouve en DVD.

On attendait bien sûr Fucktoys de et avec d’Annapurna Sriram une comédie trash. Bon on ne va pas faire la fine gueule, Annapurna Sriram est super sexy, joue avec beaucoup de naïveté son personnage de victime de malédiction qui doit vendre son corps pour sacrifier un agneau et faire disparaitre ce mauvais sort. Ce road movie à scooter est très drôle, kitsch à souhait, évite le sordide, bon il ne tient pas la distance mais pour la première heure il vaut le déplacement. On l’aime cette Annapurna, le public lui a fait une ovation ! On peut le comprendre, elle était aussi devant l’écran !

Le grand moment de fiction de ces deux jours c’est quand même l’hallucinant, terrifiant, cauchemardesque, poétique Je Suis Frankelda de Rodolfo & Arturo Ambriz. C’est le premier film mexicain réalisé totalement en stop motion. C’est un scénario formidable : comment trouver l’équilibre entre la fiction et réel pour ne pas perdre pied ! N’est-ce pas le principe même du cinéma et disons-le du Festival de l’Étrange ? Ce conte baroque, mélodramatique, avec des fulgurances vertigineuses dans les déplacements des poupées d’une créativité inimaginable dans des décors incroyables qui laissent le spectateur pantois ! On espère qu’il sera distribué. Il y avait Les Noces Funèbres de Burton, on pourra dire qu’il y a aussi  Je suis Frankelda !  Mais pour nous le Festival ce sont les courts-métrages et on est friand de ces pépites de ces jeunes créateurs qui seront, on l’espère, ceux projetés dans les grandes salles du Forum. Tient il serait intéressant de savoir s’il y a des réalisateurs des réalisatrices qui sont passés de la salle de cent places à celle de 300 ou de 500 depuis que le l’Étrange existe, à creuser ! Il y a toujours les séries de films expérimentaux fait par ordinateur ou à la main, celui du Belge Gregory GrosjeanMountain of Disbelief est très beau, une matière évanescente envahit l’écran et génère des paysages imaginaires. L’animation est toujours aussi présente. The Masque of the Red Death du Belge (il y a beaucoup de court belge) avec des personnages qui s’agitent au son d’un orchestre dans une boîte de nuit, un hommage bien sûr à Roger Corman est passionnant.

On a adoré le film de la Tchèque Tereza Kovandova Humanity, avec des poupées en stop motion qui interprètent des personnages et des situations les plus anodines du quotidien et agaçantes (la queue dans un magasin, la salle d’attente, le conjoint qui ronfle…) et qui se terminent dans le sang ! La fiction est hallucinante d’imagination.

Deux Belges on fait forte impression. Dorian Jespers avec Loynes raconte l’histoire d’un procès au XIXème siècle en Angleterre d’un cadavre sans nom. On ne peut pas être plus dans l’étrange et c’est réalisé avec maestria. Le film est d’une drôlerie et d’un cynisme hallucinant. Un autre Victor Ruprich-Robert, pas tout à fait Belge, mais qui a fait ses études en Belgique a réalisé avec beaucoup de talent – pas évident de tourner dans une cuisine de restaurant – un court qui deviendra un long, Glute (24 minutes). Ça bouge dans tous les sens, on s’injurie, on passe les commandes, on apporte les plats en salle, on déconne, et là au milieu de ce tourbillon que suit avec efficacité la caméra, il y a un personnage, totalement décalé, absent, qui essuie des couteaux. Le stress est là, une ambiance étrange est créé…On essaye de comprendre, il faut se laisser emporter.. Même la fin est irréelle. Le long métrage sur ce sujet est prêt à être tourné…manque plus que les sous…là c’est une autre cuisine.

Une autre fiction tout aussi étrange est Haaw de l’Américain Joey Scoma. Dans une télécabine un couple de gens au regard vide prononce toujours ce mot haaw. Un homme face à eux, tout ce qui est de plus banal les regarde et ce met à se moquer de leur fils en prononçant ce mot…Il va s’en vouloir, car il va devenir comme eux , perdre la vue et prononcer ce mot mystérieux haaw. Voilà bien un court qui a sa place dans la sélection. La française Rony Efrat avec Failing Forward et l’IA a réalisé un film étonnant qui mélange sa propre réalité et celle inventée par l’IA pour se souvenir de moments vécus ou non. Très étonnant de la voir parler plusieurs langues parfaitement alors qu’elle ne les connait pas du tout ! C’est le cinéma de demain avec la fin des acteurs ! Terrifiant ! On termine quand même dans le sang avec le film du coréen Bareun Jo et des problèmes avec les voisins de dessus. Son film Floor se termine à coup de lattes, de couteaux et de mitraillette, pour pouvoir enfin dormir correctement ! Un bon bain de sang ça n’empêche pas de dormir ! Et oui c’est dans les courts que l’imagination est au pouvoir ! À suivre donc et Que l’étrange soit avec vous !

Pour toutes autres informations : https://www.etrangefestival.com

 

 

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