Le Festival vient de se terminer ce samedi 13 septembre 2025 et ces prix sont conforment à nos attentes
Grand Prix Nouveau Genre Canal+ et Prix du Public (La città proibita ) The Forbidden City
Gabriele Mainetti – 2025 – Italie
Compétition courts métrages Grand Prix Canal+ Glute Victor Ruprich – Robert – Belgique Prix du Public Playing GodMatteo Burani – France, Italie Bon, ces deux courts-métrages faisaient parties de nos préférences, même s’il y en avait beaucoup de leur niveau, Playing God était celui qui dépassait tous les autres, Glute, par la mise en scène de son réalisateur et sa direction d’acteurs n’est en fait qu’un teaser du futur long nous avait dit le réalisateur. On espère donc que Canal Plus va l’aider à monter son fim après ce prix. Pour le long, bien sûr on a tout de suite adhéré au film de Gabriele Mainetti. On a hésité en votant sur deux autres films de la compétition, celui de Cadet de Adilkan Yerzhanov et surtout Karmadonna du Serbe Aleksandar Radivojevic, une vraie claque de ces quinze jours de festival !
On lui aurait quand même donné le prix du public !
Il fallait oser. Aleksandar Radivojević l’a fait. On sort de Karmadonna avec la gueule de bois, les nerfs à vif et l’impression d’avoir avalé un cocktail de sang, de sermons divins et de cauchemars numériques. Tout cela secoué sans glace. On est malmené, parfois agressé, mais jamais caressé dans le sens du poil. On en ressort secoué, mais vivant ! Une femme enceinte sommée par une voix divine de tuer, sous peine de mort. Dit comme ça, cela ressemble à un délire de fin de soirée sous acide. (Qui se souvient de God Told Me To de Larry Cohen 1976). Mais Radivojević en fait un conte moderne aussi violent qu’un coup de poing, une parabole crasseuse sur la religion, le pouvoir et la soumission. Il ne se contente pas de choquer, il tente de mêler la cruauté, le surnaturel, la satire sociale, avec une esthétique qui ne veut pas être mignonne. La mise en scène coupe, cisaille. Les images sont sales, étouffantes, volontairement dérangeantes. Pas de filtre, juste du brut, du viscéral. Certains plans frôlent la provocation gratuite, mais c’est assumé : Karmadonna ne cherche pas à séduire, il veut gratter, blesser, marquer. Pas besoin de microscope : le contrôle religieux et technologique sur le corps des femmes, la violence invisible qui gangrène la société. Ce n’est pas subtil, ça vous tombe dessus comme une enclume. Mais parfois, il vaut mieux une enclume qu’une plume.
L’actrice hallucinante Jelena Đokić est l’oxygène du film. Elle incarne la terreur, la fatigue, la colère. On la croit parce qu’elle transpire le vrai. Son corps devient le terrain de guerre d’un scénario qui veut tout dire en même temps : maternité forcée, sacrifice, aliénation religieuse et politique. Pas mal pour une seule performance. Le film n’est pas pour tout le monde. Lourd, parfois indigeste, répétitif dans ses fulgurances hallucinées, il fatigue autant qu’il fascine. Certains y verront une longue punition. Radivojević prend le risque, et c’est tout à son honneur : mieux vaut cliver que lasser. Karmadonna est une bête indomptable : monstrueuse, bancale, mais bien vivante. Pas un film qu’on aime, pas un film qu’on déteste : un film qu’on subit. Et ça, mine de rien, c’est déjà beaucoup dans un paysage ciné saturé de produits aseptisés. Oufff…Bon reprenons notre souffle, La città proibita est un beau mélo, avec de beaux sentiments et puis il y a Patti Pravo, Mina, De André… dans la bande son, un film plus consensuel et ça aussi cela fait du bien dans cette époque trouble et troublée..Beinh oui il n’est n’est pas coupé à la serbe…encore que !
