AUDITORIUM DE RADIO FRANCE
Samedi 12 octobre 2019
Orchestre Philharmonique de Radio France
Ji-Yoon Park, violon solo
Mikko Franck, direction
Germaine Tailleferre : Petite Suite pour Orchestre
Arthur Honegger : Sonate pour alto et piano H28
Antoine Tamestit, alto
Franck Braley, piano
Darius Milhaud : Concerto pour alto et orchestre n°1 opus 108
Antoine Tamestit, alto
Francis Poulenc : Sonate pour clarinette et piano FP 184
Nicolas Baldeyrou, clarinette
Catherine Cournot, piano
Francis Poulenc : Gloria en sol majeur FP 177
Lauren Michelle, soprano
Chœur de Radio France
Martina Batic, chef de chœur
Troisième et dernier concert avec des compositions du groupe des six, c’était un concert très intéressant avec le fameux Gloria en apothéose. La salle était à moitié pleine, quel dommage car les musiciens méritaient le détour. D’abord, une mise en bouche avec une charmante suite de Germaine Tailleferre ; on aurait cru une musique écrite pour les films de Pagnol, elle date de 1957 mais à l’entendre on lui aurait donnée 10 ans de moins. Heureusement que Miles Davis était passé sur le plateau de Louis Malle car cette charmante compositrice devait envoyer à l’échafaud Maurice Ronet, quel chance pour le cinéma, la musique de film, pour Louis Malle et bien sûr pour Miles !
Antoine Tamestit a un son absolument impressionnant et avec le talentueux Franck Braley, ils ont sorti le maximum de cette sonate d’Honegger qui ne laissera pas un souvenir impérissable, mais le répertoire pour alto est bien mince et c’est tant mieux pour des artistes de la qualité de Tamestit que des compositeurs écrivent pour ce bel instrument. Avec le concerto de Milhaud Tamestit s’en est donné à cœur joie accompagné par un Philhar et un Franck en grande forme. Il y a toute une histoire autour de ce concerto et Hindemith qui était un piètre altiste tout comme Milhaud. Mais pratiquant cet instrument il a écrit une composition digne d’intérêt. Tamestit et son alto chantant ont redonné les couleurs de la Provence de cette partition bien sympathique.
Grace à ses trois concerts autour des six, on a pu apprécier les musiciens du Philhar. Le clarinettiste Nicolas Baldeyrou accompagné de la pianiste Catherine Cournot ont interprété une sonate de Poulenc. La clarinette est un instrument que les jazzmen apprécient et dans cette sonate écrite en 1962, les influences de cette musique sont évidentes. D’ailleurs c’est Benny Goodman qui l’a créée accompagné au piano par Bernstein dont lui même était pétri de jazz. Le deuxième mouvement curieusement flirte avec le thème de la troisième de Brahms joué très slow, et le dernier mouvement a des accents d’une vieille rengaine que Charlot a employée dans un de ses films et puis il y a un peu du Gloria, le Domine Deus. Tout cela est bien foutraque et Baldeyrou a bien du talent pour en donner une version cohérente.
Puis vint le chœur, le Philhar, Mikko Franck et une sculpturale vestale dans une tunique blanche avec une sorte de cape comme des ailes repliées, une sublime vierge noire. Concentrée elle attendait hiératique le Domine Deus, le troisième mouvement, pour s’envoler. Avec ce Gloria les instruments à vent jouent un grand rôle et Franck les fait sonner merveilleusement. Tout y passe dans cette grande symphonie chorale, la douceur, la joie, la solennité, même des échos de Stravinsky se font entendre – Laudamus te – Lauren Michelle, jeune soprano, a une voix angélique superbe, peut-être un peu trop retenue en fond de gorge dans ses finales, mais son bel aigu chaud a comblé le public. Mikko Franck peut se féliciter de ces trois concerts originaux avant que l’on d’entende Beethoven à tous les étages pendant toute la saison…Misere Nobis