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« AUDITORIUM DE RADIO FRANCE » : UN DIMANCHE DE PIANO

Audtorium de Radio France, Récital de Piano, dimanche 13 octobre 2019

Serge Rachmaninov : Variations sur un thème de Corelli opus 42

Vanessa Benelli Mosell, piano

Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales

Alain Planès, piano

Claude Debussy : En blanc et noir pour deux pianos

Yves Chauris : Mineral pianos, pour 2 pianos

Bertrand Chamayou, Jean-Frédéric Neuburger, piano

Ludwig Van Beethoven : Variations sur le ballet «  Das Waldmädchen » WoO71

Georges Enesco : « Pavane » extrait de la Suite pour piano n°2 opus 10

Sélim Mazari, piano

Johann Sébastian Bach : Concerto italien en fa mineur BWV 971

Philip Glass : Étude pour piano n°9

Vanessa Wagner

« Je hais les dimanches » chantait Juliette Gréco et Charles Trenet pensait que les enfants s’ennuyaient les dimanches. Après le MacDo papa ou maman monoparental, ne sait pas trop quoi faire de sa progéniture pour terminer le week avant de la ramener à maman ou papa…Mais ce dimanche 13 octobre, il y en a d’autres qui ont eut la riche idée d’emmener leur pré-ado écouter un extrait de récital de pianistes, oui il y avait de nombreux enfants dans les gradins de l’auditorium ! Ils étaient donc six ces pianistes, pas des manchots, pour interpréter des œuvres totalement différentes tant sur le fond que sur la forme. Ils ont fait le grand écart entre Bach à Chauris en passant par du romantisme pur jus, à l’élégante musique française du début du XXème siècle, à celle minimaliste américaine de ce même fin de siècle. Les questions qui viennent à l’esprit au cours de ce concert sont pourquoi vient-on encore voir un pianiste alors que les moyens d’écoutes chez soi sont innombrables et de très bonnes qualités et puis pourquoi aujourd’hui on compose encore pour cet instrument qui paraît si démodé face à ce qu’offre aujourd’hui la fabuleuse diversité « électronique » . Tout jouer sur un Steinway – cette normalisation de la mondialisation, du marketing – des compositeurs aussi divers que Bach, Beethoven, Debussy, Ravel n’est-ce pas le même contresens que de l’interpréter sur un synthé ou un Wurlitzer ? Pourquoi un jeune compositeur comme Yves Chauris emploie deux pianos, instrument d’un autre siècle, pour créer une œuvre du XXIème ? De Falla, Morricone, ont employé le clavecin avec une volonté de composer avec cet instrument pour sa sonorité si particulière, contrairement à Bach qui n’avait que ça à se mettre sous les doigts. On posera bientôt ces questions à ces compositeurs talentueux que sont Yves Chauris et Jean-Frédéric Neuburger.

Donc Pierre Charvet et Clément Rochefort nous ont offert une belle brochette de pianistes français qui vont dans l’année donner un récital ou jouer quelques œuvres avec orchestre.

Et bien sûr c’est une italienne qui a ouvert les hostilités avec du Rachmaninov, les variations sur le fameux thème de la Folia qui a inspiré Lully, Vivaldi, Liszt et bien d’autres. Ce thème envoutant le pianiste impressionnant qu’était Rachmaninov l’a mis à toutes les sauces et la non moins impressionnante Vanessa Benelli Mosell s’en est emparée. Comme souvent chez elle, c’est la technique plus que l’émotion qui l’emporte dans ses interprétations ; elle se laisse plus aller sur instagram que face à un clavier.

Avec Alain Planès et Ravel on était dans un autre cadre. Si cette œuvre avait choqué à l’époque, pour nos oreilles elle paraît très classique et sous les doigts de Planès elle ne manquait pas de raffinement et de poésie.

Bertrand Chamayou et Jean-Frédéric Neuburger, ont été parfaits dans le blanc et noir, tout en couleur de Debussy. C’est une palette sonore extraordinaire que ces deux amis ont su faire ressortir ; les frissons n’étaient pas loin à l’écoute de cette œuvre.

C’est avec la même émotion qu’on a ressentie en entendant la création mondiale de Yves Chauris, Mineral pianos. A partir de quelques notes égrenées à un déluge de notes et d’accords, Chauris a su cristalliser toute une gamme d’émotions bouleversantes. Ces trois amis pianistes ont réussi à être en parfaite osmose créatrice.

On peut toujours se poser la question de Bach au piano et comment redonner l’impression du clavecin sur un piano. Madame Wagner ne se pose pas la question, elle a son approche, à chacun de l’apprécier ou non,; jouer Glass n’entraîne pas la même problématique, il suffit d’être un(e) bon(ne) pianiste, c’est ce qu’est Vanessa Wagner.

Déjà Sélim Mazari en 2015 aux Pianissimes d’Olivier Bouley nous avait forte impression ; difficile de ne pas se souvenir de son récital, c’était le 13 novembre, jour funeste, le soir des attentats du Bataclan. Outre une belle technique il a une manière toute particulière de faire partager ses émotions. En jouant ces variations beethovéniennes mais surtout la « Pavane » d’Enesco il a eu à l’applaudimètre le succès mérité du public.

Quelle belle idée ce dimanche de piano pour que l’on ne haïsse plus les dimanches et que les enfants ne s’ennuyassent plus !

 

 

 

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