De Rome à Paris festival à l’Arlequin du 13 au 17 décembre 2019
Où en est le cinéma italien aujourd’hui ? Ce n’est pas avec ce festival qui vient de se terminer que nous pouvons répondre. Ce cinéma qui a été le plus important du monde par sa créativité, son originalité, n’arrive pas depuis la fin du XXème siècle à se relever. Il y a peu de réalisateurs qui font des films enthousiasmants et pour la plupart ils ont dépassé la cinquantaine (Virzi, 55ans, Garone, 51 ans, Moretti, 60 ans, Giordana, 60 ans, Sorrentino, 50 ans, Bellochio, 80 ans…). A ce festival nous avons vu un bon film de Mario Martone, 60 ans, Il Sindaco del Rio Sanita. C’est l’adaptation réussie d’une pièce d’Eduardo De Filippo magnifiquement interprétée et réalisée, Martone est surtout connu par ses mises en scène de Théâtre et d’Opéra. Mimmo Calopresti, réalisateur reconnu, 64 ans, a présenté un film au sujet intéressant – Aspromonte, la Terra degli Ultimi, la désertification d’un village en Calabre, mais hélas raté. D’autres films, assez médiocres, ont été sélectionnés pour ce festival tels que les films d’Alessantro Rossetto, 56 ans, de Francesca Archibugi, 59 ans, Federico Bondi, 44 ans. Leonardo D’Agostino, 32 ans, est le plus jeune sélectionné du festival, il a présenté son premier film, Il Campione, sur un champion de football qui a son intelligence au niveau des pieds. Il est interprété magnifiquement par Andrea Carpenzano, mais c’est quelque part un film très normatif. Il a les qualités d’un cinéma populaire, proprement écrit, réalisé, monté, bien joué ; il aurait pu être mis en scène hélas par n’importe qui et n’importe où. C’est peut-être là le problème : où est cette folie, cette créativité ? Le cinéma italien aurait-il perdu de sa superbe ? Est-il vieillissant ? Curieusement ce sont les documentaires qui étaient les plus passionnants. La Mafia non è piu quella di una Volta de Francesco Maresco, 61 ans, sur le 25 ans de l’assassinat de Falcon et Borsellino est un film ahurisant, iconoclaste, sans regard critique ! Il a reçu le prix du jury à la Mostra de Venise. Franco Maresco va à la rencontre des habitants, mais la loi du silence fait qu’il ne trouve personne capable de dire « non à la mafia » ! Les gens s’en foutent réellement de Falcone et Borsellino dans les quartiers populaires pendant que des jeunes ailleurs font la fête, une mascarade, pour cet anniversaire. Pour tourner ce documentaire qui ressemble à une fiction tant les situations sont grotesques, Maresco suit la photographe Letizia Battaglia qui a dénoncé la mafia et Ciccio Mira, organisateur de spectacles musicaux « néomélodiques » qui n’a pas tout à fait perdu son passé d’ardent défenseur de la mafia. Tout est dérisoire dans ces situations tragi-comiques et ce documentaire montre que la mafia sera toujours éternelle et dangereuse. Un autre docu-fiction, Il Varco, est aussi passionnant sur un soldat italien qui en 1941 est parti sur le front soviétique. A partir de véritables archives et avec un montage superbe Michele Manzolini, 30 ans, & Ferderico Ferrone, 38ans, ont construit intelligemment ce drame qui est une fiction. Une autre surprise dans le documentaire c’est celui qu’a réalisé D’Elisa Amoruso, 38 ans, Bellissime, une réflexion sur la beauté, le culte de l’apparence à partir de jeunes beautés, étrange. Alors les jeunes réalisteurs(trices) s’intéressent plus aux documentaires qu’à la fiction ? Espérons qu’au treizième festival nous aurons le plaisir de voir la nouvelle génération et le renouveau de ce cinéma qu’on a tant aimé !