L’ÉTRANGE FESTIVAL
du 2 au 13 septembre 2020
Forum des Images
2 rue du cinéma (Les Halles)
75001 Paris
Quelle est cette légende que les jeunes n’aiment pas les films en noir et blanc et muet ? Pour la projection des Larmes de Clown le premier film de la MGM réalisé par Victor Sjöström en 1924, la grande salle du Forum était pleine d’un jeune public. Il a fait un triomphe à Serge Bromberg qui a accompagné les 71 minutes du film au piano. Lon Chaney, Nora Shearer, John Gilbert, Irving Thalberg la crème de Hollywood ont participé à ce film mythique! He Who Gets Slapped, le titre original, a influencé grandement Joker de Todd Phillips. On peut le revoir à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé (voir papier sur le site). Alors quels films ont attiré l’attention du public et la notre. Le prix du public a été attribué à une comédie sympathique Kajillionaire de Miranda July. Il sera sur les écrans nationaux le 30 septembre 2020. Deux courts-métrages ont été récompensés, Amandine de Juan Carlos Mostaza et Nuage de Joséphine Darcy Hopkins.
Le grand prix est revenu à Tomiris, un film consensuel, une super production du Kazakhstan réalisée par Akan Satayev, une épopée très agréable à regarder avec une remarquable héroïne. La belle surprise de cette deuxième semaine est le film du talentueux Vincent Paronnaud Hunted. En partant d’un scénario assez classique d’un serial killer, il arrive à détourner les codes. Il propose un slasher panthéistes où la nature joue un rôle important. Les trois acteurs, Lucy Debay, Arieh Worthalter, Kevin Van Doorslaer sont formidables. Humour, horreur sont au rendez-vous avec des clins d’œil Á La Nuit du Chasseur, Le Petit Chaperon Rouge, Peeping Tom…On espère que Hunted va bientôt être distribué. Quelques films malgré une bonne idée de scénario ne sont pas aboutis (Random Acts of Violence de Jay Baruchel par exemple). C’est dans les courts-métrages qu’on a souvent de bonnes surprises (His Mother de Dawid Krepski, America d’Horia Cucuta &George Ve Gänaeaard, Smiley Death Face d’Andrew Patrick Torrez, No, I Don’t Want ToDance ! d’Andrea Vinciguerra, Tienminutengesprek de Jamille Van Wijngaarden, Shhh de Jonathan Mordechay…). La carte blanche étonnante, intelligente de Marjane Sartapi nous a fait découvrir des films surprenants. Outre les classique Tommy de Ken Russell, Hamburger Film Sandwich de John Landis, on a découvert un film iranien d’avant les barbus, comme le disait Marjane, Prince Ehtejab de Bahman Farmanara qui date de 1974. C’est un film d’une audace incroyable avec des scènes sexuels, blasphématoires, morbides. Le film espagnol La Niña de Fuego de Carlos Vermut est aussi très troublant et un excellent choix pour le Festival.
L’étrangeté était aussi très présente avec la trilogie Taisho de Seijun Suzuki. Elle s’est étalée sur plus de dix ans. Sûrement Linch la connaissait. Films concepts, il fallait se laisser aller sans trop chercher à comprendre. Yumeji au niveau formel est exceptionnel et quelle surprise d’entendre la mélodie de Shigeru Umebayashi qu’a repris Wong Kar-Wai dans In The Mood For Love (Yumeji’s Theme).
C’est par un thriller politique L’Homme du Président de Min Ho Woo que cette 26ème édition de L’Étrange Festival s’est terminée.
Il a été une réussite malgré tous les problèmes de programmation, sanitaires qu’a posés ce virus digne d’un film. Le public toujours friand de ce genre de spectacle était au rendez-vous et on peut dire même si la jauge des salles étaient divisées par deux, toutes les séances étaient complètes ! Pas de problème la 27ème édition sera déjà un succès !
