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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA VERDI 2 – ERNANI

ERNANI de Giuseppe Verdi

Ernani est un opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi sur un livret de Francesco Maria Piave tiré de la pièce de Victor Hugo Hernani et créé au Teatro La Fenice de Venise le 9 mars 1844 avec un grand succès.

En 1842, Nabuchodonosor triomphe à la Scala de Milan. Commence alors une période que le musicien qualifia lui-même d’ « années de galère » au cours desquelles, tout en se débattant dans des préoccupations matérielles et commerciales, il s’efforce de se faire un nom en multipliant les créations : I Lombardi alla prima Crociata (1843), Ernani (1844), I due Foscari  (1844).

Il y a une image qui colle à la peau de Verdi. Il aurait été un barde claironnant les combats de la nation, avec son style emphatique, une sorte d’Hugo de l’opéra. Le choeur des juifs de Nabucco soupirant après leur patrie accrédite ce préjugé. Il n’en est rien, c’était un homme plus secret, casanier qui a toujours vécu dans les environs où il était né à  Roncole à deux pas de Busseto. Busseto n’a guère compté dans l’histoire politique sinon par les deux séjours de Charles Quint, une fois pour concéder à la ville les privilèges d’une cité libre, une seconde fois pour rencontrer le pape Paul III, dont Titien en a fait une fresque. Verdi mettra deux fois Charles Quint en scène: jeune monarque dans Ernani puis son ombre spectrale dans Don Carlo

Ernani est sans aucun doute l’un des opéras des années dites « de galère » les plus accomplis du compositeur. S’y amorce déjà le virage des années 1850, qui verra l’abandon des grandes fresques historiques au profits de drames mettant avant tout en jeu les passions humaines. La partition est d’une remarquable homogénéité d’inspiration, et le sens du drame y éclate à chaque acte, en particulier dans le troisième acte, remarquablement construit. L’air d’entrée d’Elvira est irrésistible de lyrisme et d’allant ; le rôle d’Ernani annonce les grands rôles de ténor romantique, tel le Manrico du Trouvère. Enfin, après Nabucco et avant  Rigoletto ou Simon Boccanegra, Don Carlos dans Ernani permet à Verdi d’affirmer son amour pour la voix de baryton à qui il confie deux des plus belles pages de l’œuvre : « O de’ verd’anni miei » et « O sommo Carlo » à l’acte III.

« Écoutez l’histoire que voici : Trois galants, un bandit que l’échafaud réclame, Puis un duc, puis un roi, d’un même cœur de femme, Font le siège à la fois. L’assaut donné, qui l’a ? C’est le bandit »

Ces lignes figurent au début du cinquième acte de l’Hernani de Victor Hugo. Cependant à la fin de la pièce on découvre qu’il n’y a pas de vainqueur. C’est la mort ou la solitude qui attend les héros. Les drames de Hugo sont des variations sur le héros romantique. Il dépeint les passions. Dès 1830, le nom de Hugo était très connu. Pour les auteurs d’opéra c’était une véritable mine d’or. Pour Verdi c’était la première fois qu’il se trouvait devant une œuvre littéraire célèbre et respectée. Ces précédents opéras faisaient largement usage d’artifices de la scène lyrique.

Avec Piave jeune librettiste débutant que La Fenice lui avait recommandé, il l’obligea à être concis et de resserrer le drame de Hugo. Piave se plia à tous les désirs du maître et c’est sur la musique qu’il écrivit pratiquement le texte ou du moins sur la conception qu’en avait Verdi. Ce tandem a considérablement transformé la pièce (diminution des actes, des personnages) et met tout au début de l’opéra le conflit fondamental, Don Carlos et Ernani se reconnaissent immédiatement et Doña Sol, ici Elvira, sait dès le départ que c’est le roi qui la poursuit de ses assiduités. Les considérations politiques sont supprimées, le compositeur a mis toute sa force créatrice au service de la présentation humaine et sentimentale des quatre personnages principaux. Ernani est un drame du destin. La funèbre musique du cor sert de motif fondamental à l’opéra. C’est par elle que commence le prélude, c’est elle qu’on entend lors du serment d’Ernani, et elle figure aussi en filigrane dans la scène finale. Verdi a intégré ce signal de cor à la musique de son opéra comme une devise, une citation. Son caractère totalement étranger à l’univers mélodique du bel canto fait que dans la scène finale, une seule note soutenue du cor suffit à nous faire frissonner avec Ernani en entendant son funeste message, malgré l’absence de texte. C’est là que le compositeur parvient de la manière la plus réussie à la condensation qu’il désirait tant. La majeure partie de la musique de l’opéra consiste en arias, duos et ensembles réduits correspondant aux rencontres et à l’état d’âme des personnages. Les moyens utilisés par Verdi n’ont pas encore la richesse et la variété de forme des compositions écrites plus tard, mais s’écartent plus hardiment des schémas de son époque à l’échelle de la scène ou de l’acte.

L’action: elle se déroule en Espagne et à Aix-La-Chapelle en 1519

Acte I – Le Bandit

Dans les montagnes d’Aragon et au château de Don Ruy de Silva

Ernani, en réalité Don Juan d’Aragon, est le chef d’un groupe de bandits avec lesquels il veut soulever une révolte contre le roi Don Carlos pour le détrôner et venger le meurtre de son père. Il se rend en secret au château de Silva pour rencontrer la nièce de celui-ci, Elvira, avec laquelle il partage de tendres sentiments bien qu’elle soit déjà promise à son oncle. Don Carlos, lui aussi amoureux d’Elvira se trouve déjà là incognito. Elvira le reconnaît mais le repousse et face à son insistance n’hésite pas à se saisir d’un poignard pour défendre son honneur. Ernani fait irruption pour protéger Elvira mais le roi le reconnaît et l’exhorte à la fuite. Silva entre à son tour à l’improviste, indigné par l’attentat à son honneur commis par Don Carlos mais il reconnaît le roi et lui rend hommage. Don Carlos permet finalement à Ernani de s’échapper.

Acte II – L’Hôte

Au château de Don Ruy de Silva. La révolte dirigée par Ernani échoue. Il demande l’hospitalité, travesti en pèlerin, au château de Silva. Celui-ci lui annonce qu’il va épouser Elvira. Ernani bouleversé révèle sa véritable identité et offre sa tête en cadeau de noces. Don Carlos poursuit Ernani jusqu’au château de Silva mais celui-ci, lié par les lois de l’hospitalité, cache le bandit. Don Carlos quitte alors le château en exigeant qu’Elvire le suive. Ernani décide alors de révéler à Silva que Don Carlos est également amoureux d’Elvire et l’exhorte à le laisser venger l’offense faite à son honneur. Ils concluent ensemble un pacte : Ernani remet un cor à Silva, il lui suffira, lorsqu’il décidera qu’Ernani doit mourir, d’en sonner trois fois.

Acte III – La Clémence

À Aix-la-Chapelle

Les deux conjurés se rendent à Aix-la-Chapelle sur la tombe de Charlemagne mais ils ont été précédés par Don Carlos qui revendique le trône impérial. Ernani et Silva décident de le tuer et tirent au sort pour savoir qui exécutera la sentence : ce sera Ernani. Après un nouveau serment entre Ernani et Silva, Don Carlos maintenant empereur apparaît avec sa suite et décrète la mort des deux conspirateurs. L’intervention d’Elvire fait céder Don Carlos qui accorde la main de la jeune femme et la vie sauve à Ernani. Silva médite sa vengeance.

Acte IV – Le Masque

À Saragosse

Au château de Don Juan d’Aragon, les préparatifs du mariage battent leur plein. Pendant que tous s’abandonnent à la joie, on entend sonner le cor. C’est Silva qui fait valoir le serment. Ernani après avoir évoqué sa vie misérable se poignarde et Elvira s’effondre à son tour sur son corps inanimé.

1982 – La Scala de Milan – Ernani : Placido Domingo, Elvira: Mirella Freni, Don Carlos: Renato Bruson, Don Ruy Gomez di Silva: Nicola Ghiaurov, Chœur et Orchestre de La Scala, Milan , direction Riccardo Muti, mise en scène Luca Ronconi

 

Bonus : Leona Mitchell, Sherrill Milnes, Luciano Pavarotti, Metropolitan Opéra 1983, direction: James Levine

 

 

 

 

 

 

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