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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA VERDI 1 – NABUCCO

NABUCCO de Giuseppe Verdi

Nabucco (titre initial : Nabuchodonosor) est un opéra en quatre actes sur un livret de Temistocle Solera tiré du Nabuchodonosor un drame d’Auguste Anicet-Bourgeois et de Francis Cornu. Il a été créé le 9 mars 1842 à la Scala de Milan. Cet opéra est chargé de légendes et participe à l’histoire même de l’unité italienne (1861). Après le congrès de Vienne en 1815 le nord de l’Italie est sous domination autrichienne. En 1821 commence alors les insurrections piémontaises. Entre 1848 et 1849 le Piémont qui rêve de l’unité italienne déclare la guerre à l’Autriche, ce sera un échec. La région de Venise et de Milan restera sous domination autrichienne. L’épisode biblique de l’esclavage des Hébreux à Babylone auxquels s’identifiait la population milanaise alors sous l’occupation autrichienne est incarné par le célèbre chœur Va, Pensiero . L’air du chœur des esclaves hébreux fut à plusieurs reprises proposé pour hymne national de l’Italie.

Alors Verdi est un compositeur engagé ?. À l’époque où le compositeur écrit la musique de Nabucco, rien n’est moins vrai. Selon Pierre Milza, historien, si Nabucco peut être considéré comme le premier des opéras patriotiques de Verdi, ni le public milanais, ni vraisemblablement le compositeur lui-même n’ont eu immédiatement conscience du message révolutionnaire dont il était porteur et l’auteur ajoute : En 1842, rares sont ceux qui militent la cause libérale et nationale. Ce serait en 1846, à Bologne, que les premières manifestations patriotiques  se seraient produites. Pierre Milza affirme, par ailleurs, que ce n’est pas Verdi qui a conçu la pièce, pas même l’écriture des paroles, mais le librettiste Solera et que cet opéra et d’autres ont participé à l’éveil du sentiment national italien et à l’émergence de l’esprit de 1848.

Giuseppe Fortunino Francesco Verdi né Joseph Fortunin François Verdi le 10 octobre 1813 à Roncole et mort le 27 janvier 1901 à Milan. Son œuvre, composée essentiellement d’opéras, unissant le pouvoir mélodique à la profondeur psychologique et légendaire, est l’une des plus importantes de toute l’histoire du théâtre musical. Peu engagé politiquement, il a cependant autorisé l’utilisation de son image et de ses œuvres dans le processus de réunification de la péninsule italienne et demeure de ce fait, aux côtés de Garibaldi (autre image fantasmée) et de Cavour, Mazzini, figures emblématiques du Risorgimento. Jusqu’aux années 1840, l’opéra italien était dominé par le belcanto, l’art des ornements et des fioritures, indépendant de toute vérité dramatique. Un art d’esclaves, un art efféminé et honteux, soutenaient les futurs artisans de l’unité nationale et en particulier Guiseppe Mazzini auteur en 1835 de La Philosophie de la Musique un essai contre Rosini, Bellini, et Donizetti.

Il aspire à un opéra plus social capable d’exprimer les ferments patriotiques. Verdi par sa conception plus virile de l’opéra en faisant du ténor un être plus mâle devenait l’étendard de toute une jeunesse italienne. Viva Verdi deviendra un cri de ralliement pour les Italiens car le nom de Verdi était les lettres pour dire Victor Emanuel Rey D’ Italia ! Derrière le Verdi public dont les images encombrent les places italienne, se cache un Verdi plus secret….

Au-delà de l’aspect politique (les Hébreux représentant le peuple italien opprimé par l’Autriche), la critique a montré que Nabucco est, partiellement au moins, une splendide variation musicale sur la folie du roi Saul d’Alfieri, qui avait déjà inspiré Verdi dans son adolescence (I deliri di Saul, cantate perdue)

Première partie : Jérusalem – Temple de Salomon vers 587 av. J.C.

Remplis d’angoisse et de terreur, les Hébreux supplient le Seigneur de leur venir en aide face aux troupes babyloniennes. Le grand prêtre Zaccaria a pris en otage Fenena, fille de Nabucco roi de Babylone. Ismaël, neveu du roi des Hébreux, annonce que l’avance de Nabucco et de ses soldats ne connaît désormais plus de frein. Ismaël et Fenena, secrètement amoureux l’un de l’autre, lui rappelle comment elle l’avait fait évader de prison à Babylone lorsqu’il s’y était rendu comme ambassadeur. Maintenant, c’est lui qui est résolu à la libérer à son tour et à fuir avec elle. Les deux jeunes gens sont en train d’organiser leur fuite quand pénètre dans le temple Abigaïlle, fille supposée de Nabucco, à la tête d’une troupe de Babyloniens déguisés en Hébreux. Aussi amoureuse d’Ismaël, Abigaïlle est prête à sauver le peuple hébreu si Ismaël la préfère à Fenena. Nabucco, à la tête de son armée, ayant osé faire irruption dans le temple et décidé de piller la ville, Zaccaria menace de tuer Fenena. Ismaël s’interpose, retient la main de Zaccaria et délivre Fenena. Nabucco donne alors l’ordre de piller le temple et d’emprisonner les Hébreux. Zaccaria et les Hébreux maudissent Ismaël qui, en délivrant Fenena, a trahi la patrie.

Deuxième partie : Le Palais de Babylone

Seule dans les appartements royaux, Abigaïlle tient dans ses mains un parchemin volé à Nabucco, et qui témoigne de ses origines humbles d’esclave. Maintenant, Abigaïlle est déterminée à tout faire pour s’emparer du trône. Ismaël, convoqué par le grand prêtre pour répondre de sa trahison, est maudit par les Lévites, mais Anna, la sœur de Zaccaria, le défend : le jeune homme n’a en effet pas sauvé la vie d’une infidèle, mais celle d’une Juive, puisque la fille du roi ennemi s’est convertie depuis à la religion hébraïque. Abigaïlle fait irruption sur la scène avec son entourage et demande à Fenena la couronne, mais Nabucco, que l’on croyait mort dans la bataille, arrive et se saisit de la couronne. Puis il commence à se moquer du Dieu Belos, qui a poussé les Babyloniens à le trahir, puis du Dieu des Hébreux. À la suite de la déclaration de Fenena qui divulgue sa propre conversion, il lui demande de façon imposante de s’agenouiller et de l’adorer, non pas comme un roi, mais comme un Dieu, un Dieu unique, et menace de mort Zaccaria et les Hébreux s’ils ne se plient pas à sa volonté. Immédiatement après, le Dieu des Hébreux lui lance un éclair à la tête, la couronne tombe au sol, et le roi commence à montrer des signes d’aliénation mentale. La couronne tant convoitée est rapidement recueillie par Abigaïlle.

Troisième partie : Les Jardins suspendus de Babylone

Abigaïlle, assise sur le trône à côté de la statue d’or de Belos dans les jardins suspendus de Babylone, reçoit l’hommage de ses sujets. À l’arrivée du roi déchu, vêtu d’humbles vêtements et l’air égaré, l’usurpatrice change d’attitude et s’adresse à lui avec une arrogance ironique et donne l’ordre de le reconduire dans ses appartements. Elle le prévient qu’elle est désormais la gardienne de son siège et l’invite péremptoirement à apposer le sceau royal sur la sentence de mort des Hébreux. Mais il est pris d’un doute : qu’en sera-t-il de Fenena ? Abigaïlle, implacable, lui affirme que personne ne pourra sauver sa fille et lui rappelle qu’elle aussi est sa fille. Mais le roi lui révèle qu’elle est seulement une esclave. Elle tire de son sein le parchemin qui atteste son origine et le réduit en lambeaux. Le roi, trahi et détrôné, en entendant le son des trompes qui annoncent l’imminence du supplice des Hébreux, appelle ses gardes, mais ceux-ci viennent l’arrêter, obéissant aux ordres de la nouvelle reine. Nabucco demande en vain à Abigaïlle un geste de pardon et de pitié pour la pauvre Fenena. Sur les bords de l’Euphrate les Hébreux, vaincus et prisonniers, se rappellent avec nostalgie et douleur leur chère patrie perdue.

Seul dans une salle du palais, Nabucco se réveille d’un cauchemar en entendant des cris et, les prenant pour des appels à la guerre, rassemble ses preux pour marcher sur Jérusalem. Entendant en lui d’autres voix qui répètent le nom de Fenena, il s’avance à la fenêtre et voit avec horreur sa fille enchaînée. Désespéré, il court à la porte, tente en vain de l’ouvrir et, se rendant enfin compte qu’il est prisonnier, s’adresse au Dieu de Juda pour invoquer son aide et implorer son pardon. Comme en réponse à sa prière surgit son fidèle officier Abdallo avec une poignée de soldats. Abdallo lui restitue son épée et lui offre de l’aider à reconquérir son trône. Dans les jardins suspendus de Babylone passe le triste cortège des Hébreux conduits au supplice. Zaccaria rassure Fenena en l’incitant à conquérir la palme du martyre. L’atmosphère mystique est troublée par l’arrivée de Nabucco qui, à la tête de ses troupes, ordonne de briser la statue de Belos. « Miraculeusement », l’idole tombe d’elle-même. Tous crient au « divin prodige », Nabucco redonne la liberté aux Hébreux, annonce que la perfide Abigaïlle s’est empoisonnée et ordonne aux Hébreux de construire un temple pour leur dieu grand et fort, seul digne d’être adoré. Pendant que tous, Hébreux et Assyriens, s’agenouillent et invoquent l’« immense Jéhovah », entre Abigaïlle soutenue par deux guerriers : elle confesse sa faute et implore le pardon des hommes et de Dieu avant de tomber inanimée. Zaccaria adresse à Nabucco la dernière prophétie : « Servendo a Jeovha sarai de’ regi il re ! » (En servant Jéhovah, tu seras le roi des rois !).

La perte de ses enfants, de sa femme, quelques années auparavant, le succès absent de ses premiers opéras, mettent Verdi dans un état de désespoir et il veut tout abandonner, au bord du suicide. Mais sur l’insistance de Merelli, le directeur de la Scala, qui lui donne un livret, Verdi s’y attelle. Merelli s’enthousiasme sur le résultat et le 9 mars 1842 à la Scala de Milan Nabucco fait un triomphe! Ce sera le même triomphe à la deuxième représentation, puis aux suivantes. Prévu pour huit représentations, Nabucco en atteindra 57 en trois mois, un record absolu et inégalé, pour la Scala ! Ma carrière a vraiment commencé avec Nabucco, dira Verdi quelques années plus tard. Après le terrible fiasco d’Un jour de règne près de deux ans plus tôt, c’est un règne de près de soixante ans, jusqu’à sa mort en 1901, qui débute pour Verdi.

1987 – Théâtre de La Scala de Milan – Nabucco : Renato Bruson, Abigaille : Ghena Dimitrova, Zaccaria : Paata Burchulatze – Fenena : Raquel Pierotti, Ismaele : Bruno Beccaria – Chœur et Orchestre de La Scala sous la direction de Ricardo Muti, mise en scène de Mauro Carosi

Bonus : Œuvre symbole de l’unification de l’Italie, Nabucco est donné sous la direction de Riccardo Muti le 12 mars 2011 au teatro delle Opera di Roma en présence de Giorgio Napolitano, président de la République italienne et de Silvio Berlusconi, président du Conseil, à l’occasion du 150éme anniversaire de l’Unité italienne (17 mars 1861). Cette représentation de Va, pensiero donne lieu à des réactions de la salle, auxquelles réagit Riccardo Muti qui accorde exceptionnellement un bis du chant et demande à l’assistance de se joindre au chœur.

 

 

 

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