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«  VIVA L’OPÉRA » VIVA VERDI 5- LUISA MILLER

LUISA MILLER de Giuseppe VERDI

Luisa Miller est un opéra en trois actes. C’est le quatorzième du compositeur. Il est alors âgé de 36 ans. La première a eu lieu au Teatro San Carlo de Naples le 8 décembre 1849. Il est considéré comme un tournant dans le style verdien.

Le librettiste est Salvatore Cammarano (1801-1852). Il a supplié Verdi de le prendre « tendez une main secourable à un artiste, à un père de famille… Le cœur inondé de larmes, à genoux comme en présence de Celui qui donne tout bien, moi et mes fils nous attendons cette grâce… », il faut préciser que la situation du librettiste était précaire et qu’il avait six fils à sa charge. C’est pour cela, principalement, qu’il fut choisi par Verdi qui lui commanda un livret. Ainsi furent créés La Battaglia di Legnano (27 janvier 1849 à Rome) et Luisa Miller d’après Kabale und Liebe de Fredrich von Schiller.

Au début, le projet de Verdi n’était pas de réaliser un opéra d’après Kabale und Liebe mais un opéra héroïque du même type que La Battaglia di Legnano ayant pour cadre le siège de Florence de 1529 et dont le titre aurait été Assedio di Firenze, tandis que Piave, à qui Verdi avait déjà proposé le sujet, suggérait pour titre Maria de’ Ricci et Cammarano Niccolo dei Lapi. Mais le projet déplut à la censure napolitaine à cause de la tension politique qui régnait, du siège de Venise, de l’occupation de Rome et de la défaite des Piémontais. Ce pourquoi Verdi et Cammarano se rabattirent sur Kabale und Liebe qu’il avait déjà évoqué comme support possible avant que n’intervienne la censure. Il s’agissait du troisième opéra de Verdi inspiré d’une œuvre de Schiller. La première avait été Giovanna d’Arco, la seconde I Masnadieri. Schiller l’inspirera une quatrième fois dans Don Carlos. Si l’on compare le livret à la pièce de Schiller, on se rend compte que certains passages de Luisa Miller durent être modifiés à cause de la menace de censure qui planait sur l’opéra de l’époque. Tous les passages politiquement explosifs furent systématiquement rayés. Ferdinando dut devenir Rodolfo puisque le Roi des Deux-Siciles de cette époque s’appelait Ferdinand. En outre, certaines scènes de chœurs durent être créées, exigeant la transplantation de certains passages à l’extérieur, contrairement à l’écrit de Schiller. Ces modifications furent d’ailleurs accueillies avec sévérité par les critiques français: « M. Cammarano a dépouillé la fable de Schiller de tous détails de temps, de lieux et de mœurs locales qui en font l’intérêt, et a pris tout simplement la charpente dramatique, qu’il a transportée où l’on voudra, en Suisse par exemple, vers le commencement du XVIIe siècle […] Il résulte de cet appauvrissement d’incidents et d’épisodes caractéristique […] un ennui qui vous saisit dès les premières scènes et ne vous quitte plus jusqu’à la fin de la pièce » . Au terme de ses années de galère, Luisa Miller marque un moment fondamental dans l’évolution stylistique de Verdi. Sa pensée musicale se fait plus raffinée et sa dramaturgie s’oriente vers une recherche approfondie et subtile de la psychologie des personnages toujours plus liée à la dimension bourgeoise et plus éloignée des préoccupations patriotiques exprimées à grand renfort d’éclatantes manifestations collectives. Mais ce qui occasionne le trouble du public napolitain se situe dans le continuum musical, et dans l’importance accordée au sens des mots plutôt qu’à leur son. Luisa Miller est une œuvre de transition juste avant la trilogie de la maturité, Rigoletto, La Traviata, Il Trovatore. Il est à ce titre révélateur que le librettiste, Salvatore Cammarano, soit à la fois l’auteur du livret de Lucia di Lammermoor et de celui d’Il Trovatore. Car si l’on retrouve encore une forme un peu figée héritée du passé (avec l’inaltérable couple aria-cabalette), l’œuvre laisse très largement deviner le Verdi de la maturité, avec des caractères moins monolithiques (le personnage de Miller par exemple), de longues scènes où le compositeur varie les climats. On peut donc dire que Luisa Miller est une nette rupture avec les œuvres de jeunesse par des idées nouvelles.

L’Argument 

Acte I : L’amour

Luisa, fille de Miller, aime et est aimée de Carlo, un jeune homme rencontré au village. Lorsque Wurm, un courtisan également épris de Luisa, demande à Miller la main de sa fille, celui-ci lui répond alors qu’il ne peut engager sa fille contre sa volonté. Vexé, Wurm lui révèle la véritable identité de Carlo : il s’agit de Rodolfo, fils du comte Walter. Wurm va au château apprendre au comte l’amour de Rodolfo pour la fille d’un soldat retraité. Or, le comte avait prévu de marier son fils à sa nièce Federica, duchesse d’Ostheim ; il demande donc à cette dernière d’en informer Rodolfo. Mais, une fois seul avec elle, Rodolfo lui confesse qu’il aime une autre femme dans l’espoir que la comtesse renonce à lui ; or celle-ci est trop profondément éprise de Rodolfo pour comprendre. Rodolfo se rend alors chez Miller pour voir Luisa, qui a appris de son père la véritable identité de celui qu’elle aime ; il lui déclare alors à genoux qu’il l’aime et qu’il veut être son époux. Sur ce, entre Walter, qui ordonne l’arrestation de Miller et de sa fille. Son fils le menace de révéler certaines de ses fraudes pour parvenir à ses fins. Effrayé, le comte libère Luisa, mais Miller reste captif.

Acte II : L’intrigue

Miller est en prison et est promis à une exécution. Wurm se rend alors chez Luisa pour conclure avec elle un odieux marché : son père sera libéré à la seule condition qu’elle écrive une lettre déclarant son amour pour lui et annonçant qu’elle s’était jouée de Rodolfo. Au château, Wurm rappelle à Walter comment celui-ci a pris le pouvoir en tuant son propre cousin. Rodolfo ne le sait que trop bien, puisqu’il a recueilli les derniers soupirs du comte, gisant sur la route. Luisa est menée à la duchesse pour lui certifier qu’elle n’aime pas Rodolfo. Dans son appartement, Rodolfo lit la lettre de Luisa et provoque Wurm en duel, mais celui-ci évite la confrontation en déchargeant son pistolet en tirant en l’air. Le comte Walter conseille à Rodolfo de se venger en épousant Federica.

Acte III : Le poison

Alors que l’on peut entendre les échos du bruit du mariage de Rodolfo et Federica, Miller rentre chez lui. Luisa est bien décidée à partir, mais son père réussit à la persuader de rester avec lui. C’est alors que Rodolfo entre dans la maison et verse du poison dans un verre. Puis, il demande à Luisa si elle a réellement écrit la lettre, ce à quoi elle répond  oui. Rodolfo l’invite alors à boire avec lui, après quoi il lui révèle qu’ils sont condamnés. Avant d’expirer, Luisa lui révèle qu’elle l’a toujours aimé lorsque surviennent Wurm et Walter. Dans un dernier élan, Rodolfo transperce la poitrine de Wurm et s’effondre.

1980 – Londres, Royal Opera House, Covent Garden – Miller : Renato Bruson, Luisa : Katia Ricciarelli Rodolpho Placido : Domingo Le Conte Walter : Gwynne Connell, Laura : Anne Wilkens, Wurm : Richard Van Allan, Ferderica d’Osthein : Elisabeth Connell, Un paysan : John Carr, Chœur et Orchestre du Royal Opera House, direction : Lorin Maazel, Mise en scène :Brian Large

Bonus: Central Park, New York, Luciano Pavarotti : Oh Fede negar potesse…Quando le sere

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