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« UNE COMPOSITRICE et quelques COMPOSITEURS » : Caroline BOISSIER –BUTINI….BEETHOVEN, RACHMANINOFF, REINHARD, CHESNEAU…

Caroline BOISSIER –BUTINI Gallo CD 1627

– Concerto pour piano et Orchestre n°5  « Irlandais »

– Concerto pour piano, flûte obligée et cordes n°6 « Suisse »

– Divertimento en trio pour clarinette, basson et piano

Ensemble Le Moment Baroque, direction Jonathan Nubel, Adalberto Maria Riva, piano, Sarah van Cornewal, traverso, Pierre-andré Taillard clarinette, Rogério Gonçalves, basson

Aujourd’hui, Caroline Boissier-Butin (1786-1836) est considérée comme l’une des toutes premières femmes compositrices d’importance. On peut rappeler les quelques compositrices de la même époque :

Marie Bigot de Morogues (1786-1820) – Fanny Hensel-Mendelssohn :1805-1847 – Clara Schumann: 1819 – 1896)
puis suivront : Cécile Chaminade: 1857-1944 – Ethel Smiyth: 1858 – 1944

Alors découvrons donc cette femme d’exception :
Caroline Boissier-Butini est née le 2 mai 1786 à Genève dans une famille bourgeoise, à une époque influencée par J.-J.- Rousseau qui préconisait la même éducation pour les garçons et les filles. Son père (Pierre Butini), un médecin de renommée européenne et mélomane, favorise l’épanouissement des dons musicaux de sa fille qui écrit dans son journal: « À 20 ans j’ai consacré un tiers de ma vie à la musique ». Bien qu’à l’époque une femme de la bonne société ne se produisait pas sur les planches, Caroline Boissier-Butini recevra les louanges de musiciens très en vogue lors de son voyage à Paris en 1818, dont Marie Bigot. Elle peut être considérée comme précurseur de l’ethnomusicologie. En 1811, dans une lettre à une amie, elle décrit comment elle transcrit les chansons qu’une habitante de Valeyres (commune proche d’Yverdon-les-Bains) lui a chantées. On retrouve, la chanson irlandaise Barney Brallaghan dans son 5e concerto «Irlandais» ou les thèmes du Ranz des vaches (chants à cappella traditionnels des bergers du canton de Fribourg)  dans son sixième concerto pour piano, flûte et cordes intitulé «Suisse», ou encore, dans sa pièce pour l’orgue, le Cé què l’aino, ou Chant de L’escalade, devenu hymne genevois. En cela, elle inspire le jeune Mendelssohn, puis Liszt, qui donna des leçons de piano à Valérie, la fille de Caroline, et qui fut par ailleurs impressionné par le talent et la virtuosité de la maman. Femme d’avant-garde, Caroline Boissier-Butini a la conviction que situation aisée et responsabilité morale et sociale vont de pair. C’est dans cet esprit qu’elle éduque sa fille Valérie. Ensemble, elles introduisent en Suisse romande, puis alémanique, les écoles du dimanche qu’elles découvrent en Angleterre et qui offrent la possibilité aux enfants de toutes couches sociales de découvrir l’Evangile et de vivre des rencontres éducatives et bienveillantes. Valérie, devenue comtesse de Gasparin et proche d’Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, crée l’école d’infirmières La Source, la première école en soins infirmiers laïque au monde. Jusque-là, cette formation était donnée uniquement à des personnes qui s’engageaient dans une communauté religieuse en faisant leurs vœux. En 1923, les descendants de Caroline Boissier-Butini publièrent les notes qu’elle avait prises lors des leçons de piano que Franz Liszt avait données à sa fille Valérie, en 1831 à Paris. L’ouvrage, Liszt pédagogue, eut un énorme succès. L’en-tête portait le nom de (en tout petit) Madame et en plus grand Auguste (du nom de son mari !) Boissier. Au début du XXème siècle encore, il n’était pas forcément de bon ton, ni très vendeur, de lier le nom d’une femme à une activité artistique ! L’Association Caroline Boissier-Butini (www.carolineboissierbutini.ch), fondée en 2017, présente ici le premier enregistrement mondial du 5ème concerto, « Irlandais » et le premier enregistrement du 6ème concerto « Suisse » sur instruments anciens. Cette invocation de la musique populaire est bien dans l’esprit du temps, tant Beethoven que Carl Maria von Weber, exacts contemporains de Caroline Boissier-Butini, ont travaillé avec ce type de thèmes. Dans le concerto n°5, contrairement à ceux de la même époque, les cordes n’ont qu’un rôle accessoire, les violons doublant la main droite du piano, les altos et les basses la main gauche. Ce sont la flûte et le basson qui jouent les premiers rôles dans l’accompagnement. Dans le concerto n°6, la flûte joue aussi un rôle déterminant. Coupler flûte et basson était une pratique courante à l’époque. Dans ces deux concerti, le piano est présent de la première à la dernière mesure et le soliste doit comme cela se devait à l’époque, fournir la preuve de son savoir faire. Caroline Boissier-Butini devait être une excellente pianiste vues les partitions. Si l’orchestration est très simple, cela correspondait à ce que souvent dans les salons parisiens on jouait les concerti sans accompagnement. (Elle en parle dans son journal de voyage de 1818). Nous sommes ici en présence d’une musique qui fait le lien entre la ville et la campagne, la naissance du romantisme musical suisse. Sur l’album on découvre un Divertissement pour piano, clarinette et basson, un thème et variations. Les thèmes entendus sont peut-être des mélodies populaires et la polonaise pourrait être un choix politique, les Genevois se solidarisant avec la lutte d’indépendance de la Pologne (voir Chopin) au début du 19ème siècle, le héros polonais Tadeus Kosciusko était le patient du père de Caroline et elle a toujours fait preuve d’une grande compassion pour les peuples opprimés.

Voilà une compositrice, attachante, de bon niveau, à découvrir – les féministes seront ravies de cette production – et aussi à entendre un interprète de grande qualité (Adalberto Maria Riva) accompagné par un ensemble digne d’intérêt (Ensemble Le Moment Baroque); tout cela fait que c’est un album important pour tous ceux qui aiment les concertos pour piano du XIXème siècle, la musique en général, et qui oublieront vite à l’écoute de ces œuvres, le sexe de ces compositions.

August REINHARD Chambers Music and Sonatines – Référence Harmonium volume 5 , Gallo CD 1569-70

3 Trios, 2 Sonates pour harmonium et piano, 3 Sonatines (orgue et célesta)

Joris Verdin : Mustel Harmonium d’Art 1922, Mustel Orgue-Célesta 1900 – Marie-Noëlle Bette : piano Steinway 1875 – Tine Van Parys: violoncelle Eric Buys 2017.

August Reinhard (1831-1912) est un compositeur allemand et auteur d’une méthode d’harmonium. Il est né à Ballensted, une petite ville d’Allemagne du district de l’arrondissement de Harz, dans le land de Saxe-Anhalt. Elle est surtout connue pour son château, une résidence ancestrale de la maison d’Ascanie et des princes d’Anhalt. En ces temps là, la vie musicale était intense autour de la Cour du Duc qui résidait dans le château de Ballenstedt. C’est là, près des musiciens de la Cour, que s’est formé Reinhard. Professeur il se consacra tout entier à la musique et en particulier à la diffusion de l’harmonium. Il fut un des premiers à composer des œuvres originales et de faire des transcriptions très fidèles. Cette musique est très accessible, c’est une belle musique, l’harmonium occupe une place identique à celle du piano et du violoncelle. On est loin de la musique d’église auquel est rattaché cet instrument, il suffit d’écouter les trios piano / violoncelle/ harmonium et les sonates pour en être convaincu. On a l’impression d’écouter par moment de la musique de chambre de Brahms. Cette découverte est tout à fait agréable, ces pièces sont charmantes, un rien surannées ( ?) mais très bien interprétées par la pianiste Marie-Noëlle Bette, la violoncelliste Tine Van Parys et Joris Verdin à l’harmonium. Ce dernier volume fait suite à ceux de Lefébure-Vely, Karg-Elert, Lemmens et de Guilmant. Encore une découverte offerte par Gallo.

LIAISON EXTRAORDINAIRE : Ludwig Van Beethoven – Harmonium & Piano Gallo CD 1621

– Ouverture de Coriolan, (arr. J.Doebber)

– Sextett mi dièse op.81b, (arr. A.Durand)

– Symphonie n°2 op.92 (Allegretto) (arr. d’A. Reinhard)

– Quintette op.16 mi dièse (Andante) (arr. A.Méraux)

– Ich Liebe Dich (arr. S.Karg-Elert)

– Symphonie n°1 op.6 (Allegro con brio) (arr. d’A. Reinhard)

– Trio Sérénade de S.Karg-Elert d’après le Trio-Serenade op.8

– Dreaming of E.op 46 d’Olivier Drechsel d’après l’allegro con brio de la Symphonie n°1

Christophe Lahme, Harmonium, Olivier Drechsel, piano

À la suite de la publication des œuvres originales d’Auguste Reinhard pour harmonium solo et en formation de musique de chambre, VDE-Gallo complète une série dédiée à cet instrument par un enregistrement se consacrant cette fois-ci à son autre domaine de prédilection : la transcription. L’année 2020 et son jubilé beethovénien arrivent alors à point nommé. Rossini ne fut pas le premier à reconnaître les avantages de l’association de l’harmonium et du piano, même si sa petite Messe Solennelle en reste un des plus célèbres exemples. Il est à cet égard remarquable que Rossini réalisa lui-même son orchestration uniquement pour la protéger de la déformation qu’elle aurait pu subir sous la plume d’un autre orchestrateur. Or l’orchestralité est une qualité propre de l’harmonium, un de ses mots-clés inévitables qui le prédestine à sa manière à l’interprétation de la musique symphonique. Comme l’écrit le facteur d’harmonium, compositeur et éditeur Alphone Mustel : « Vous jugerez avec moi que l‘harmonium d‘Art est, sans comparaison possible, l’instrument orchestral, le seul qui puisse rendre quelque sentiment de la masse symphonique et imiter, tout au moins rappeler, des effets de détail, en un mot le seul qui puisse être considéré comme une réduction suggestive de l‘orchestre, un petit orchestre de salon ». Et Richard Strauss d’ajouter au paragraphe que Berlioz consacre à l’harmonium (Melodium) dans son traité d’instrumentation et d’orchestration : « Le Melodium remplace à merveille les instruments à vent dans les arrangements des œuvres symphoniques comprenant un piano, un violon et un violoncelle. En France il est pour cela fort usité dans le cercle familial. Chez nous il devrait être préféré au piano dans la pratique tant répandue du quatre mains ».

Une autre découverte passionnante avec ce disque.

Harp meets piano : Isabelle Courret – Cyprien Katsaris piano 21 P21 061-N

Le prolifique Cyprien Katsaris adore jouer de la musique en duo. Ici c’est avec l’harpiste Isabelle Courret, formidable musicienne, qu’il a enregistré ce disque en 2017 et qui ressort cette année. Étonnant ce couple d’instruments, il existe peu de pièces pour ce genre de duo. Cette singulière formation commence avec deux extraits de la Suite n° 1 pour deux pianos Op. 5 de Sergei Rachmaninoff (1873-1943), dédiée à Tchaïkovski. Suit le Concerto pour harpe Op. 182 de Carl Reinecke (1824-1910), un des concertos fondateurs du répertoire de l’instrument. Il fut composé en 1884 à Leipzig, et dédié à Edmund Schuecker (1860-1911). David Cutler a fait un arrangement pour ces deux instruments.

 

Un arrangement a été aussi composé pour Histoire du tango d’Astor Piazzolla (1921-1992). Cette suite de quatre pièces, écrite en 1986, est à l’origine pour flûte et guitare. Astor Piazzolla voulait raconter cette histoire, depuis les bordellos d’Argentine des premières années du XXéme siècle, jusqu’aux salles de concert modernes. Viennent ensuite trois œuvres de Régis Chesneau, né en 1986 : Contemplations I,II – Tableaux I-V – Impresso. Elles ont été écrites pour Cyprien Katsaris et Isabelle Courret en 2015. Elles sont de nature néo-tonales et dans le style des musiques françaises du début du XXième siècle. Le programme se conclut avec Pavana-Capricho op.12 d’Isaac Albéniz. L’arrangement a été réalisé par le compositeur lui-même pour piano à quatre mains. Voilà une belle musique et un grand plaisir à écouter ces deux magnifiques artistes. (Une ITV de Cyprien Katsaris peut être lue sur le site).

Classic Blend Forgotten Records fr 1820 City Chamber Orchestra of Honk Kong direction Jean Thorel

Forgotten Records comme son nom l’indique fait redécouvrir des disques, des interprètes qui ne sont plus sur le marché. Ici c’est une nouveauté qu’a enregistré l’Orchestre de Chambre de Honk Kong . L’album est composé de pièces assez coutes de compositeurs assez divers qui vont de Massenet à Casals en passant par Ravel, Tchaïkovski, Piazzolla, Duparc et des compositeurs contemporains comme James Grant, Claudio Santoro et des compositeurs chinois tels que Mao Yuan, Chien Tai Chen, ou Ding Fu Xiang. Voilà un beau medley, très agréable à écouter en ces moments de confinement, ou pas! C’est Vahan Mardirossian qui a repris la direction de ce bel ensemble.

 

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