Publié le 10 janvier 2024
Bernard Herrmann, auteur Karol Beffa
Edition Actes Sud, 174 pages
©DR
Actes Sud a publié de nombreuses biographies de compositeurs de musique à programme, pas toutes biens écrites, mais souvent intéressantes. (Schumann, Tchaïkovski, Bernstein, Meyerbeer, Rosini, Berlioz, Debussy, Messager, Satie, Schubert, Monteverdi, Chopin, Liszt, Donizetti, Chostakovitch, Scriabine,…). Ce livre est le premier sur un compositeur de musique de film dans leur collection ! Cet ouvrage explore l’univers de Bernard Hermann (1911-1975), très mal connu par le commun des mortels. Lorsque l’on prononce son nom on site automatiquement les films d’Hitchcock, Psycho, Vertigo, (il a seulement travaillé que sur huit films de ce réalisateur) et pour quelques cinéphiles on l’associe à Welles et Citizen Kane. Le Pourquoi ce livre de Karol Beffa – voir un entretien avec lui sur le site – est passionnant, indispensable à tout amateur de cinéma, de musique, c’est qu’il parle des rêves, des ambitions, qu’avait Herrmann avant d’aller à Hollywood.
Il a composé de la musique à programme puis a écrit de nombreuses bandes originales superbes et qui sont de vrais chefs-d’œuvres musicaux (Jane Eyre, Le Fantôme de Madame Muir, Obsession, Le Jour où la Terre s’arrêta…). Beffa dresse aussi un portrait intime d’Herrmann. Benny était un homme complexe (traumatisé par son enfance), provocateur, avec des accès de colère homérique, un ego surdimensionné, mais qui suscitait l’admiration par son immense culture littéraire et musicale. Son niveau d’inspiration était incroyable et sa recherche de la perfection lui posait souvent des problèmes avec les réalisateurs, les producteurs. On apprend aussi son admiration sans borne pour des compositeurs tels que Ives, Copland, Elgar, Vaughan Williams.
Toute sa vie il a essayé d’écrire la grande œuvre, un opéra, Wuthering Heights d’après le roman Emily Brontë. Terminé il ne l’a jamais entendu dirigé de son vivant – ce n’est pas ce qu’il a écrit de mieux. L’influence d’Herrmann a été importante et ce n’est pas un hasard si la génération suivante de réalisateurs a fait appel à son talent. François Truffaut avec La Mariée était en noir et Fahrenheit 451, Brian De Palma avec Soeurs de sang et Obsession ou encore Martin Scorsese avec Taxi Driver, lui ont fait composer de magnifiques musiques. – Compositeur éclectique lui-même on peut comprendre l’intérêt que porte Karol Beffa pour ce musicien. Le plaisir de lire ce livre est évident car l’auteur décrypte avec beaucoup d’acuité l’écriture de cet immense compositeur. « Dès 1940 on trouve la signature de Herrmann dans les années à venir : une atmosphère gothique, l’héritage de la littérature anglaise, l’épaisseur psychologique et la complexité des protagonistes. Jane Eyre préfigure Psychose » écrit-il. Pratiquement chaque musique des films sont analysées et donnent envie de les écouter.
À part celles des films d’Hitchcock on peut en entendre certaines sur disques et dirigés par Hermann lui-même, lui qui rêvait de devenir un grand chef d’orchestre !
Pour mieux connaître cet auteur/compositeur/pianiste : karolbeffa.net
