ANTIGONE
un film de Sophie Deraspe avec Nahéma Ricci, Rachida Oussaada, Nour Belkhiria
Sortie le 2 septembre 2020
L’HISTOIRE
Antigone est une adolescente brillante au parcours sans accroc. En aidant son frère à s’évader de prison, elle agit au nom de sa propre justice, celle de l’amour et la solidarité.
Désormais en marge de la loi des hommes, Antigone devient l’héroïne de toute une génération et pour les autorités, le symbole d’une rébellion à canaliser…
L’AVIS
Adapter Antigone au cinéma aujourd’hui est une gageure après tant d’adaptations de très grandes qualités tant au théâtre qu’au cinéma. L’adaptation de Sophie Deraspe se déroule dans le Québec contemporain, au sein d’une famille d’origine kabyle installée depuis plus de 10 ans au Canada, une famille dont les membres n’ont pas la citoyenneté canadienne. Il faut prendre de sacrés risques pour donner aux personnages les prénoms de la tragédie de Sophocle sans être ridicule. L’adaptation est très moderne, les réseaux sociaux et le chœur c’est une bonne idée. On peut ne pas être totalement d’accord sur le scénario, mais le rapport d’Antigone avec son frère est cohérent. Bon ils ne sont pas très nettes ses frères (compliqué aujourd’hui ce choix de l’origine avec ce qui se passe dans notre pays), mais pour Antigone les faits relèvent de l’injustice et elle est prête à tout pour sauver son frère. « J’ai enfreint la loi mais je recommencerais demain. Car mon cœur me dit d’aider mon frère » lance-t-elle à la sortie du tribunal. Elle l’aime c’est tout. La réalisatrice s’est inspirée d’un fait réel dit-elle et puis Antigone elle en a toujours rêvée. La grande réussite du film c’est la comédienne. Nahéma Ricci est née à Montréal, elle est d’origine franco-tunisienne. Dès la scène d’ouverture du film, une scène d’interrogatoire qui ressemble à une audition d’une actrice pour le rôle, Ricci a la fragilité et la détermination qui vont l’animer pour être Antigone. Outre le bon choix des acteurs, la mise en scène et la photo (c’est la réalisatrice qui est à la lumière) sont à la hauteur du propos. Ce film peut faire polémique tant les tensions communautaristes chez nous sont exacerbées, mais nous sommes en face d’une réalisatrice qui tient son drame jusqu’au bout et avec sincérité ce qui est l’essentiel.
