Maison de la Radio
samedi 4 juillet 2020 20h
Edgar Varèse : Ionisation, pour un pianiste et 13 percussionnistes
Philippe Schœller : Archaos Infinita I &II 12 percussionnistes
Giacinto Scelsi : Rotativa, pour deux pianistes et 13 percussionnistes
Yan Maresz : Festin pour 12 percussionnistes
Percussionnistes de l’Orchestre National de France et de l’Orchestre Philharmonique de Radio France
Catherine Cournot, Franz Michel, pianistes
Pascal Rophé, direction
Sur le plateau de l’auditorium une forêt d’instruments à percussion. Vibraphones, xylophones, cloches, marimbas, maracas, caisses claire, tambours, timbales, cymbales, claves, triangle, steel drum, pianos, bloc chinois….tous ces instruments sont déjà en place pour interpréter les quatre œuvres choisies par Pascal Rophé. Peu de déplacement des percussionnistes, pas de régisseur, qui vient entre les morceaux, hygiène d’abord. Ils sont 13 percussionnistes des deux orchestres, plus deux pianistes. C’est un concert original qui démontre la dextérité et la précision des ces musiciens. Comment arriver à faire des pianissimi plus que pianissimi dans la pièce de Schœller à des forte plus que forte dans celle de Maresz, tout est une question de doigté, d’agilité, de maestria qui force l’admiration.
Ionisation de Varèse, est une des premières partitions pour percussion. Elle a été composée entre 1929-1931. Ils sont 13, maillets, marteaux, en main avec un pianiste et il faut jouer sur 37 instruments ! Cette œuvre est la plus célèbre du compositeur. Elle possède une richesse extraordinaire de rythmes et de timbres et la juxtaposition de tous ces sons avec cette sirène qui pleure induit une sorte de nostalgie, annonce un drame…
En contraste Archaos Infinita I de Philippe Schœller est tout en pianissimi, il faut à peine caresser les instruments, il s’exprime : La première « touche la matière du silence comme une réalité exacte, comme l’on touche l’air ou le feu » ; la deuxième, Archaos Infinita II « la vitesse, ses variations par le défilement et la mise en boucle du temps ». Bon tout cela est très bien intellectualisé. Disons que la première partie toute en retenue force à l’écoute et la seconde nous inonde. Une belle pièce où l’alchimie fonctionne.
La pièce de Scelsi Rotativa qui l’a fait connaître en 1931 sous la direction de Pierre Monteux ressemble à une œuvre de style minimaliste, répétitive, aux accents comédie musicale à la Bernstein. La machine entre au centre de l’œuvre, on est dans le courant futuriste. Les deux pianistes se sont donnés à fond sous la baguette précise de Pascal Rophé. Une œuvre aux accents aujourd’hui classiques.
La dernière composition est celle de Yan Maresz : Festin pour 12 percussionnistes. Cette pièce a été écrite en 1999 pour les stagiaires percussionnistes de l’Académie Européenne de Musique d’Aix-en-Provence. Elle a une approche intéressante dans les relations entre les percussions. Les 12 pupitres sont divisés en 3 grandes catégories (métaux, bois et peaux), elles même divisées en sous catégories selon leur tessiture pour qu’un registre complet soit disponible pour chaque qualité sonore et ce simultanément. C’est comme une forme orchestrale que propose Maresz. Une sorte de cacophonie bien ordonnée. C’est un peu foutrack mais pas déplaisant et c’est une composition à voir plus qu’à écouter. D’ailleurs les quatre compositions proposées sont visuellement impressionnantes. Notre regard est continuellement attirée par ce qui se passe sur le plateau. C’était un beau concert en perspective et une belle idée. Le public a frappé dans ses mains, sa percu naturel, les percussionnistes lui ont répondu de la même manière. Bravo les 13, bravo les deux et bravo le chef !