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« CATHÉDRALE SAINTE-CROIX-DES-ARMÉNIENS » : WILLIAM SHELTON / LÉO BRUNET – ET MOURIR DE PLAISIR !

13 rue du Perche 75003 Paris

vendredi 22 juillet 2022, 20h

Bon…le Baroque en peinture, architecture mais aussi en musique est l’art de la représentation, de la théâtralité. C’est sous cette forme qu’entre 1580 et 1750 ( les dates valent ce qu’elles valent) il y a eu un mouvement de sensibilité dominant toute l’Europe. Fini de transcrire le repos de l’âme dans l’harmonie, tout n’est que pathétique, voire pathos, On se noie dans l’émotion, tout est bon pour le lamento, on n’a plus besoin de savoir pour quoi on se lamente, la musique est dans son élément toute plainte lui est bonne.

Sortez de mon cœur, larmes amères / Laissez-moi, mourir de douleur…Oh cette fois, je ne serais pas trompé/ Si je ne jouis pas de mon malheur……ma vie me donne la mort / sans espérer de récompense….

C’est ce que chanta en ce vendredi le magnifique contreténor William Shelton accompagné du non moins superbe théorbe de Léo Brunet. Sans s’en rendre compte, ce duo était parfaitement dans un espace théâtralisé à la manière baroque. Le rideau rouge, les sièges qui attendent quelques seigneurs, les sculptures d’époque implorant quelques signes du destin, tout était prêt pour nous mettre en condition d’écoute de ces lamenti de Casulana, Strozzi, Cavalli et Antonia Bembo. C’est avec intelligence que Shelton s’est servi de l’histoire de cette compositrice, Antonia Bembo, qu’il a construit son récital, une autre manière de théâtraliser cette musique qui nous a fait, n’ayons pas honte de le dire, mourir de plaisir. La vie incroyablement tragique qu’elle a vécue nous a emporté de Venise à Paris.

Ècouter le Lamento della Vergine – Larva dileguati, fantasma involati/ Cadi nei baratro, scendi in oblio/ che vincer non puó Dio e altri che Dio – entouré du chemin de croix sur les murs de la cathédrale, du tableau kitch de Jésus dépouillé avant d’être crucifié on se croyait à Venise…ah…laissez moi mourir de douleur comme l’écrivit Francesco Cavalli le compositeur aux quarante opéras (le lamenti d’Apollo, un extrait de l’opéra Gli Amori di Apollo e di Dafne de Cavalli, interprété par ce jeune contreténor était le grand moment de la soirée). William Shelton est, du haut de ses 28 ans, celui qui va briller de plus en plus. Déjà son parcours – faites un tour sur https://william-shelton.com – est un sans faute. Il a croisé de Dijon à Paris tous ceux pour qu’il arrive au sommet de son art. Il est en résidence à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth, pour se perfectionner auprès de Sophie Koch et José Van Dam ! Damned ! C’est grâce au Prix de l’association Jeunes Talents au concours Corneille à Rouen, présidé par Andreas Scholl que Laurent Bureau l’a découvert et qu’il l’a programmé pour ravir, charmer, subjuguer, les spectateurs. Opération réussie ! William Shelton est quand même diablement fort d’avoir trouvé une compositrice contemporaine Marina Valmaggi (1945-) qui sur un poème de Bruno Sacchini (1980) pour chanter un bis sur une Venise qui ne cesse de mourir…E Fuggendo il vento sa / perduta la città… Damned !

Allez on va se boire un coup de Prosecco pour nous remettre de nos émotions…Euh on pourrait descendre à Montpellier au Festival de Radio France le 26 juillet à 12h30 pour aller écouter de nouveau ce récital…Souvent dans mon cœur / Je sens passer un je ne sais quoi / Ce serait drôle que ce soit le mal d’amour…La salle Pasteur du Corum c’est pas très baroque non… non mais je crois qu’il va aussi chanter le soir à l’Église Saint Didier à Saint Drézéry… c’est pas très baroque non plus…Non hai pieta di me !

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