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« CINÉMA ARLEQUIN » : FESTIVAL DU CINÉMA BRÉSIL 3

cinéma Arlequin 76 rue de Rennes 75006 Paris

Le festival s’est terminé comme il se doit en musique. De la musique il y avait dans tous les films, surtout dans les documentaires qui ont été les plus intéressants de ce festival. Deux portraits de femmes célèbres : Elza Soares, chanteuse, compositrice, actrice, sorte de Tina Turner, qui pendant plus d’une heure en gros plans (une belle idée de mise en scène) en une longue litanie, parle de ses échecs, de ses succès, sans préjugé, sans pudeur, avec des mots crus. Elle chante à la face de la caméra qu’elle a toujours été libre malgré sa condition de noire, de femme – My Name is Now, Elza Soares d’ Elisabete Martins Campos – est une vraie réussite.

Une autre femme, très célèbre, morte à 27 ans dans un accident d’avion, Leila Diniz (1945-1972), égérie dans les années soixante du cinéma novo est racontée brillamment avec l’aide de nombreuses archives par Ana Maria MagalhaesPuisque Personne ne m’Invite à Danser– . Libre de son corps, de ses idées, de ses mots, elle était une sorte de Brigitte Bardot qui faisait bouger les lignes avec force (elle a eu de nombreux problèmes avec la censure d’état dans ces années de dictature), bien avant les pseudos mouvements féministes d’aujourd’hui. Un autre documentaire qui fait bouger les lignes c’est celui de Volontaire…1864 de Sandra Kogut. Très émouvants témoignages d’une quarantaine de personnes de tous âges qui se sont portées volontaires pour les études sur les vaccins en pleine pandémie, alors que le gouvernement brésilien avait une position négationniste. Par vision internet, ces gens se sont retrouvés être leur propre cinéaste, racontant leur quotidien, leur confinement, face à une prise de risque jusqu’au jour où ils apprennent s’ils avaient reçu un placebo ou le vaccin. Un bel acte de courage, d’humilité, d’humanité, pour honorer les milliers de morts par Covid dans leur pays.

Cet enfermement, ce confinement Luli Gerbase avec Le Nuage Rose, l’a mené jusqu’au bout. Il a imaginé qu’à cause d’un nuage rose, le gouvernement demande à la population de vite s’enfermer dans le lieu où elle se trouve, sinon elle meurt. C’est ainsi que Giovanna et Yago, un non couple, se trouvent prisonniers ,et pendant des années, vont devoir cohabiter dans un espace temps qui se rétrécit et va bouleverser leur relation. Un film de science-fiction très bien mené avec une fin étrangement ouverte.

Une fiction ? Pas tant que cela.  Un autre film pas politiquement correct est celui d’Anita Rocha da Silveira Médusa, qui parle de ces sectes avec pasteur qui au nom de Jésus obligent les femmes, dont l’héroïne, a être parfaites, pieuses, dans le droit chemin, pour être offertes aux hommes qui défendent la moralité selon la religion. Attention à celles qui dévient du droit chemin.

Un film très dérangeant, avec une belle métaphore, l’héroïne est infirmière dans une structure médicale où sont entreposés des gens dans le coma ! La fin est optimiste, mais l’est-elle réellement dans la vie dans ce pays bouleversé, bouleversant. Un espoir d’Anita Rocha da Silveira !

La politique contre un système d’extrême droite on l’a vu dans le film  intéressant, Mars1 de Gabriel Martins qui parle de cette bourgeoisie noire, de classe moyenne qui a du mal à être acceptée.

Cette condition de noir au Brésil est décrite violemment dans un film magique, dérangeant  de Joao Paulo Miranda Maria Memory House. Un homme vieux, noir se retrouve dans une région colonisée par des Autrichiens, blancs racistes. Il va lutter avec ses faibles moyens pour leur rappeler ses origines. Un très bon film avec des idées de réalisation intéressantes.

On termine ce compte rendu avec un documentaire de Wagner Moura, sur Carlos Marighella ex-député poète et militant communiste assassiné en 1969 par la dictature militaire.

Ce biopic choc montre, comme la plupart des films présentés et sélectionnés par Katia Adler, soutenue par Jangada (plateforme vod où l’on peut retrouver la plupart des films) que le cinéma brésilien est bien vivant, qu’il existe encore de vrais réalisateurs (trices) qui savent regarder frontalement leur pays qui a de nombreux problèmes existentiels, sociétaux. Espérons que l’année prochaine, sous d’autres cieux politiques, ce cinéma pourra mieux se faire connaître en France. Adeus !

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