Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville : Daphnis et Alcimadure
Élodie Fonnard, dessus, François-Nicolas Geslot, haute-contre, Fabien Hyon, taille, Hélène Le Corre, dessus
Les Passions – Orchestre Baroque de Montauban
Les Éléments – Chœur de Chambre (Joël Suhubiette)
Jean-Marc Andrieu, direction musicale
Muriel Batbie-Castell, conseillère linguistique
Les Passions, Ligia, Lidi 0302354-23 (2CD)
« Pour que l’amour soit durable et charmant, il faut au sentiment joindre le badinage, et qu’un fidèle amant, ait l’enjouement d’un cœur volage »
« Gazouillats, auzeléts à l’oumbro dél fuillage,Quand bous fuilats moun cor és ebcanta, Entendi bé que dins bostre lengage… Bous celebrats lalibertat… »
Que tout ceci est charmant ! Un berger, Daphnis, jeune, beau et de noble race voue une brûlante passion à la belle et farouche Alcimadure qui refuse de l’entendre et préfère sa liberté…On attendra le dernier acte et la feinte mort de désespoir de Daphnis pour que la belle Alcimadure, retrouvant le tragique de la fable de La Fontaine, jusqu’à vouloir mourir à son tour, rende enfin les armes ! Ils chanteront en duo « N’auréy jamay trop de lezé, Per celebra ta bienbeillenc’Amour »
Cet opéra de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) est chanté en Occitan d’après une fable cruelle de La Fontaine. Mondonville changera cette fable tragique avec une fin heureuse. C’est une aimable pastorale où le badinage est exprimé avec des airs populaires. C’est en 1745 que ce maître de musique à la Chapelle royale de Versailles le présenta à Fontainebleau devant la famille royale, devant Madame Pompadour. Il osera le dédier à Madame la Dauphine. C’est un style d’opéra qui était très apprécié à l’époque. Si Mondonville l’a composé en occitan c’est qu’il était de Narbonne, donc c’était sa langue maternelle.
©DR
Ce n’est pas innocent non plus si Jean-Marc Andrieu l’a enregistré. Les Passions, son orchestre d’instruments d’époque, est en résidence à Montauban et on peut souvent l’écouter dans cette région occitane. C’est au Théâtre du Capitole de Toulouse qu’il en a donné une version concert, une première . Avec ce magnifique coffret (un livret très bien fait), Andrieu a redonné vie à cet unique opéra baroque occitan ! On est loin des opéras de Rameau, des opéras plus complexes, et la langue occitane fait penser à un opéra italianisant. Les querelles des bouffons, Rousseau, Gluck, sont bien loin de nos préoccupations. Bien chanté (les quatre interprètes sont superbes), avec des chœurs et un orchestre qui s’amusent à interpréter cette musique, c’est un réel plaisir d’écouter ses airs, cette musique légère, dansante. « Ah Quand l’amour nol nous enflama, Que sap pla coumo cal s’y prendre ! », Alors laissez-vous emporter, SAP NOUS CHARMA !