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« DE LA SCÈNE À LA PELLICULE » : UN LIVRE INCONTOURNABLE !

théâtre, musique et cinéma autour de 1900

écrit par Rémy Campos, Alain Carou, Aurélien Poidevin

édition l’oeil d’or – formes & figures, 296 pages

sorti le 15 Octobre 2021

Une coïncidence ? De La Scène à La Pellicule sorti il y a quelques mois est totalement en relation avec l’exceptionnelle exposition à la Fondation Jérôme-Seydoux-Pathé (voir le papier sur le site) : Comédie-Française et Cinéma, Aller – Retour – On peut la voir jusqu’en avril 2022. Ce livre apporte de nombreuses informations grâce aux recherches de Rémy Campos, professeur de la musique au Conservatoire de Paris, Alain Carou, conservateur des collections vidéo de la BNF, Aurélien Poidevin, professeur agrégé d’histoire à l’université de Rouen et avec des interventions de nombreux (ses) spécialistes dans des domaines aussi variés que le décor, la musique, la prise de vue, les pellicules, les comédiens, les arts de la scène en général…

Au début XXème siècle, le cinéma naissant entretient des rapports étroits avec le spectacle vivant. Les procédés du théâtre, de l’opéra, de la féerie, du ballet ou du café-concert sont alors employés dans les théâtres de prise de vue, ancêtres des plateaux de tournage. Les artistes et techniciens qui construisent les décors, fabriquent les costumes ou réalisent les trucages cinématographiques, œuvrent aussi dans les salles de spectacles à Paris et en province. Les metteurs en scène de cinéma ont souvent été régisseurs de théâtres.

Devant la caméra, les acteurs (acteurs connus et souvent de la Comédie Française) reprennent les mêmes gestes expressifs que sous les feux de la rampe. Des histoires identiques sont racontées sur les scènes ou à l’écran. À chaque instant, le cinéma des premiers temps puise dans des traductions scéniques anciennes des ressources nouvelles.  De la Scène à la Pellicule documente et interroge la théâtralité du cinéma en France, notamment à partir des productions du Film d’Art, réalisées entre 1908 et 1912. L’ouvrage contient une centaine d’illustrations, de nombreuses sources inédites et deux DVD. Pour trois des 20 films restaurés, l’accompagnement musical originel a été réinterprété, enregistré et synchronisé, permettant pour la première fois de retrouver les conditions de projection d’origine. Les archives présentées dans ce livre sont abondantes et d’une rare et exceptionnelle qualité.

Sarah Bernhardt, Mistinguett, Mounet-Sully, Cécile Sorel, Béatrix Dussane, Isadora Ducan, Max Dearly, Berthe Bovy, sont des noms qui résonnent encore dans notre inconscient collectif. Après une introduction qui donne à voir et à comprendre la production cinématographique de l’époque du Film d’Art, de nombreux chapitres nous apprennent quand on est passé de la reconstitution exacte de tableaux célèbres (le sacre de Napoléon par exemple ) en tableaux vivants, quand la scène est devenue écran (autour de 1900). On apprend comment on a composé pour les Films d’Art (1908-1909) à une époque où la synchronisation son/image n’existait pas.

Camille Saint-Saëns a été un des plus célèbres compositeurs, mais George Huë, Fernand Le Borgne, Paul Vidal, ont aussi composé pour l’accompagnement musical (on peut entendre leur musique dans les dvd interprétées par Anne Le Bozec).

©DR

La synchronisation a quand même été essayée, Laurent Le Gay qui a enregistré la partition de L’Assassinat du Duc de Guise (1908) en parle avec beaucoup de conviction ainsi que Didier Henry pour Le Retour D’Ulysse et de L’Empreinte.

L’Assassinat, ce film mythique, dont il manque des passages, a le droit à de nombreux articles et intervenants (sur les décors d’Émile Bertin, sur la réalisation d’André Calmettes et Charles Le Bargy, sur les costumes…).

De nombreuses pages du livre sont dédiées à la correspondance d’Henri Lavedan directeur littéraire du Film d’Art (1908-1909). La filmographie de ces films est décrite, un travail de fourmis a été fait pour les retrouver ! On peut en voir plusieurs sur les deux DVD. Chaque film des dvd est ainsi analysé.

En bonus, le scénario de La Grève des Forgerons écrit par Mounet-Sully l’acteur immense de l’époque. Avec ce travail d’historiens, tout cinéphile ou amoureux du septième art, devrait posséder ce livre document qui avec plus de 4 heures de films est incontournable.

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