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[ENTRETIEN] : ERWANN CHANDON ou la recherche de la Beauté

Erwann Chandon vient d’écrire la musique du film Quand On Crie Au Loup réalisé par Marilou Berry. Pour rencontrer ce jeune compositeur – 33 ans – il faut descendre dans les sous-sols d’un immeuble où une myriade de miroirs vous renvoie votre image, éclairée par des lumières multicolores ! Un espace baroque en quelque sorte. C’est dans cet antre qu’il a installé son studio et qu’il est à la recherche de la beauté en musique. Au cours de cet entretien j’ai essayé de comprendre la naissance d’une passion et ce qu’il entendait par ce terme « beauté » et où il voulait aller en écrivant de la musique pour l’image .

Ne faut-il pas être inconscient aujourd’hui pour écrire que de la musique de film ?

Quand on veut écrire pour orchestre, on est plus en sécurité financièrement en écrivant ce genre de musique. Ecrire de la musique de concert, de la création pure, c’est un univers incertain, tandis qu’avec la musique pour l’image on dépend de productions qui peuvent en général vous payer.

Alors c’est pour le fric que vous composez !            

Mais complètement (rires), non je plaisante…c’est par passion…lorsque j’étais môme j’avais un vinyle de Morricone…

Tous les compositeurs que je rencontre me parlent tout le temps que de Morricone à croire qu’il n’y a eu qu’un compositeur de musique de film !

Je ne suis pas un fan de Morricone, même si j’aime ses musiques de westerns, je n’avais quand j’étais petit que ce disque de westerns…

Êtes-vous fils unique ?

Non j’ai deux sœurs…je suis le petit dernier.

Ecoutait-on de la musique chez vous ?

Pas énormément, par réflexe mes parents nous on fait apprendre un instrument pour nous ouvrir à la musique, une de mes sœurs a fait du piano, l’autre du violon, puis du saxophone, de la contrebasse…

Et vous vous tapiez sur les casseroles.

C’est exact, sur les casseroles, livres, canapés…partout, avant d’avoir une vraie batterie qu’on a loué pendant trop de temps avant de l’acheter.

Vous emmerdiez tout le monde alors ?

Exactement, mais on habitait dans un petit village, j’avais une pièce pour jouer.

Où était-ce ?

À Chissey- sur-Loue dans le Jura

Que faisait vos parents ?

Ma mère était institutrice et mon père photographe 

Donc il n’y avait qu’un disque de Morricone chez vous

Il y en avait plein mais c’était celui là qui me plaisait ! Je l’écoutais en boucle, j’avais six sept ans…

Alors vous jouiez aux cow-boys et aux indiens…

J’espère, je ne m’en souviens plus

Et qui sont les indiens aujourd’hui ?

Les autres… !

Est-ce pour cela que vous avez écrit une musique avec des Inuits !

(rires) Peut-être  inconsciemment mais ce ne sont pas les mêmes indiens…

Et ensuite à cause de Morricone…

Je me suis mis à la batterie, à la guitare, j’ai joué dans des groupes de Rock à l’adolescence…

Rock Rock ?

Métal !

Métal Métal ?

Violent du Death Metal, style Cannibal Corpse, Morbid Angel

Aviez-vous une connaissance d’autres instruments ?

En autodidacte, je touchais à tout…

Votre mère voulait que vous fassiez le conservatoire ?

Pas du tout. Avec le recul j’aurais bien aimé le faire. Je me suis mis à apprendre le solfège par moi-même à la fac de musicologie à Dijon, pour comprendre comment cela fonctionnait, puis j’ai fait un master…là j’ai appris aussi l’histoire de la musique.

Et là vous avez découvert la musique du XIXème car quand on écoute vos compositions on pense à cette époque…

C’est quand même Stravinsky qui m’a ouvert les yeux…

J’espère les oreilles…

(rires) Oui les oreilles sur la richesse de l’orchestre et ce que l’on pouvait faire avec ce gros instrument et puis Debussy, Ravel m’ont inspiré et quand j’écoute ces compositeurs c’est tout de suite du plaisir.

En écoutant ce genre de musique ça vous donnait des complexes ?

Non car au début ce n’était pas une musique que je pouvais écrire ; moi j’étais batteur dans un groupe de Métal…

Vouliez-vous rester batteur toute votre vie ?

Oui je l’ai envisagé ; je me voyais bien faire des tournées, mais petit à petit, parallèlement à la batterie, je me suis passionné vers les 15, 18 ans, pour des compositeurs comme James Horner, Danny Elfman, John Williams et je me suis mis à composer des petites chose sur ma playstation, j’avais un jeu qui s’appelait music2000 où on mettait des petits carrés et on faisait des semblant de cordes, de cuivres, de percussions, j’ai commencé à bidouiller des choses comme ça et reproduire des morceaux que j’aimais bien et de la playstation je suis passé à un PC avec des logiciels rudimentaires et là je me suis dit pourquoi pas faire mes propres compositions ; je ne savais toujours pas écrire de la musique c’était juste à l’oreille et c’est seulement en musicologie que j’ai commencé à comprendre…

Attendez je ne comprends pas, vous faites de la batterie style Death Metal et vous écoutez James Horner !

Ce n’est pas incompatible du tout…

D’ailleurs comment avez- vous découvert ces compositeurs ?

Ma mère m’amenait beaucoup au cinéma….tous les mardi soir.

Dans le petit village où vous habitiez ?

Non à Dôle dans le Jura…on s’est rapproché de Dijon là où j’ai fait mes études de musicologie. Dans les années fin 90 j’ai ainsi découvert ces compositeurs. Je me souviens d’avoir vu Titanic et j’ai essayé de retrouver le thème sur mon synthé… en secret, car mes copains étaient très métalleux, très dur, et la musique d’orchestre c’est quand même plus doux, très romantique…

En fin de compte vous étiez un jeune homme romantique

Je pense que je le suis toujours…

Votre musique est assez romantique

J’espère, j’espère, je ne me force pas

Donc vous êtes passé de Morricone à Horner sans écouter autre chose…

J’écoutais ce qu’on passait à la radio, Obispo, Goldman…

Vous ne saviez pas à l’époque que vous alliez devenir compositeur

En fait je voulais faire du théâtre, je gratouillais, batouillais, claviétais mais je me passionnais pour le métier d’acteur, j’ai fait un bac théâtre, je voulais être acteur de cinéma, j’avais composé la musique de la fin du cursus pour la pièce qu’on avait jouée.

Vous vous souvenez de la pièce. ?

C’était le Mahabharata de Jean-Claude Carrière, j’étais à Salin les Bains, c’est un des rares lycée dans le Jura où il y a une option théâtre, et d’avoir écrit la partition pour cette pièce m’a orienté vers la musique de scène ou d’écran, composer de la musique sur des gens qui parlent ; c’est à ce moment que je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à faire de la musique correctement d’où fac de musicologie, et c’est là où je me suis autorisé à composer mes propres œuvres. Je me souviens de prendre des dessins animés style Oggy et les Cafards et j’essayais de composer dessus et j’étais complètement perdu !

Ce qui est intéressant dans votre parcours c’est que vous vous exerciez en prenant des dessins animés et vos premières musiques professionnelles ont été pour des dessins animés.

Dans le master de composition que j’ai fait à Lyon, ils nous ont mis en relation avec des gens qui faisaient de l’animation et donc ils avaient tous des courts-métrages à réaliser et beaucoup d’étudiants se sont tournés vers ma musique parce qu’elle était très cartoon, c’est pourquoi j’ai fait beaucoup de musique pour l’animation ce qui m’a conforté pour continuer dans cette voie.

La musique dans un dessin animé est très importante

C’était une bonne école, mais cela peut donner des réflexes qui peuvent être néfastes pour des longs-métrages.

Alors où en êtes-vous dans votre désir d’écrire de la musique à programme ?

J’aime toujours ça ; en 2014 j’ai écrit une pièce pour l’orchestre de Fourvière, une pièce d’une demi-heure. Ce n’est pas très rémunérateur.  Là j’étais libre à cent pour cent.

En général les compositeurs de musique de film n’écrivent pas de la bonne musique à programme. Avez-vous envie d’écrire pour vous ?

Oui oui absolument. Dernièrement j’ai écrit une pièce pour chœur, la seule contrainte c’était un texte sur l’automne qui m’a inspiré. J’ai laissé courir mes mains sur le clavier, ce sont des choses qui me font d’abord plaisir, dans le style Ralph Vaughan William, j’ai envie de composer quelque chose que je trouve beau !

Qu’est ce que vous entendez par beau ?

Ça ne veut rien dire, c’est totalement subjectif !

Est-ce que vous vous trouvez beau ?

Moi non !

Y’a sûrement quelqu’un qui vous trouve beau j’espère !

J’espère, en tout cas y’en a une !

Vous auriez pu dire joker !

Non non, pas de soucis (rires), en tout cas pour la musique j’ai un goût particulier pour certaines harmonies, certains enchaînements harmoniques, certaines mélodies, certaines orchestrations, j’essaye de les analyser pour me les approprier…

Alors comment passe-t-on du cartoon au long métrage ?

Un pur hasard, par mon voisin de palier !

Vous êtes à Paris à ce moment là je suppose

Oui on est monté à Paris avec ma copine pour travailler dans la musique pour l’image. J’avais quelques contacts sans plus.

Votre amie est aussi dans la musique

Oui, compositrice,… chanteuse, on s’était rencontré en fac de musicologie à Dijon, elle a beaucoup de talent c’est très beau ce qu’elle écrit.

Encore de la beauté

Eh oui, j’en suis jaloux !

J’espère qu’elle est très laide

Moi je la trouve très belle (rires)

C’est cela le problème de la beauté

Au moins elle n’est que pour moi ! Et donc mon voisin de palier s’appelle Léo Karmann

Le fils de Sam Karmann ? Son père réalisateur oscarisé pour son court travaille avec Pierre Adenot qui lui aussi a été au CNSMD de Lyon

A l’époque je ne savais pas qui était son père et ce qu’il faisait ;Léo avait besoin d’une aide pour monter son canapé ! On se retrouve sur sa terrasse en train de boire un verre et j’entends son téléphone qui joue les fameuse notes de Rencontre du Troisième Type (Erwann les siffle) , moi grand fan de Williams je me dis qu’on va avoir des choses à se dire ; on sympathise, on se découvre des points communs, j’apprends qu’il est réalisateur, qu’il a fait un court dont la musique a été écrite par Sylvain Morizet, un compositeur que je connais, et qu’il est en préparation d’un long et c’est ce compositeur qui est pressenti pour son long.

Un peu jaloux quand même

Un peu surtout qu’il voulait une musique en hommage à celle de Williams.

Avez-vous réussi à travailler à Paris ?

Pendant un an ça était la disette, j’ai fait pas mal de courts-métrages, de la musique de librairie, des petites choses, puis Léo m’a présenté à Gecko une production qui avait produit Une Année Polaire réalisé par Samuel Collardey et qui cherchait un musicien ; il ne voulait pas de l’orchestre mais des ambiances musicales un peu ethniques, à priori ce n’était pas mon truc.

Un premier long ça ne se refuse pas !

Eh oui et le fait c’est que j’ai pris beaucoup de plaisir à composer cette musique, j’ai enregistré avec un quatuor à corde, des cuivres, des flutiaux dans tous les sens…

Y-avait-il un peu d’argent ?

Très peu et j’ai fait beaucoup d’enregistrements, ici, dans mon petit studio et on s’est arrangé avec les musiciens…J’ai fait cette musique avec trois bouts de ficelle. Tout le monde était content, mais pour moi ce n’est pas une musique sur laquelle je peux communiquer car je n’ai qu’une envie c’est de composer pour grand orchestre, dans le style John Williams qui me fait rêver !

Musique Hollywoodienne !

Oui, au départ il voulait des cordes et c’est pour cela que j’avais était choisi et moi je voulais faire quelque chose de beau, mais sur la musique temporaire il y avait partout du Ibrahim Malouf !  C’est là qu’était le problème ! Et donc j’ai du pasticher cette musique qui n’est pas ce que j’espérais composer !

C’est moi qui vais dire joker par rapport à ce musicien…

Je crois que le réalisateur avait entendu une de ces musiques qui se passaient dans la neige…j’ai donc cherché à retrouver cet univers que Samuel avait aimé.

Comment se sort-on de cette situation ?

Au final j’ai fait du ethnique-Malouf…j’ai mis de la flûte indienne qui se rapproche de celle qu’utilise les Inuits.

Vous aviez un budget ?

J’ai eu 16000 euros

C’est quand même indécent ?

Je crois que c’était la première fois qu’il produisait avec de la musique originale, mais bon j’avais un orteil dans le long-métrage, je ne pouvais pas être exigeant.

Ensuite on attend que le téléphone sonne ?

Le film a une belle visibilité, de bonnes critiques. Oui le téléphone sonne ! Gecko film, la même production qui produit le long métrage de Léo Karmann, mon voisin ! Mais avec son compositeur habituel Sylvain Morizet ça ne convient pas. Moi je n’étais que le voisin et je ne voulais surtout pas prendre la place de qui que ce soit. Léo me demande de faire un essai et sa fonctionne artistiquement, je lui ai composé quelque chose que je trouvais beau !

Encore votre leitmotiv beau !

C’est ce qui m’anime ! J’ai fait quelque chose de beau, enfin que je trouve beau, je me suis un peu sorti les doigts, c’est beau et aussi sophistiqué comme je définis la musique d‘un John Williams ou d’un Jerry Goldsmith.

Alors maintenant c’est Goldsmith, ce n’est plus Horner !

Les influences sont multiples, en tout cas au niveau exigences harmoniques, je suis plus du coté Goldsmith que d’un Horner.

Donc la production vous accepte grâce à votre voisin de palier !

Exactement, Léo veut une musique symphonique pendant tout le film, l’artillerie lourde !

C’est du Max Steiner qu’il veut faire !

Carrément, sauf que pour une heure de musique symphonique, il n’y a pas le budget !

Gecko ont ajouté un peu d’argent j’espère ?

30000 euros, ce n’est pas terrible! Je rencontre une superviseur Rebecca Delannet qui connait le prix de la musique et leur confirme que c’est impossible de composer avec un grand orchestre. D’avoir rencontré Rebecca fait qu’elle me contacte pour le film de Marilou Berry qui cherche un compositeur dans mon style, old school, et c’est ainsi que j’ai composé la musique de Quand on Crie au Loup. Mon deuxième film est celui de Léo, Simon, mais il n’est pas encore distribué.

Votre musique du film de Berry, fait très film d’animation !

Beinh oui, on ne se refait pas ! Les références c’était Matilda, Maman j’ai Raté l’Avion, Les Goonies .

Avait-elle des exigences ?

Pas du tout, mais elle avait des idées sur le type de cinéma qu’elle voulait. Des comédies américaines avec beaucoup de musique. Moi ces références me plaisent cinématographiquement, elle voulait de la musique punchy, vivante…

Y’avait-il l’argent pour la composer ?

Y’avait pas, mais j’ai réussi pendant trois mois à faire comprendre à la production qu’un orchestre ça se paye ! Ils avaient écouté mes maquettes et elles leur suffisaient ! On a trouvé un orchestre à Skopje qui était au fait de ce qu’il fallait faire en musique de film.

Est-ce que vous êtes conscient que si le film ne marche pas votre musique hélas n’existera pas ?

Absolument. On oubliera la musique, mais je suis content de ce que j’ai fait, ça me fait une belle carte de visite, je communiquerai dessus plutôt que sur une Année Polaire mais j’attends avec impatience la sortie du film de Léo qui est exactement ce que j’ai envie de composer. Dans le film de Marilou c’est de la musique pour comédie, j’aimerais faire de la musique romantique, lyrique…

Vous n’êtes pas un musicien de votre siècle alors ?

Je ne pense pas, tout ce mouvement musique électro-acoustique ce n’est pas mon truc.

Pour le peu que vous avez écrit, on peut dire que vous avez du talent, mais cette musique date un peu non ? Il y a des musiciens dits de répertoire très audibles qui écrivent des œuvres contemporaines, pourquoi écrit-on comme au XIXème siècle au cinéma? On n’a pas un Takemitsu en Europe. John Williams c’est de la musique d’hier par ses influences..

J’espère qu’il y aura une exigence dans les musiques de film à venir, mais c’est cette musique à la Williams qui m’a fait rêver quand j’étais ado et c’est cette musique qui me plaît de composer.

On arrive à réaliser des films cinéma qui ne ressemblent pas à ceux d’hier mais pourquoi en musique on est toujours à la traîne ? La musique électro-acoustique passe partout cache les vrais problèmes je pense. Vu votre parcours vous n’avez pas envie de vous en servir pour écrire une musique plus contemporaine ?

Pour l’instant ça ne m’intéresse pas, j’ai tellement de chose à explorer dans l’orchestre classique, mon but c’est de produire de l’émotion, je ne cherche pas à surprendre par ma musique, je laisse cela au film.

Faut-il se cantonner dans ce qui a été ?

Je me sens très bien où je suis, tous les jours je me mets en danger dans ce que je compose, je serais l’homme le plus heureux du monde si on me demandait de composer harmoniquement comme du Ravel

C’est une discussion sans fin (rires)…les projets!

La sortie du film de Léo Karmann !

Est-ce que vous aimez écouter des BO sans avoir vu le film ?

Oui, j’essaye de faire des musiques suffisamment riches pour qu’on puisse les écouter sans avoir vu le film. Si pour ceux qui ont vu le film ça leur rappelle des passages du film tant mieux.

Dans le film de Berry, les morceaux sont assez courts.

Oui, il y a beaucoup de virgules, mais j’ai pu développer un thème quand même 

Est-ce difficile pour un jeune compositeur d’imposer un style de musique qu’il pense être bon pour le film.

Oui ça l’est, il faut trouver le réalisateur où la fusion peut se faire artistiquement. Il faut toute une vie pour savoir composer pour orchestre.

Qu’elle est la dernière musique que vous avez écoutée ?

Ça ne va pas vous surprendre c’est du John Williams, La Voleuse de Livre

Donc vous êtes encore sur John Williams, plus John Williams, plus John Williams

Y’a-t-il un compositeur, la quarantaine que vous appréciez ?

(Silence puis)…. j’ai pris une grande claque en écoutant la musique de Minuscule 2 de Mathieu Lamboley, il a pu grâce à se film s’exprimer je pense.

Vous avez des amis qui ont fait le conservatoire à Lyon comme vous et qui ont percé.

Oui Valentin Hadjadj, Thomas Karagiannis, Romain Trouillet…

Votre prof au CNSMD a-t-il été de bons conseils ?

Totalement, Gilles Alonzo m’a appris beaucoup de choses en terme d’orchestration, mais il m’a surtout apaisé sur le métier que je voulais faire, j’étais en panique, un peu jeune chien fou, un peu effrayé, un peu à vouloir dépasser tout le monde et en même temps me sous-estimer comme on peut l’être quand on veut faire un métier dans la création, il m’a beaucoup rassuré en me disant t’inquiètes pas, une pierre après l’autre, ça va se faire tranquillement.

Alors la question qui tue, qu’est-ce en fin de compte la beauté pour vous ?

C’est ce que j’aime ! ….(puis en haussant le ton) et je vais revenir sur un truc, parce que ça me dérange : cette chose de rester dans quelque chose de confortable, de ne pas vouloir sortir de l’orchestre. Je pense que si je suis confortable dans l’orchestre et que je n’ai pas envie d’aller voir ailleurs, c’est parce que lorsque j’étais dans le Métal qui est une musique hyper exigeante techniquement, on allait toujours chercher la petite bête, le petit truc original, la petite polyrythmie, on avait tout le temps cette envie de pousser les barrières et d’aller voir plus loin que ce qui avait été fait. Dans le milieu du Métal, c’est un réflexe d’aller plus loin, d’aller plus vite, d’aller plus fort, c’est une philosophie ; j’ai vécu cette expérience de 15 à 24 ans en tant que batteur. Maintenant je retrouve cette exigence dans la technique orchestrale mais je n’ai plus envie d’originalité en fait, c’est assez bizarre de s’exprimer ainsi ; en tout cas, j’ai envie de choses qui procurent de belles émotions, dissonantes pourquoi pas, mais je souhaite faire plaisir aux gens qui regardent le film, qui écoutent la musique, de participer à une aventure globale, sans pour cela aller chercher des choses originales, inclure des instruments rares dans l’orchestre c’est très à la mode de le faire; je n’ai pas cette démarche d’aller voir ailleurs que l’orchestre pour l’instant.

Et bien nous, nous sommes allés chercher la petite bête qui sommeille en Erwann Chandon !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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