“Être lauréat·e, c’est savoir que l’on trouvera une oreille pour nous écouter et une voix pour nous conseiller.” Camille Pépin · lauréate 2016
Depuis 1992, la Fondation Nationale Banque Populaire, instrument de mécénat des 14 Banques Populaires et de leurs sociétaires, favorise l’initiative individuelle et accompagne dans la durée des projets de vie de personnes talentueuses, créatives, ayant l’esprit d’entreprendre et le goût pour l’innovation dans trois domaines : la Musique, le Handicap et l’Artisanat d’Art. En complément de ces actions de mécénat, les Banques Populaires régionales soutiennent également des associations. Une façon pour ces dernières d’exprimer leurs valeurs de proximité et de solidarité sur leur territoire.
Martine Tremblay est la pierre angulaire de cette Fondation. Avec le sourire et la bienveillance qui la caractérise, elle nous a reçu autour d’un café. dans une salle de l’immeuble où se trouve actuellement la Fondation. Entourés par des créations d’artistes qui ont été boursiers, d’une superbe copie d’une sculpture de Rodin, j’ai posé ma casquette près du petit enregistreur…Bonjour ceci est une interview etc etc
Chère Martine, avez-vous remarqué la casquette que j’ai ce matin qui est là devant vous?
Non je n’ai pas fait attention à votre casquette (je lui fais voir l’objet)…Paris 2024,
Et qu’est-ce qu’il y a de spécial en dessous de cette date ?
Ce sont les trois sigles des jeux paralympiques !
N’avez-vous pas des rapports avec les paralympiques ici ?
Ah, complétement ! À la Fondation on soutient des parasportifs depuis trente-deux ans ! Aux jeux 2024 nous en avions quelques-uns qui ont performé, qui ont eu des médailles et dont on est très très fier !
Ça vous étonne pas que je vous parle de handicap alors que ce matin je suis venu pour parler avec vous sur les rapports entre musique et la Fondation Banque Populaire !
Parler de handicap cela me va très bien, c’est un volet de la Fondation qui me tient à cœur et c’est quelque chose que j’ai découvert à la Fondation. J’avais un peu peur au départ parce que je n’avais jamais été confrontée dans ma famille ou autour de moi à ce problème et j’ai rencontré des personnes extraordinaires et qu’il fallait les recevoir, les considérer, faire abstraction tout de suite de leur handicap, il faut les rencontrer, ils sont passionnants !
Nous les avions rencontrés lorsque vous aviez fait un événement au Musée des Arts Forains
Oui nous avions fait une soirée autour du sport pour les remercier, il y avait des amis, des partenaires de la Fondation.
Et vous m’aviez invité !
Et oui il y avait quelques journalistes !
Alors qu’est-ce que vous faites d’autres ?
Et bien on soutient aussi des jeunes musiciens, des compositeurs et des artisans d’art !
Je ne sais pas si cela a été voulu, mais la Fondation se trouve à deux pas des Gobelins, dans une rue qui porte le nom d’un peintre, et Rodin a eu son premier atelier dans le treizième ; il a d’ailleurs fait une de ses première œuvres, l’extérieur de la Fondation Jérôme Pathé Seydoux qui est à deux pas d’ici. Je pense que c’est peut-être pourquoi il y a ici des copies de ses célèbres sculptures ! Vous êtes entourées d’art !
C’est une coïncidence et je l’avais remarqué lorsque je suis arrivé ici dans cet immeuble, cela donne du cachet pour recevoir les jeunes artistes et nos artisans d’art, ils sont très fiers de venir ici, Le Mobilier National, des Gobelins sont des amis, et il faut dire que depuis que nous avons cet immeuble les artistes viennent plus facilement alors que lorsque nous étions à la banque, personne ne venait !
Lorsque l’on se nomme Banque Populaire, ce terme populaire manque de classe vis-à-vis du milieu artistique qu’elle aide, non ?
Populaire il faut le voir comme proche, proche des hommes, la proximité qu’on déploie sur le territoire avec nos clients, nos sociétaires. La Fondation s’intéresse aux jeunes et cela depuis trente ans, les Banques Populaires ont été créées par des artisans,
Depuis combien de temps êtes-vous dans la Fondation ?
Cela fait quinze ans et quarante-cinq ans dans la banque.
Un jour on vous a dit tenez, vous allez vous occuper de la Fondation ?
C’est à peu près comme cela que c’est arrivé, je connaissais très bien la Fondation et les personnes qui s’en occupaient
Que faisiez-vous dans la banque ?
J’ai commencé comme secrétaire de direction, puis je suis passée dans la communication instit, interne, j’ai pratiquement tout vu et ensuite je me suis occupée des relations publiques à la présidence du groupe lorsque l’on m’a proposée de prendre la Fondation. Dans cet immeuble cela ne fait que deux ans que nous l’habitons.
Où étiez-vous avant ?
Dans le treizième aussi, et avant dans le quinzième à Balard, être ici c’est formidable, et l’esprit fondation y règne.
Donc aujourd’hui on va se focaliser sur la musique. Alors vous êtes une sorte de fée qui arrive avec un carrosse plein de sous sous…
Oui bien sûr il y a de l’argent mais pas que, il y a aussi des conseils, des rencontres qui vont aider des jeunes musiciens à se transformer, pour reprendre votre allusion à Cendrillon, à grandir. Tous les musiciens qui viennent nous voir, certains sont très jeunes, ils ont une vingtaine d’années, ont déjà un degré de culture, un savoir incroyable, nous on est là pour leur permettre de réaliser de nouveaux projets,
En général ils sortent des conservatoires
Depuis l’âge de quatre ans ils vivent avec leur instrument et ne font que cela, nous on leur ouvre les yeux aussi sur le monde, sur leur future vie professionnelle, comment l’organiser, on n’est pas là pour les diriger, mais pour leur donner quelques conseils, de parler d’expériences vécues, des modèles,
Comment est-ce arrivé la première fois, même si vous n’étiez- point là
Je n’ai jamais su l’origine, mais en tout cas c’est quelqu’un qui a créé la Fondation pour aider la jeunesse, celle qui a du talent, qui est passionnée, et qui met tout son cœur à mener et réussir un projet de vie. Il s’est donc tourné vers les musiciens classiques. Cette Fondation est en totale adéquation avec les Banques Populaires. C’est en 2010 qu’elle est venue Fondation Banque Populaire .
Alors je suis musicien, j’ai étudié dans un conservatoire, que dois-je faire pour que vous m’aidiez ?
Il faut que vous sortiez du Conservatoire de Paris ou de Lyon, ou que vous veniez d’un autre conservatoire de même équivalence européenne, mondiale,
C’est international
Exactement vous pouvez postuler si vous restez en France le temps de l’octroi de la bourse, on vous explique tout sur notre site.
Dans les conservatoires en parle-t-on ?
Oui, il y a des professeurs qui le font, ils nous connaissent et puis il y a le bouche à oreille des boursiers. Aujourd’hui aux conservatoires on a des lauréats qui sont professeurs.
En trente-deux ans il y a dû avoir pas mal de professeurs qui ont eu la bourse, et donc
Vous avez un dossier à remplir, assez simple. Les critères sont être âgés de moins de 27 ans, et si vous êtes retenus vous passez une audition devant un jury
Comment est formé ce jury ?
Ce sont des experts en musique, la présidente en ce moment est Claire Désert, elle est entourée d’une dizaine d’autres musiciens, musiciennes, compositeurs il y a aussi un journaliste musique Philippe Venturini
Comment se passe la sélection
Il y a une quarantaine de candidats, on exige qu’ils aient le master 2, certains tentent avant
Combien en choisissez-vous?
Une dizaine sur la quinzaine sélectionnée
Il vous faut du personnel pour pouvoir les suivre
On est 1,8 ! J’ai un collaborateur, je m’appuie sur un conseiller artistique
Qui est ?
Rodolphe Bruneau-Boulmier, et une conseillère en presse, Sandra Serfati. Donc cela fait cinq personnes, on arrive à monter des projets, à suivre ces boursiers, les recevoir, c’est beaucoup de travail mais c’est aussi passionnant
Donc c’est ici que vous faites les auditions ?
Non ce sont dans des lieux totalement différents
Il faut je suppose quelques fois un piano ?
On a un partenariat avec les pianos Kawai, donc à tous événements que l’on fait, il y a la présence d’un piano Kawai.
Tout se fait à Paris ?
Oui car ces artistes sont parisiens
Dix personnes dans un jury cela doit être compliqué de faire un choix
Détrompez-vous, c’est à bulletin secret et ce qui est curieux c’est qu’ils sont tous d’accord sur les choix, il y a très rarement des discussions.
Vous arrivez à avoir un jury de tous horizons,
Oui et même deux compositeurs !
Qui sont ?
Régis Campo et Krystof Maratka et le compositeur de cette année est Tobias Feierabend un compositeur franco-américain et en début d’année on a eu Mathéo Gualandi d’origine italienne, ils font leur cursus en France
La présidente du jury a-t-elle deux voix?
Elle a une voix et effectivement s’il y a égalité elle a une autre voix pour départager,
Cela est déjà arrivé ?
Pas vraiment, c’est déjà arrivé, mais c’est très rare.
La décision est vite prise
Très vite prise !
Alors quand peut-on déposer un dossier et quand sont faites les auditions ?
On peut déposer un dossier en mi-décembre jusqu’à mi-mars, ensuite de mi-juin jusqu’à mi-octobre, il y a un délai de deux mois pour arriver à l’obtention de la bourse
Et l’audition ?
Il n’y a pas de date précise, la prochaine audition est le 10 avril, là la plateforme va se fermer le 15 mars. À partir de là on va regarder les dossiers et on va convoquer les musiciens pour l’audition du 10 avril.
Vous avez donc un mois pour organiser l’audition et si je suis pris
Vous êtes sélectionné et vous aurez une bourse quelques semaines après la validation par le conseil d’administration
De quelle hauteur est-elle ?
13 000 euros la première année, sans impôt
Quels sont les intérêts pour la Banque Populaire d’organiser ainsi des bourses ?
Dans le monde professionnel la Fondation est très reconnue, auprès du grand public ce n’est pas sûr qu’il connaisse son existence ?
Moi-même je ne connaissais pas votre existence et c’est grâce à votre service de presse Sandra Serfati que j’en ai pris connaissance ! On sait que la SG, la BNP aident la musique, les festivals
Oui il y a des mécénats, nous on est une banque coopérative, nous sommes 14 banques populaires, il n’y a pas de communication nationale, à mon grand désespoir il n’y a pas de communication sur la Fondation proprement faite, vous ne verrez pas de campagne nationale comme font l’Oréal, la SG, le Crédit Mutuel, notre chargée de presse est là pour cela, dans la presse professionnelle des trois domaines on nous connait, on a des articles dans des magazines…
Ils pourraient être fier de cette action non ?
Ils maintiennent cette Fondation donc je pense qu’ils en sont fiers ! Ils ont de beaux exemples, en interne on essaye de communiquer…
Pouvez-vous citer des anciens boursiers qui sont devenus célèbres ?
Il y en a de nombreux, les frères Capuçon qui aident les jeunes de la Fondation, depuis que Renaud à monter sa propre Fondation, on a eu aussi Alexandre Kantorov, Sol Gabetta, Vanessa Wagner, Lise Berthaud, Emmanuelle Bertrand, François Dumont, Camille Pépin, le Quatuor Ébéne…
Il y a eu beaucoup de pianistes, violonistes, violoncelliste, mais où sont les autres instrumentistes ?
On a aujourd’hui quelques cuivres, des accordéonistes comme Fanny Vicens, Vincent Lhermet qui est professeur de conservatoire de Paris, ils ont développé l’accordéon classique, on a maintenant leurs élèves comme Julien Beautemps qui a des projets extraordinaires
Comment font les jeunes compositeurs pour se présenter ?
On leur demande une liste d’œuvres qu’ils ont composées et une en audio.
C’est très compliqué, cela peut être de la musique spectrale, plus tonale. Le jury est-il apte à apprécier ? On connait les querelles théoriques, dont Karol Beffa un ancien boursier avait participées ?
Le choix est compliqué, on a eu une dizaine de dossiers, on en a choisi six pour les soumettre aux membres du jury
Là il y a des discussions
C’est surtout les compositeurs du jury et Rodolphe Bruneau-Boulmier qui font le choix.
Rodolphe est un fana de musique baroque, il n’y a pas d’instrumentistes baroques qui se présentent ?
C’est exact, je suis allé au CSM de Lyon et j’espère qu’avec ce lien on aura des clavecinistes, des gambistes ou flûtistes baroques qui vont se présenter.
Est-ce que les boursiers vous doivent un concert ?
Tous les ans nous organisons un festival à Bagatelle, au mois de mai, l’année dernière nous avons mis à l’honneur les accordéonistes, l’année d’avant les guitaristes, cette année ce sera une édition atypique, le samedi ce sera l’émission de Clément Rochefort, Générations France Musique en direct, seront invités que des musiciens boursiers de la Fondation Banque Populaire, des anciens et des nouveaux, le dimanche on a trois concerts un de musique contemporaine, une carte blanche à Marie-Josèphe Jude, qui est dans le jury, elle jouera avec Vassily Chmykov un tout jeune violoniste et puis le quatuor Agate concert à 16 h puis à 17h un concert avec huit musiciens Fondation Banque Populaire dirigés par Léo Margue dans un voyage en Espagne.
Je suppose que vous ne passez pas votre temps qu’à écouter de la musique classique ?
J’aime beaucoup mais j’écoute avec un grand plaisir des femmes qui chantent du blues comme Billie Holiday et puis de la country !
Voilà qui n’est pas banal ! Alors pour paraphraser Lady Day : God Bless the Fondation !