Feat. Musikkollegium Winterthur (SOLO MUSICA SM 407)
« J’essaie d’exprimer l’éternité en musique. C’est une spirale qui ne cesse d’avancer. Quelque chose de nouveau est toujours introduit mais toujours en référence à ce qui l’a précédé » Daniel Gubelmann
Charlie Parker rêvait de jouer avec un orchestre de musique classique, c’était à l’époque l’apanage des blancs. Il a pu le faire mais il n’y avait pas eu une écriture originale, des chanteurs de jazz ont été accompagnés par des orchestres à cordes (blancs) avec de très bons arrangeurs (Nelson Riddle, Billy May, Marty Paich, Neal Hefti…). Le courant The Third Stream (troisième courant) est un terme inventé par Gunter Schuller, compositeur/arrangeur naît vers le milieu des années 1950. C’est un genre musical qui synthétise la musique classique européenne et le jazz. L’improvisation est généralement considérée comme un élément clef de ce mouvement. Il est né de la volonté des musiciens de jazz d’élargir leurs horizons musicaux. George Russell, John Lewis, Woody Herman, Charles Mingus, Mary Lou Williams, André Hodeir, ont de plus ou moins près participé à cette expérience de cross over. En 1961, Stan Getz a enregistré Focus une suite écrite par Eddie Sauter pour un orchestre symphonique, dix ans après, en 1972, Ornette Coleman avec son Skies of America composa cette suite avec le London Symphony Orchestra dirigé par David Measham. Colemen avait rencontré dans les années 50 Gunther Schuller et avait déjà composé en 1967 Inventions of Symphonic Poems et un an après Sun Suite of San Francisco. Avec Guitar Forms Kenny Burrell et les arrangements de Gil Evans a joué avec sa guitare comme un musicien classique à l’instar de Miles Davis avec Sketches of Spain avec le même arrangeur. De part sa formation Gil Evans a participé activement à ce courant de Third Stream.
Le saxophoniste suisse Daniel Gubelmann accompagné par un quatuor de musiciens de jazz – Christian Rösli, piano, Marc Jenny, Double basse, Marius Peyer, percussion – et des cordes du Musikkollegium Winterthur a composé et arrangé une sorte de suite dans la ligné de Focus : Eternal Movement.
©DR
Chacun joue sa partition, des solos de saxo, de piano, de basse, jazzy se font entendre au cours des morceaux. Le disque a aussi des accents d’Amérique du sud, Gubelmann ayant fait des stages de composition à Buenos Aires sous la direction de Daniel Hector Montes. Comme toutes ces musiques de Third Stream l’écoute est toujours très agréable. Mais, on peut y voir selon sa sensibilité, un compromis musical pas très satisfaisant. Que veut dire Jazz aujourd’hui ? Pour Nina Simone c’est un mot inventé par les blancs pour définir sa musique qui pour elle se nomme classique! Vaste question, vaste programme ! Ce sera toujours une éternelle question…La musique elle, et la bonne, sera toujours gagnante. Eternal Movement en est.