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« FONDATION CARTIER-BRESSON» : WEEGEE – SANGUINETTI

79 rue des Archives 75003 Paris

Jusqu’au 19 mai 2024

Deux expositions dans ce temple de la photographie : Weegee Autopsie du spectacle et Alessandra Sanguinetti, Les Aventures de Guill et Belinda

Il y a une énigme Weegee. La carrière du photographe américain semble être scindée en deux.

Tout d’abord, les clichés chocs parus dans la presse tabloïde nord-américaine : cadavres de truands gisant dans leur sang, corps incarcérés dans des véhicules emboutis, petits caïds à la mine patibulaire derrière les grilles du fourgon carcéral, taudis vétustes dévorés par le feu et quelques autres documents poignants sur la vie des plus démunis à New York entre 1935 et 1945.

Ensuite, ce sont des images festives – soirées mondaines, spectacles de saltimbanques, foules en liesse, vernissages et premières,

auxquelles il faut ajouter un corpus pléthorique de portraits de personnalités publiques que le photographe s’est amusé à déformer par l’entremise d’une très riche palette de trucages entre 1948 et 1951, et qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa vie.

L’exposition Autopsie du Spectacle a pour ambition de réconcilier les deux Weegee en montrant qu’au-delà des différences de formes, la démarche du photographe repose sur une réelle cohérence critique. La question du spectacle est omniprésente dans l’œuvre de Weegee.

Dans la première partie de sa carrière, qui correspond historiquement à l’essor de la presse tabloïde, il participe à la transformation du fait-divers en spectacle. Pour bien le montrer, il inclut souvent des spectateurs ou d’autres photographes au premier plan de ses images.

Dans la seconde moitié de sa carrière, Weegee se moque du spectaculaire hollywoodien : de ses gloires éphémères, des foules qui les adulent et des mondanités qui les entourent. Il offre ainsi à travers ses photographies une critique incisive de la Société du Spectacle. Cette nouvelle lecture de l’œuvre de Weegee, présente des icônes du photographe aux côtés d’images moins connues et jamais montrées en France.

L’autre exposition est celle d’Alessandra Sanguinetti Les Aventures de Guill et Belinda. Elle est née en 1968 a grandi et fait ses études en Argentine.

En 1999, elle remarque deux enfants singulières, Guillermina Aranciaga et Belinda Stutz. Ces deux femmes, dont elle suit le destin depuis, s’érigent en icônes aux centres de sa vie et de son œuvre. Avec la campagne argentine en toile de fond, dans un univers essentiellement masculin fait de gauchos et de fermiers, les tableaux documentaires qu’elle crée traversent les stades de la vie et interrogent l’irréversibilité du temps.

Avec l’aide de ces deux cousines et en ayant recours à la mise en scène et à des accessoires, Alessandra Sanguinetti fait dialoguer ses photographies et ses modèles dans un ensemble résolument fantasmagorique. Elle nous transporte dans l’illusion des rêves et dans la représentation de la réalité propre de ces âmes qui n’étaient, au commencement, que des points dans l’horizon.

Avec l’élaboration de ces tableaux oniriques et psychanalytiques, elle apporte une réponse sensible au questionnement perpétuel de la relation des artistes à leurs sujets. Cette série est riche de ce qu’elle est et de ce qu’elle sera : hier, aujourd’hui et demain.

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