Bach Jean Sébastien, « Naissance d’une Vocation »
Jean-François Robin
Riveneuve éditions
parution le 15 décembre 2014
Jean-François Robin est directeur de la photographie. Il a travaillé avec Claude Sautet, Jacques Demy, Philippe de Broca… Il est aussi l’auteur de plusieurs essais sur le cinéma et de romans de fiction. « La Disgrâce de Jean Sébastien Bach » a reçu en 2003 le prix de l’Académie Française et a été adapté au théâtre avec Sophie Deschamps et créé au festival d’Avignon en 2009. Il vient de publier une biographie de Jean Sébastien Bach chez Riveneuve éditions qui sortira le 15 décembre 2014. Entretien avec l’auteur.Jean Sébastien Bach raconte ici sa jeune vie, ses aventures, ses voyages, sa découverte de la musique et les fulgurances de sa virtuosité. Le style de ce livre est fluide, limpide, et permet de s’imaginer parfaitement l’époque, le comportement des gens, de cette Allemagne du XVIIIème siècle. Cette fausse vraie autobiographie nous fait comprendre de manière très simple ce que pouvait être cette passion pour la musique qu’avait cet adolescent d’exception. Jean-François Robin nous plonge dans un monde inconnu où fugues, chorales, canons, arias, toccatas, préludes, accompagnent sans cesse Jean Sébastien Bach tout au long de ses vingt premières années. C’est dans ces années là qu’il prendra conscience de la valeur de sa musique, qu’il sera un grand compositeur. Un livre tonique à mettre entre toutes les mains et à tout âge.
Entretien avec l’auteur
Je connais votre littérature, mais par rapport à la musique c’est si je me souviens bien essentiellement sur Bach non ?
J’ai fait à part celui-ci, un autre livre sur Bach qui s’appelle « La Disgrâce de Jean Sébastien Bach » un roman basé sur le fait que le Prince de Weimar, en 1717, avait mis aux arrêts Bach parce qu’il avait signé deux contrats en même temps, il était un peu filou le compositeur. Bach a été tellement désagréable que le Prince l’a expulsé au bout de trois mois et le musicien a pu remplir son autre contrat. On ne sait rien sur cette époque et j’avais imaginé ces trois mois où il a vécu en résidence forcée.
Votre nouveau livre est à peu près dans le même axe, vous avez essayé d’imaginer les premières années de la vie de Bach sur lesquelles on ne sait pas grand chose ?
Ce livre est une biographie qui fait partie d’une collection qui s’appelle « La Naissance d’une Vocation ». C’est à dire, sur les moments de la jeunesse qui ont participé à la naissance d’un artiste dans son domaine. Par rapport à Bach, c’était de savoir pourquoi il est devenu ce génie qu’on connaît. On sait quasiment rien sur sa jeunesse. Toutes les biographies existantes sont peu prolixes à ce sujet et quelques fois il y a des faits qui ne concordent pas. L’énorme avantage quand on ne sait rien c’est qu’on peu supposer. Et tout ce que j’ai supposé, j’ai écrit que c’était vrai.
Vous vous êtes donc inspiré de l’époque, de ce qu’il aurait pu faire
Dans le livre il n’y a pas de choses qui ne soient pas vérifiables qui soient fausses, sauf ce que j’ai inventé. Tout ce qui parle de la musique de Bach est vrai ; je suis très fidèle à la chronologie de Bach et fidèle à l’œuvre qu’il avait écrite. Le roman va jusqu’aux vingt-et-un ans de Bach, au moment où il va se marier.
Comment avez-vous procédé pour remplir les vides ?
Comme j’avais déjà écrit sur lui, je connaissais le sujet. J’ai lu toutes les biographies qui existent en français. Je les ai recoupées entre elles. Le problème par exemple c’est lorsque Bach a quatorze ans, il change d’école parce que son frère qui ne peut plus subvenir à ses besoins lui trouve une autre école. Cette école est à 350 kilomètres et donc il va faire ce chemin à pied. Toutes les biographies le disent. Mais elles ne disent rien de plus. J’ai fait des recherches et je me suis aperçu qu’il y avait des villes où il avait des oncles, des gens de sa famille, certains étaient organistes et étaient sur le trajet. Grâce à internet j’ai consulté les cartes de l’époque et j’ai pu refaire un itinéraire exact avec les étapes qu’il a dû faire pour retrouver sa famille. Il a fait le trajet avec un copain qui allait dans la même école que lui. J’ai imaginé des choses qui pouvaient arriver à quelqu’un comme lui. Il a su très tôt qu’il était un grand musicien, déjà des membres de sa famille, eux aussi de grands musiciens, le lui disaient.
Il y a des documents sur sa petite enfance ?
Oui on la connaît très bien. Il a été orphelin à neuf ans. Toutes les biographies de Bach sont basées sur celle de Forkel écrite au début du XXème siècle. Il avait rencontré Wilhelm Friedmann, le fils de Jean Sébastien, qui a raconté énormément de choses sur son père. Contrairement à son frère qui a vendu les œuvres originales de son père, Wilhelm a voulu garder des traces de la vie de son père. Pendant un siècle Bach a été totalement oublié, c’est Mendelssohn qui l’a fait revivre.
On ne peut pas dire que c’est une autobiographie réelle ?
Disons que c’est une biographie écrite à la première personne. C’est Bach qui raconte, bien qu’il n’ait jamais écrit sur lui. Il a écrit quelques lettres pour se plaindre à propos d’argent ou de la mauvaise musique que faisaient ses élèves, mais il n’y a pas de correspondance en tant que telle.
D’où vous vient cette passion pour ce musicien ?
De mes oreilles et de mon cœur ! Le premier morceau que j’ai entendu était une suite pour orchestre de Bach jouée par l’Orchestre de Jean François Paillard. J’écoutais cette musique au casque sur un poste à galène, que j’avais construit !
Un livre, une pièce, une biographie est-ce que Bach va encore vous inspirer ?
Ca dépend de lui !
Vous voyez où je veux en venir ; vous êtes chef opérateur, réalisateur, il y a eu un film célèbre sur Bach, avoir un point de vue cinématographique ça ne vous titille pas ?
C’est difficile ; Il faudrait faire de la reconstitution, il faudrait mettre Bach en scène ; mais je n’ai pas envie de voir un visage de comédien sur Bach. Le film de Straub est magnifique parce que c’est Gustav Leonhardt qui fait Bach et qui joue formidablement cette musique, c’est un film austère. Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire d’autre. On ne va pas faire du Ken Russell quand même !
Et le prochain livre ?
Je pense que ce sera une biographie et l’éditeur est à peine au courant. Ce sera quelqu’un du XVIIIème aussi, mais pas un musicien.