53 rue Notre-Dame des Champs 75006 Paris
jeudi 7 mars 2025, 19h
Jusqu’au 27 avril 2025 (reprise du spectacle donné au mois de novembre 2024)
Une pièce en trois actes de Marivaux
Baptiste Bordet , le Prince
Marilyne Fontaine, Flaminia
Maud Forget, Sylvia
Lou Noérie, Lisette
Thomas Sagols, Arlequin
Jean-Marie Sirgue, Le Seigneur
Jean-Paul Tribout , Trivelin
Philippe Lacombe, lumières
Aurore Popineau, costumes
Amélie Tribout, décor
Xavier Simonin, collaboration artistque
Jean-Paul Tribout, mise en scène
Flaminia : Je connais mon sexe, il n’a rien de prodigieux que sa coquetterie. Du côté de l’ambition, Silvia n’est point en prise, mais elle a un cœur, et par conséquent de la vanité ; avec cela, je saurai bien la ranger à son devoir de femme….Bigre !
L’HISTOIRE
Une jeune villageoise, Silvia, a été enlevée ! Elle est retenue dans le palais du prince car celui-ci l’aime, bien qu’elle soit déjà éprise d’un jeune homme de son village , Arlequjin. Flaminia, une conseillère du prince, puis Tivelin tentent de rompre l’amour entre les deux jeunes gens. Contrairement à Trivelin, Flaminia réussit à gagner leur sympathie et leur confiance. Ainsi, Silvia lui avoue que, malgré son amour pour Arlequin, elle éprouve un sentiment pour un officier du palais qui lui a rendu visite plusieurs fois. Mais elle ignore qu’il s’agissait, en fait, du prince incognito. Peu à peu, les deux jeunes villageois se laissent séduire par la vie de château. Arlequin tombe amoureux de Flaminia et néglige un peu trop Silvia. Il ne reste plus au prince qu’à dévoiler sa véritable identité et tout se termine bien par deux mariages d’amour.
L’AVIS
Bon, une Flaminia en Madame de Merteuil, un prince en Valmont, Jean-Paul Tribout nous montre un Marivaux Liaisons Dangereuses avant l’heure. La machinerie est bien huilée pour que le pauvre couple de paysan se fasse avoir par les manipulateurs Flaminia/Le Prince, et tout cela dans une langue qui chante, qui est ciselée à tomber en pamoison !
Sylvia : Lorsque je l’ai aimé, c’était un amour qui m’était venu ; à cette heure que je ne l’aime plus, c’est un amour qui s’en est allé ; il est venu sans mon avis, il s’en retourne de même, je ne crois pas être blâmable…..Le Prince : Comme on n’est pas le maître de son cœur, si vous aviez envie de m’aimer, vous seriez en droit de vous satisfaire ; voilà mon sentiment.
Lorsque l’on a une telle partition il faut des gens qui savent l’interpréter et le chef d’orchestre Jean-Paul Tribout a fait un très bon choix. Les duos de cette pièce sont parfaits avec une diction, une manière de se déplacer sur le petit plateau magnifiquement. Maud Forget/ Sylvia – Thomas Sagols/Arlequin dans leur scène de retrouvaille et leurs joyeux babillages et étreintes sont digne d’un Fragonard. Et tout cela sous l’œil vif, aux sourirex pervers de Marilyne Fontaine/ Flaminia qui par sa prestance, son allure et sa manière de dire le texte éclabousse tout ce petit monde qu’elle mène, trouble, enjôle, bref dirige pour arriver à ses fins. Comment résister à ses charmes ! Elle a prénom et un nom qui en disent long sur son talent. Quelle actrice morbleu! En ce jour pour les femmes – ce 8 mars – Marivaux campe trois styles de femmes que peut-être les féministes d’aujourd’hui n’apprécient pas mais qu’importe, elles mènent la danse pour notre plus grand plaisir !
Arlequin : À présent, je me moque du tour que notre amitié nous a joué ; patience, tantôt nous lui en jouerons d’un autre !
Voilà une fin bien étrange de cette pièce alors que sur scène nous voyons le Prince et Flaminia embrassant leur amant, amante, se prendre la main discrètement ravis du tour qu’ils ont joué aux deux soi-disant paysans naïfs …pas tout à fait non ? Thomas Sagols, petit râblais a toutes les caractéristiques pour un être un grand Arlequin, ce personnage frondeur, raisonneur, gourmand de la vie. Il a une diction impressionnante pour dire son texte avec rapidité sans le bouler, donner des intentions à chaque phrase, arriver à être comique – le public suivait avec plaisir ses discours pseudo logiques – On est dans la grande tradition de ce genre de personnage ! Un réel talent. Mais on peut en dire de même de Baptiste Bordet, dans un rôle plus en retrait mais totalement indispensable au bon déroulement de la pièce et bien plus compliqué à jouer qu’il n’y parait. Il en est de même de Lou Noérie dans le rôle de la coquette. Elle sait en jouer la coquine ! Le problème de cette pièce, subtilement mis en scène par Jean-Paul Tribout, est que lorsque le noir s’est fait au son de Haendel, nous étions déçus qu’un tel régal se termina ! Beinh on peut y revenir, La Double Inconstance sera fidèle au Lucernaire jusqu’au 27 avril 2025 !