Un film de Cristi Puiu, avec Bianca Cuculici, Laurențiu Bondarenco, Otilia Panaite, Florin Țibre, Igor Babiac, Roxana Ogrendil, Adelaida Perjoiu, Dorian Boguță, Dragoș Bucur, Marin Cumatrenco
sortie le 1er novembre 2023
HISTOIRE
Plusieurs portraits, quatre récits, quatre courts moments dans le temps, la poursuite d’un groupe d’âmes errantes coincées au carrefour de l’Histoire :
- Alors qu’Oana Pfifer, une jeune psychanalyste, est en consultation, elle se trouve mystérieusement prise au piège du questionnaire qu’elle soumet à sa patiente.
- Mihai Dumitru, le frère cadet d’Oana, est accaparé par l’organisation de son anniversaire sans se rendre compte que ses préoccupations, dans un contexte qui soudainement le dépasse, semblent assez inappropriées pour ses proches.
- Le Mari d’Oana, Septimiu, s’inquiète pour sa santé, suspectant avoir été contaminé par un virus. Dans la salle de repos de l’hôpital où il travaille, il écoute d’une oreille l’étrange histoire que lui raconte un ami ambulancier, où se mêle séduction, superman et mafia locale.
- Narcis Patranescu, est un inspecteur luttant contre le grand banditisme. Alors qu’il se remet de la mort récente d’un collègue, il doit se rendre à un enterrement pour y entendre la sombre et dérangeante déposition que doit lui faire une jeune femme.
AVIS
Cristi Puiu s’exprime : « À L’origine du film, il y a le désir – le mien, celui des acteurs et de tous ceux qui ont travaillé à la production – de restituer, par le biais du cinéma, un peu de l’expérience que nous avons pu faire, collectivement, en tant que témoins actifs, d’un événement mondial sans précédent. Il y a quelques années, j’ai animé des ateliers d’acteurs au cours desquels j’ai tenté de restituer cette quête de l’indicible, permise par la réalisation d’un film au travers de l’acte de confession. Les leçons tirées de ce travail m’ont permis de construire MMXX. S’il est vrai que le cinéaste est dans une certaine mesure, un témoin de son temps, alors je considère MMXX ces quatre entrées d’un possible journal intime, comme ma propre confession inachevée ».
Ce qui frappe d’abord à la vision de ce film formidablement réalisé (de ces films devrions nous plutôt dire) est la qualité des interprètes avec en tête Bianca Cuculici ; mais tous sont d’une justesse, d’une réactivité, d’un sens de la caméra, d’une présence exceptionnelle.
Cristi Puiu les met dans un cadre qui d’un bout à l’autre de l’histoire ne change pas, un plan séquence. Seuls quelques mouvements lents de la caméra suivent les déplacements des personnages mais elle les laisse sortir du champ. On suit les membres d’une famille dans les trois premiers courts avec des dialogues d’une justesse et d’une drôlerie souvent – le second avec la présence du portable et les dialogues entre le frère et la sœur est un petit bijou de cinéma, inénarrable !
Le dernier court est en total décalage des trois premiers et apporte une dimension plus tragique au film. Il est totalement filmé différemment, même si le plan séquence est, là aussi, la manière de filmer de Cristi Puiu. Mais cette façon de filmer, les sujets abordés, font que ce MMXX est une vision très corrosive de l’âme humaine. On se sent terriblement concerné par ce dont parle Cristi Puiu, une raison supplémentaire pour aller voir ce film.